/news/green
Publicité

Le VP de Google en Cour suprême pour un lac dans la réserve Kenauk

LAC PAPINEAU
Pour financer l’achat de la réserve Kenauk, Patrick Pichette a utilisé une coquille des Bermudes, The Bay Meadow Limited Partnership. Photo d’archives


Le premier vice-président de Google et ses partenaires tiennent mordicus à garder le public loin de ce qu’ils considèrent comme leur plan d’eau privé, au nord de Montebello, en Outaouais.

Avec ses associés dans la réserve Kenauk Nature, Patrick Pichette, chef de la direction financière de Google, veut aller jusqu’en Cour suprême pour interdire au public de pêcher et naviguer dans le lac Papineau, a appris notre Bureau d’enquête.

Ce plan d’eau, situé à peine à une heure et demie d’automobile de Montréal, est enclavé dans leur immense territoire de chasse de 265 kilomètres carrés.

En septembre dernier, 13 citoyens du petit village de Boileau, à l’extrémité nord du lac, avaient gagné en Cour d’appel une longue bataille pour que la réserve Kenauk cesse de leur interdire l’accès au lac Papineau et à ses îles.

Kenauk demande aujourd’hui l’autorisation d’en appeler en Cour suprême pour faire infirmer cette décision. Le plus haut tribunal du pays n’a pas encore décidé s’il examinerait la cause.

«On veut savoir exactement ce que c’est, notre terrain, dit Douglas Harpur, président de Kenauk Nature. Quand nous l’avons acheté, en décembre 2013, nous avions la propriété du lac.»

Îles vendues illégalement

Au cœur du litige se trouvent sept propriétés sur des îles du lac Papineau, que la réserve a vendues à de riches particuliers au fil des ans.

Car si le plan d’eau est public, tel que l’a confirmé la Cour d’appel, elle n’avait aucunement le droit de leur vendre des terrains sur les îles, qui demeuraient elles aussi publiques.

Difficile à avaler pour Kenauk et ceux qui lui ont acheté des chalets, dont Patrick Pichette lui-même. Onze ans avant d’acquérir la réserve avec ses partenaires, le premier vice-président de Google s’était en effet offert un chalet sur l’une de ces îles, pour 330 000$, démontre le registre foncier.

«Par son jugement, la Cour d’appel a dépossédé ces tiers de bonne foi de leur propriété, laquelle a été transférée à la Couronne», déplorent les avocats de Kenauk.

La juge de la Cour d’appel a reconnu un droit acquis sur les terrains de ces îles à leurs propriétaires, mais ils ne seront plus seuls.

«Certaines îles sont assez grandes, explique Denyse Langelier, avocate des citoyens de Boileau. Personne ne pourra empêcher les gens de se rendre sur ces terres publiques pour y camper.»

Le fondateur de l’ancien grand cabinet d’avocats Heenan Blaikie, Roy Heenan, a aussi une propriété sur une île depuis 1979. Il l’a payée 10 454 $, soit moins de 32 000 en dollars d’aujourd’hui. Le vendeur était le chemin de fer Canadien Pacifique, propriétaire de la réserve à l’époque.

Le président de Kenauk assure qu’en menant sa cause en Cour suprême, sa société veut avant tout protéger un «joyau», protégé de la surexploitation par son statut privé depuis des siècles.

«Il y a une population de truite grise (touladi) indigène dans le lac, dit Douglas Harpur. C’est vraiment quelque chose à protéger. Si n’importe qui y va, d’ici dix ans, ce sera fini, la pêche.»

Étroitement impliqué dans la cause contre la réserve, Guy Caubel se défend de vouloir surexploiter le lac.

«Ça fait dix ans que nous (les riverains de Boileau) l’ensemençons avec de la truite arc-en-ciel et que nous encourageons la remise à l’eau de la truite grise, dit-il. Si la pêche est bonne aujourd’hui, c’est aussi grâce à nous.»

Patrick Pichette n’a pas rappelé notre Bureau d’enquête.

43,7 M$
Prix payé pour la réserve Kenauk il y a un an par Patrick Pichette et ses partenaires, dont Michael Wilson, ancien PDG d’Agrium et troisième dirigeant d’entreprise le mieux payé au pays, avec une rémunération totale de 23,8 M$ en 2013, incluant ses paiements de retraite.

 

Publicité

Publicité


Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.