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Sur Facebook, une vidéo appelant à commettre des attentats en France vue plus de 1,5 million de fois

Les images, très violentes, sont toujours librement consultable sur le réseau social.

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Publié le 15 janvier 2015 à 17h32, modifié le 23 janvier 2015 à 15h34

Temps de Lecture 3 min.

 

[Mise à jour le 23 janvier : cette vidéo n'est plus accessible sur Facebook]

Capture d'écran de la vidéo revendiquée par Daesh appelant à commettre des attentats en France.

C'est l'un des paradoxes de la lutte contre la diffusion des appels à la haine sur le Web : alors que le Parlement a adopté une série de mesures très sévères sur la diffusion de messages de propagande terroriste en ligne, une vidéo appelant à commettre des attentats en France reste librement accessible sur Facebook. 

Ce clip de l'Etat islamique d'un peu plus d'une minute, en français, a été initialement diffusé le 20 décembre et publié sur Facebook le 8 janvier. On y voit des hommes armés de fusils-mitrailleurs et de lance-roquettes, à la frontière entre l'Irak et le Kurdistan syrien, appeler dans des termes très violents à commettre des attentats sur le sol français et à tuer des « kouffars » (mécréants) par tous les moyens, en prenant exemple sur « notre frère Mohammed Merah ».

Cette vidéo, vue plus de 1,6 million de fois, a fait l'objet de plusieurs signalements – Facebook permet à ses utilisateurs d'avertir ses équipes de modération lorsqu'ils voient des contenus illégaux ou choquants. Ces contenus sont ensuite examinés par les modérateurs de Facebook, qui décident de les supprimer ou non. Dans le cas de cette vidéo appelant à commettre des attentats, les équipes de modération ont estimé que ces images n'allaient « pas à l'encontre des standards de la communauté [Facebook] », comme le montrent des copies de réponses que le Monde.fr s'est procurées.

La réponse de Facebook.

La diffusion de ce type d'appels à la haine et au terrorisme est interdite par la loi, et leur diffusion est sévèrement réprimée. Mais Facebook considère, dans ses règles de modération internes, que la diffusion de ce type de messages est possible tant que la personne qui les publie le fait pour les condamner – des « contre-propos » – ce qui est le cas dans cet exemple. « Facebook respecte la loi dans tous les pays où nous sommes présents – si la justice ou les autorités nous le demandent, nous supprimons les contenus contraire à la loi », explique-t-on à Facebook France.

Interrogée par les Echos, Monika Bickert, la directrice de la politique des contenus de Facebook, explique que la vidéo n'a pas été supprimée parce qu'elle « a été publiée par des utilisateurs de Facebook pour être dénoncée » mais que « compte tenu du caractère sensible de ce contenu, [Facebook] l'a référé au service officiel de signalement des contenus illicites de l'Internet. Nous nous conformerons à sa décision et prendrons toute mesure appropriée s'il nous notifie de son caractère illégal. »

Facebook a déjà eu de nombreux problèmes liés à cette pratique. Fin 2013, le réseau social avait finalement supprimé une vidéo de décapitation après plusieurs revirements. A l'époque, Facebook avait « réexaminé les récents signalements de contenu violent et nous avons conclu que ce contenu faisait l'apologie de la violence de manière inappropriée et irresponsable ».

Risque judiciaire pour Facebook

En France, ces choix de modération font courir un risque important à Facebook, estime Delphine Meillet, avocate spécialisée dans le droit de la presse. « La loi sur la confiance dans l'économie numérique est très claire : Facebook n'ayant pas agi promptement pour empêcher l'accès à un contenu illicite qui lui avait été signalé comme tel, il en devient l'éditeur, et en est donc pénalement responsable. »

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Un risque d'autant plus important que depuis 2014, la loi française s'est durcie : la loi sur la lutte contre le terrorisme a considérablement renforcé les sanctions pour apologie du terrorisme, et prévoit notamment une mesure de blocage sans procès des sites. S'il est peu probable que Facebook se retrouve directement bloqué, la diffusion de vidéos de ce type va directement à l'encontre des efforts de la police, qui a mis en place une procédure spécifique pour enregistrer puis supprimer le plus rapidement possible les vidéos djihadistes. La vidéo de revendication d'Amedy Coulibaly a ainsi été supprimée de DailyMotion et de YouTube très rapidement après sa mise en ligne. 

Ces derniers jours, Manuel Valls a insisté à plusieurs reprises sur le fait que la lutte contre « l'embrigadement », notamment sur Internet, serait une priorité des futures mesures de lutte contre le terrorisme. Manuel Valls a notamment déclaré, mardi devant l'Assemblée nationale, qu'il souhaitait mettre en place de nouvelles mesures d'encadrement des réseaux sociaux. L'itinéraire de la vidéo du 20 décembre montre cependant que les dispositions d'ores et déjà en vigueur sont peu ou mal appliquées.

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