Comptes suspendus, contenus effacés... Au fil des mois, Facebook est devenu de moins en moins accueillant pour les djihadistes occidentaux.

Comptes suspendus, contenus effacés... Au fil des mois, Facebook est devenu de moins en moins accueillant pour les djihadistes occidentaux.

Facebook

Facebook n'est plus le site préféré des djihadistes occidentaux. A force de voir leurs profils supprimés et leurs éléments de propagande retirés du réseau, ces derniers se tournent de plus en plus vers d'autres réseaux de communication en ligne. Un exemple à suivre dans la lutte contre le "djihad 3.0"?

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La plupart des observateurs s'accordent en tout cas aujourd'hui sur le constat: "Facebook est devenu insupportable pour les sympathisants djihadistes francophones et anglophones. Du coup ils l'abandonnent", résume Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes.

D'abord moqueurs face à la "censure", comme l'expliquait L'Express en septembre dernier, les intéressés baissent les bras. Ils se tournent désormais vers Twitter, où il est "plus facile de changer de nom et de créer un nouveau profil", note Romain Caillet.

"Propagande des petites mains"

Le réseau social de Mark Zuckerberg a-t-il trouvé la martingale pour se débarrasser des cyberdjihadistes? Rien n'a pourtant changé dans ses pratiques ces derniers mois, nous explique-t-on chez Facebook.

L'explication la plus probable du durcissement du site face à la "djihadosphère" est qu'un nombre croissant d'internautes signale des contenus abusifs au site. Qui, au fil des mois, a donc pu mieux cerner les contours des réseaux djihadistes et bloquer les profils concernés. Plusieurs connaisseurs interrogés par L'Express notent d'ailleurs que les djihadistes arabophones, eux, sont pour l'heure moins gênés dans leur utilisation du site -vraisemblablement parce qu'ils sont moins nombreux à être concernés par les signalements.

Attention à ne pas crier victoire trop vite pour autant. "Tout ça, ce n'est que la propagande des petites mains", note Romain Caillet. "Les canaux officiels arrivent quand même à diffuser leurs vidéos." Le nettoyage qui a eu lieu sur Facebook ces derniers mois est au mieux une étape dans la lutte contre la propagande terroriste.

Propagande djihadiste ou information?

Parfois, certains contenus continuent par ailleurs de circuler sur Facebook malgré tout. Une vidéo de Daech qui appelle à commettre des attentats en France a ainsi été visionnée plus de 1,6 million de fois sur le réseau social, malgré des signalements. "Elle a été publiée par des utilisateurs de Facebook pour être dénoncée", a justifié auprès Echos Monika Bickert, directrice de la politique des contenus du site.

Si certains s'offusquent de voir de telles vidéos circuler sur le Web, d'autres estiment qu'une censure trop forte nuit au travail des observateurs. "Laisser ce type de messages circuler permet aussi d'observer le comportement des djihadistes et d'avoir des informations. Parfois, les médias djihadistes font des erreurs qui permettent d'apprendre des choses", plaide ainsi Gilles N., qui alimente @VegetaMoustache, un fil Twitter de veille sur ces questions.

"Il n'y a pas de réponse technologique à ces questions", nous explique-t-on chez Facebook, où chaque signalement est traité "à la main" par les équipes appropriées. Pas question, pour l'heure, d'automatiser leur signalement. Malgré un léger mieux, les djihadistes n'ont pas fini de donner la migraine aux géants de la Silicon Valley.


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