Comment financer la lutte contre le terrorisme

Comment augmenter les moyens de la police, de l'armée et du renseignement sans creuser les déficits publics ? C'est tout le défi du gouvernement.

Comment financer la lutte contre le terrorisme

    Après les grandes déclarations, place aux travaux pratiques. Manuel Valls doit annoncer ce matin à l'issue du Conseil des ministres de nouvelles mesures « de court terme » pour la lutte contre le terrorisme. Mais avec quel argent le gouvernement va-t-il les financer, sur fond de contraintes budgétaires ? Le ministre des Finances, Michel Sapin, reçu hier par François Hollande, prévient déjà : « Un renforcement des moyens de la lutte contre le terrorisme est possible mais de manière vertueuse pour les finances publiques. »

    C'est dit de manière élégante mais claire : il n'est pas question de creuser le déficit alors que la France reste sous l'Å?il de Bruxelles. Ce matin, le Premier ministre devrait annoncer l'augmentation du nombre de policiers au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui doit voir ses effectifs progresser de 432 postes sur cinq ans. Les syndicats réclament des moyens de protection supplémentaires pour les forces de l'ordre. Sans compter les besoins de la justice, notamment dans le domaine du renseignement pénitentiaire.

    Concernant la défense, Hollande a affiché sa volonté de revoir le rythme de réduction des effectifs prévu par la loi de programmation militaire. Autant de mesures qui vont « coûter », a reconnu Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. Combien ? A Bercy, on parle d'un « ordre de grandeur raisonnable » sans confirmer le surcoût de 400 Mâ?¬ évoqué par « les Echos ». Au sein de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, certains députés PS évaluent les besoins de financement « à moins de 1 Mdâ?¬ ». Bercy a déjà mis les barbelés : « Le renforcement légitime de la lutte contre le terrorisme ne doit pas être une occasion pour tous les ministères de réclamer des moyens supplémentaires. »

    Inutile d'aller chercher du côté de l'Europe un coup de pouce, alors même que les 28 hésitent à aider la France dans ses opérations extérieures contre les jihadistes, comme au Mali. A en croire le ministère des Finances, il existe pourtant des souplesses. « La baisse des prix du pétrole permettra cette année de faire 700 Mâ?¬ d'économies pour le budget de l'Etat », y explique-t-on. Notamment du côté de la défense, grosse consommatrice d'essence, qui pourrait absorber « près de 50 % de ces économies ». Autre marge de manoeuvre, les 8 Mdsâ?¬ gelés dans le budget 2015. « Nous avons une réserve de précaution qui permet de financer des dépenses supplémentaires », assure Dominique Lefebvre, vice- président PS de la commission des Finances, qui ne juge « pas utile » de passer par un collectif budgétaire.

    La lutte contre le terrorisme devient donc prioritaire. « Pendant qu'on fera ça, on ne fera pas autre chose », faisait savoir François Hollande à ses visiteurs au lendemain des attentats. En clair, tous les ministères qui ne seront pas en première ligne vont devoir se serrer encore un peu plus la ceinture.