Le méthane, l’autre menace pour le climat
Selon les experts, la conférence mondiale sur le climat à Paris, en décembre 2015, ferait bien de se soucier des émissions de méthane.
Par Joël Cossardeaux
N’oubliez pas le méthane ! A moins d’un an de la conférence mondiale sur le climat à Paris, en décembre 2015, l’Académie des technologies tient à rafraîchir la mémoire de la communauté internationale qui négocie depuis deux décennies sur la réduction des émissions de gaz carbonique (CO). Le méthane (CH), un des six gaz à effet de serre (GES) inscrits dans le protocole de Kyoto de 1997 arrivant à échéance en 2020, a un pouvoir encore plus réchauffant pour la planète que ce dernier. « Une réduction d’émission d’une tonne de CH4 dans l’atmosphère équivaut à une réduction de 25 tonnes de CO2 », observe un récent rapport publié par cet organisme.
En hausse constante, comme le sont celles de CO depuis le début l’ère industrielle, les émissions de méthane proviennent d’une multiplicité d’activités humaines. En tête et par ordre décroissant figurent l’élevage de ruminants, les activités d’extraction de ressources fossiles, celles de raffinage pétrolier, de stockage des déchets ménagers et la riziculture.
Des émissions en « très grande partie évitables »
Des phénomènes plus ou moins naturels jouent également. Les zones humides sont ainsi très émettrices de méthane. Et d’autres territoires vont l’être à cause du réchauffement, comme en Sibérie où l’emprise du pergélisol (sous-sol gelé en permanence) est très clairement menacée. Les conséquences de ce phénomène dépendront de la rapidité et de l’intensité avec laquelle le mercure va monter.
Par chance, si l’on peut dire, le méthane dispersé dans l’atmosphère s’évanouit au bout « d’environ neuf ans », rappellent les experts de l’académie. En outre, ses émissions sont en « très grande partie évitables » et les solutions pour les réduire à portée de main au plan économique. Le rapport propose notamment de soutenir le drainage dans les zones humides utilisées en terre agricole, ainsi que dans les mines. Il préconise également de pousser davantage les techniques de méthanisation. Enfin, comme l’a récemment proposé François Hollande pour le CO, l’académie plaide en faveur de la fixation d’un prix du CH. Enjeu : « Inciter les pollueurs à réduire leurs émissions. »