« Nous allons tous mourir » - une survivante de la prise d'otages de l'Hyper Cacher
Nhung, une des otages de l'épicerie Hyper Cacher
Photo : CBC
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Nhung a vécu l'horreur lors de la prise d'otages de vendredi dernier dans une épicerie juive de Paris où le djihadiste français Amedy Coulibaly a tué quatre personnes.
Interrogée par nos collègues de CBC, elle a notamment expliqué qu'Amedy Coulibaly avait demandé à un client de s'identifier. Celui-ci a alors prononcé son nom, à consonance juive : il a été abattu sur-le-champ.
Depuis, elle revoit tous les jours cette scène d'horreur.
« J'ai vu l'homme, ses jambes s'affaisser. Tout le monde avait la barre ici », ajoute-t-elle, désignant son abdomen. « On ne peut plus bouger, on ne peut plus déglutir, on ne pouvait plus rien faire ».
Le terroriste s'affairait continuellement à « remplir ses chargeurs » avec des balles qu'il sortait de son sac à dos.
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Selon Nhung, le preneur d'otages aurait notamment dit :
De toute façon, j'ai des revendications. Vous avez dévoilé nos femmes, vous avez attaqué des pays musulmans. Il y a la Palestine. Prenez un de vos portables et appelez la police, je vais leur dire, et d'abord que je vous garde en otages.
Le récit avec force détails
Les images se bousculent encore dans sa tête. Elle confie qu'elle s’était rendue à l’Hyper Cacher en prévision du sabbat. Elle était en train de choisir des olives lorsqu’elle a entendu une détonation, qu’elle assimile d'abord à celle d'un pétard.
C’est la deuxième détonation qui lui fait prendre conscience qu’il pouvait s’agir de coups de feu. Elle dépose alors ses provisions pour se mettre à l’abri derrière un présentoir. « Je me suis aplatie comme une grenouille », précise-t-elle.
Elle entendra les détonations suivantes dans cette posture en demeurant silencieuse.
Puis, un homme aux « baskets noires » lui intime l’ordre de se relever. « Je me lève, c’était lui », dit-elle, Amedy Coulibaly. Elle obtempère en se rendant à l'endroit qu'il lui désigne dans le magasin. C’est alors qu’elle voit une scène d’horreur :
Il y avait un homme, qui était par terre, qui avait reçu une balle et la mare de sang qui grandissait au fur et à mesure.
Un autre homme « gémissait » à côté. « Il agonisait », poursuit-elle.
« Si ce n’était pas comme ça, on pourrait l’emmener à l’hôpital », lance alors Nhung.
Le ravisseur lui répond aussitôt : « ça vous dérange, ces bruits-là? Parce qu’une deuxième balle et on n’entend plus rien ».
Le preneur d’otages s’identifie enfin et avoue avoir tué la policière à Montrouge, avant d’ordonner à ses prisonniers de déposer leurs papiers d’identité et de mettre leurs téléphones cellulaires dans un « petit carton ».
L'attente durera quatre heures, jusqu'à l'assaut des policiers, lors duquel le terroriste sera abattu.