Après l’Empire contre-attaque et les fausses solutions technologiques pour sauver le climat, voici Le retour du Jedi. Il faut parfois emprunter à la science-fiction pour surmonter de tristes réalités. C’est en tout cas le pari d’Alternatiba pour engager le combat de la mobilisation, surtout quand les certitudes se noient dans une force si obscure.
Une nouvelle alerte démontre —s’il le fallait encore— l’urgence climatique. Cette fois, d’éminents chercheurs enfoncent le clou et présenteront, lors du Forum économique mondial qui se tiendra du 21 au 24 janvier à Davos (Suisse), une étude précisant les « limites de la planète ». On s’en doute, le chapitre consacré au climat n’est pas des plus optimiste. C’est bien le problème.
Car il faut bien le dire, le dérèglement climatique devient une rengaine que chacun marmonne dans son coin sans qu’aucune réaction ne puisse égayer ce morne constat. Parler du climat qui s’affole aujourd’hui, c’est recommander à un ados déjà casqué la prudence en scooter. Tout le monde est d’accord et la vie continue à filer. A moins que l’ampleur du diagnostic ne décourage à l’inverse les bonnes volontés en un deuil résigné. Ou ne désigne les dirigeants de la planète comme les seuls rédempteurs possibles. La culture occidentale, après tout, baigne dans le culte du super-héros qui finit à coup sûr par sauver la planète.
Les arguments seraient recevables si ce fatalisme n’était régulièrement balayé par la rubrique fait-divers. Une mamie égorgée, c’est une semaine d’indignations garanties, avec marche blanche, déclarations des politiques, polémiques et parfois même une loi qui vient « renforcer le dispositif ». Mais quand l’humanité entière est menacée, comme l’annonce ce collectif de chercheurs, mené par Johan Rockström et Anders Wijkman, il ne se passe rien. L’objectif politique mondial de limiter le réchauffement du climat à 2 degrés ne suffirait même plus, selon cette étude. Et de sommets mondiaux en fausses solutions, la même information ricoche en une désespérante dégradation des prévisions climatiques. Peut-être manque t-il simplement un ordre de mobilisation ? Ou le retour des Jedi du climat.
La réflexion paraît simpliste mais la démarche Alternatiba souligne pourtant le besoin d’une mobilisation. Depuis la première édition de ce « village des alternatives », qui a réuni 12.000 personnes à Bayonne l’an passé, plus de soixante Alternatiba se sont déclarés en France et en Europe. Un « Tour Alternatiba » de 5.000 km entraînera cet été, dans le sillage d’un vélo 4 places, des centaines de milliers de personnes. Objectif : démontrer que des alternatives au réchauffement climatique existent, qu’elles sont simples, concrètes, efficaces et que chacun peut se les approprier. Et créer une masse populaire qui pèsera son poids lors de la conférence des Nations-Unies sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Et ça marche.
Pour financer ce Tour de force, Alternatiba a lancé une souscription populaire qui a déjà permis de récolter près de 30.000 €. L’objectif, colossal, est de doubler cette somme dans les 15 jours. En organisant donc ce retour du Jedi, bien avant que ne sorte sur les écrans le septième épisode de la saga interplanétaire Star Wars. Car c’est dans l’humour et la joie que se combat désormais le marasme ambiant. Détournements, bonnes phrases, campagnes rigolotes font mentir les oracles du fatalisme climatique. A l’exemple des hackers justiciers Anonymous, un rendez-vous Jedi est organisé ce jeudi 22 janvier sur Internet, histoire de rééquilibrer les forces et de fédérer autour de cette noble croisade en devenant activiste du web. La lutte pour le climat est à porté de clic. Le combat est désormais affaire de tous dans cette réunion heureuse de l’esprit et du sabre. Laser, naturellement.