Besançon : les policiers municipaux réclament le port d'armes

Les policiers municipaux de Besançon réclament le port d’armes à feu et la protection de leurs locaux. Débat houleux en vue entre gauche et droite.
Yves ANDRIKIAN - 18 janv. 2015 à 05:00 | mis à jour le 19 janv. 2015 à 09:33 - Temps de lecture :
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Le maire PS de Besançon, Jean-Louis Fousseret, était allé faire corps avec les policiers municipaux lors de la minute de silence   en hommage aux victimes.  Photo Ludovic LAUDE
Le maire PS de Besançon, Jean-Louis Fousseret, était allé faire corps avec les policiers municipaux lors de la minute de silence en hommage aux victimes. Photo Ludovic LAUDE

C’était jeudi dernier, au lendemain de la tuerie commise à Charlie Hebdo. Partout en France, hommages et minutes de silence avaient lieu en mémoire des victimes. À Besançon, le maire PS Jean-Louis Fousseret, sur l’esplanade des Droits de l’homme, s’approchait des policiers municipaux et, l’air grave, faisait cercle avec eux. Alors qu’il a annoncé vendredi le recrutement de vingt-six agents supplémentaires, le maire va devoir refaire face à un débat que sa majorité a systématiquement repoussé ou enterré : le port d’armes pour les policiers municipaux.

« Aujourd’hui, nous demandons la dotation systématique d’armes à feu et nous déplorons le manque de reconnaissance et de considération des élus. Aucun agent en tenue de la police municipale n’a été convié par le maire à l’hommage rendu au commissariat, le 13 janvier, aux policiers nationaux et municipaux décédés lors des attentats », souligne Daniel Pozzi l’un des cinq délégués du SNPM/CFE-CGC (syndicat national des policiers municipaux). Ancien gendarme, ce dernier fait de la police de proximité dans le vaste quartier HLM de Planoise gangrené par le deal de drogue et où, par ailleurs, les signes vestimentaires de radicalité islamique sont visibles.

La décision d’armer est politique

« Aujourd’hui, on ne se sert pas des dramatiques événements survenus mais c’est à cause d’eux et aussi des nombreux faits de violences avec armes de guerre à Besançon que notre syndicat interpelle à nouveau le maire. Nos collègues policiers nationaux le confirment, il y a depuis des mois à Besançon un fait avec arme par semaine, il y a des Kalachnikov et des Uzis. Les dealers sont très armés et se protègent. La vente du shit s’amplifie, on en vend à vue chaque après-midi devant le centre Mandela au cœur de Planoise, là cela dérange. Les dealers étaient en face auparavant, ça ne dérangeait pas », indique Daniel Pozzi.

La mort de la policière Clarissa et de l’ASVP agent de service de la voie publique tués par Coulibaly à Montrouge ont bouleversé les policiers municipaux : « On est devenu, on devient des cibles. Le ministère de l’Intérieur a demandé aux préfets de donner des consignes aux maires pour garantir la sécurité des policiers municipaux y compris celle de leurs locaux. Ici, rien, aucune consigne, silence total », rapporte Daniel Pozzi. Et lui et tous ses collègues notent avec quelque amertume que J.-L. Fousseret souhaite que la sécurité du conseil municipal de demain soir soit assurée par quatre agents. La mission sera remplie par crainte de sanction pour refus d’obéissance. « Avant les attentats, on avait relancé le maire sur notre protection et celle de notre local mais en vain. Comment assurer la protection des gens et des élus si on ne peut garantir la nôtre ? ». Autre demande, celle de gilets pare-balles pour les ASVP qui n’en sont pas dotés : les gilets des policiers municipaux résistent aux revolvers 9 mm, leur arme s’ils en étaient pourvus, mais pas aux Kalachnikov et Uzis.

Cette montée au créneau des policiers municipaux va à coup sûr susciter des débats agités entre élus. Seuls les maires peuvent faire une demande motivée d’autoriser le port d’armes, les préfets doivent ensuite la valider. La décision d’armer les policiers est aussi politique. À gauche, on est souvent contre par principe, notamment chez les communistes et les Verts, les socialistes étant moins opposés mais emberlificotés dans leurs explications. À droite, on y est favorable. « À Besançon, les élus de droite nous verraient bien faire des tâches nocturnes de policiers nationaux, ce qu’on ne veut pas », affirme Daniel Pozzi. Avant-hier, Jean-Louis Fousseret a lâché à propos de cette question du port d’armes : « On rouvrira le débat, il n’y a pas de sujet tabou ».