Israël : les nouvelles recrues de Daesh

Une cellule djihadiste liée à l'EI a été démantelée, mais, depuis des mois, ce sont des dizaines de jeunes Arabes israéliens qui sont partis combattre.

De notre correspondante à Jérusalem,

À Nazareth, les jeunes manifestent en juillet contre les frappes israéliennes à Gaza.
À Nazareth, les jeunes manifestent en juillet contre les frappes israéliennes à Gaza. © Martin Lejeune/dpa Picture-Alliance/AFP

Temps de lecture : 4 min

Visiblement, les membres du groupe - sept habitants de Nazareth âgés de 40 à 22 ans - étaient surveillés de près par le Shin Beth, qui, en novembre dernier, a décidé qu'ils allaient trop loin et les a arrêtés. La Sécurité intérieure les accuse d'avoir tenté d'acheter des armes pour perpétrer des attaques contre des agents de sécurité, des militaires et des membres de la communauté druze. Alors qu'ils étaient présentés dimanche au tribunal de district de Haïfa, les charges retenues contre eux sont donc de trois ordres : appartenance à une organisation illégale, préparation d'attentats en Israël et tentative pour entrer en contact avec un agent étranger.

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Avec la levée du secret de l'enquête, le Shin Beth précise que les sept hommes ont reconnu, durant leur interrogatoire, qu'ils avaient formé une organisation salafiste prônant le djihad global et déclaré leur loyauté au groupe État islamique. Ils nient les autres éléments de l'acte d'accusation.

Très compartimentée, la cellule en était à ses débuts, ses membres recevant une préparation théologique et idéologique de la part d'un imam connu dans le nord du pays. Celui-ci avait même donné une interview à une chaîne de télévision israélienne. Il y avait aussi un entraînement militaire qui se serait déroulé dans un ranch en Galilée. Outre les modalités de fabrication de cocktails Molotov, les accusés y auraient aussi appris à abattre des animaux pour, une fois en Syrie, décapiter des "infidèles". Tout en tentant de réunir des fonds pour acheter des armes et faire le voyage jusqu'en Syrie, ils n'ont pas cessé d'être en contact, via Internet, avec des activistes de Daesh en Syrie. Parmi eux, des Arabes israéliens.

La séduction de Daesh

Octobre dernier : la communauté arabe en Israël est en état de choc. Elle vient d'apprendre la mort de deux de ses jeunes, partis combattre dans les rangs du groupe État islamique. D'abord, Ahmad Habashi, 23 ans. Il a été tué en Irak. Sa famille qui habite le village de Iksal, près de Nazareth, a été avertie de sa mort par un simple coup de fil venu d'un ami en Syrie. Pendant la période de deuil, Mohammed, le père, lance un appel à la jeunesse arabe : "Ne suivez pas le chemin de mon fils ! Préservez votre avenir !... Ce combat-là n'a rien à voir avec notre foi..." Des paroles qui s'ajoutent au débat sur le groupe État islamique qui agite depuis des mois le secteur arabe.

Mais, c'est le second mort, cette fois en Syrie, qui va mettre le sujet à la "une" du pays. Othoman Abu al-Qiyan avait 26 ans. Interne en médecine, il travaillait dans le grand hôpital d'Ashkelon, où, d'après les autres médecins, il donnait toute satisfaction. En mai dernier, il lâche tout et disparaît. Tué vraisemblablement en août, il faudra encore deux mois pour que télés et radios s'emparent de cette affaire. Devant les caméras, son patron au département de médecine interne, totalement médusé, le décrit comme "un garçon brillant, très travailleur, dévoué, entretenant de très bonnes relations, aussi bien avec les patients juifs et arabes qu'avec ses collègues". Il aura même cette phrase : "C'était un interne exceptionnel, pourquoi a-t-il rejoint Daesh ?"

Combien d'Arabes israéliens sont partis pour la Syrie ou l'Irak ? "De quarante à cinquante", affirment les médias. "Une trentaine", ont annoncé à l'automne les services de sécurité. Des jeunes d'une vingtaine d'années qui, du jour au lendemain, quittent tout : parents, travail, études, désertant même, dans certains cas, le foyer conjugal. Comme Rabiya Shahade, un étudiant en ingénierie de 26 ans qui a laissé derrière lui sa femme et son bébé de huit mois pour aller en Syrie.

Clémence

Ces derniers mois, il y a eu quelques retours avec des arrestations à la descente d'avion et des condamnations à la prison ferme. Récemment, deux jeunes ont ainsi été jugés et se sont vu infliger 22 mois derrière les barreaux. Dans les deux cas, les procureurs avaient réclamé des peines de prison plus importantes. Mais, comme ils n'avaient pas de casier judiciaire et qu'ils avaient avoué, ils ont bénéficié de sentences plus légères. "Beaucoup trop légères", disent certains dans la communauté arabe israélienne, accusant l'État de "laxisme". Travailleur social dans la ville de Tira, Fuad Mansur implore les autorités d'être beaucoup plus fermes, pour une simple et bonne raison : "Nous voyons des Arabes israéliens qui rejoignent Daesh en Syrie. Eh bien, demain peut-être, va-t-on leur donner l'ordre de rentrer pour tuer des Arabes et des juifs en Israël ? Si cela arrive, ce sera de la faute d'Israël."

Des propos rejetés par les responsables de la sécurité nationale qui affirment avoir adopté une approche multifacette afin de lutter contre le phénomène. Il y a quatre mois, le ministre de la Défense a décrété la mise hors la loi du groupe État islamique. Cela aura-t-il un effet dissuasif ? Dans la communauté arabe d'Israël, parents, éducateurs, imams sont de plus en plus inquiets devant ce phénomène qui prend de l'ampleur, en dépit des mises en garde adressées à la jeunesse pour qu'elle ne réponde pas aux sirènes terrifiantes du califat islamique.


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Commentaires (20)

  • milber

    Voir des arabes Israéliens partir pour assassiner à tout va et renforcer l'hégémonie de Daesh, c'est ne plus se reconnaître du pays dont on est issu.

    Et lorsque l'on est au chômage ou que l'on s'ennuie, se prouver que l'on est un héros, même à ce prix, c'est remettre en cause ses fondements.

    Alors il faut en URGENCE repenser l'attitude des puissances mondiales quant à la durée de ces assassins, assoiffés de sang.

  • Dumè

    Vis à vis de l’État d'Israël et de sa politique, mais, dans les circonstances présentes, ce pays ne peut être que notre allié objectif face à l'ennemi commun [l'Islamisme radical]. Aussi, la France ne pourrait elle pas solliciter le Gouvernement israélien afin qu'il lui prête le concours du MOSSAD, fort expérimenté en la matière, pour démanteler les cellules "djihadistes" chez nous ?

  • Eliott Garfield

    N'ont plus rien à voir avec la chrétienté.

    Les "gentils" palestiniens les intimident et les virent à l'instar des chrétiens du Liban ou de l'Égypte.

    Non l'islam n'est pas une religion de haine et d'exclusion.

    Les drapeaux français brûlés à Gaza et les menaces dégorgement de français qui oseraient s'aventurer à Gaza, sont des montages des sionistes !

    Évidemment.