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Mali

La Jeunesse Malienne Est-Elle Désespérante ?

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Intégrer les jeunes de tous bords.

Intégrer les jeunes de tous bords.

Lorsqu’on s’entretient avec la plupart des adultes au Mali, le constat est le même. Tous s’accordent à dire que nous avons une jeunesse irresponsable, paresseuse, accro à l’alcool et à la drogue et nulle en études. Si ce point de vue, démesurément exagérée, renferme quelque vérité, rares sont les gens qui font une analyse critique de la situation de nos enfants. Les psychologues et les sociologues sont d’avis que nous sommes, dans une large mesure, les produits de notre milieu social, les produits de notre société. Les enfants maliens, ceux qui sont allés à l’école avec l’indépendance et leurs aînés immédiats, ont été façonnés par la société traditionnelle qui leur a inculqué le sacro-saint principe du droit d’aînesse. Il fallait se taire quand les aînés avaient parlé. Le régime socialo-communiste de l’US-RDA a fini de tuer en la jeunesse toute initiative, faisant de millions de filles et de fils de notre pays des personnes moulées, répétant à la coréenne des slogans creux et abêtissants. La quasi-totalité de ces jeunes, suivistes à souhait, étaient incapables d’entreprendre quoi que ce soit en dehors d’une carrière toute tracée à la fonction publique pour les rares instruits. La majorité s’acharnait à faire produire une terre ingrate, brûlée par les sècheresses à répétition. La seule issue pour tous ces jeunes étaient l’exode vers la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Congo (RDC) d’autant plus que la politique répressive de Modibo KEITA rendait impossible toute initiative privée. Les années CMLN de Moussa TRAORÉ ont tué la seule chose que l’US-RDA a su entretenir : le patriotisme. Quant aux 10 années de pouvoir de l’ADEMA-PASJ, elles ont définitivement enterré le sentiment national de la jeunesse en érigeant la corruption en principe de gouvernement. ATT, qui considérait la politique comme une séance de Kotéba, a fini d’enterrer notre jeunesse. Depuis 54 ans, la jeunesse malienne est en quête d’hommes et de femmes qui pourraient l’inspirer. Abandonnés par des parents plus soucieux de faire bouillir la marmite que d’assurer l’avenir de leur progéniture, nos enfants, perdus et ballotés, se sont ouverts à toutes les influences néfastes croyant pouvoir noyer leur amertume, leur stress, leur désespoir. Beaucoup se sont laissé séduire par un Islam intolérant. Mais beaucoup d’autres ont leurs dieux aux États-Unis à travers des rappeurs parfois peu recommandables. Il suffit pourtant d’écouter nos jeunes rappeurs. Ils ont honte du modèle social que nous leur offrons, un modèle qui se fonde sur les soi-disant valeurs démocratiques, vomissures d’un monde occidental en pleine dégénérescence. Puisque la corruption et le vol ont été érigés en système de gouvernement, alors les jeunes, en bons élèves, trichent sans vergogne à l’école du fondamental au supérieur en soudoyant des maîtres et des professeurs cupides ou en achetant des diplômes que leur vendent d’autres enseignants qui sont les véritables fossoyeurs de l’école malienne. Insulter la jeunesse malienne, c’est lui faire porter le bonnet d’âne des adultes. Aussi longtemps que les jeunes ne se reconnaîtront pas dans un homme ou une femme (politiciens ou de la société civile), ils se fieront à leur instinct. La jeunesse malienne n’attend que sa chance car elle est engagée sur tous les fronts. Avez-vous écouté leurs chansons patriotiques à l’occasion de l’occupation djihadiste ? Certainement pas. Car beaucoup d’adultes, parfois sans raison, haïssent ces chansons qui sont très souvent de véritables trésors. Master Soumi, Penzy, Milmo – et Tata Pound en son temps – sont plus écoutés que tous les hommes politiques maliens qui s’agitent pour le pouvoir. Comment peut-on éduquer son enfant si on ne sait pas l’aimer ? Aimer son enfant c’est aussi l’écouter car c’est totalement irresponsable de vouloir faire le bonheur de quelqu’un sans lui. Si nous voulons sauver notre jeunesse de la perdition, de la déréliction, nous devons commencer par nous regarder dans un miroir. Notre jeunesse est loin d’être désespérante. Elle en donne la preuve à longueur de journée et sur tous les fronts. Il est temps de la prendre au sérieux.

Ousmane THIÉNY KONATÉ

© tauraco.io

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