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Le nouveau patron d’une CGT déboussolée - Philippe Martinez

Philippe Martinez
Philippe Martinez © WITT/SIPA
Par Anne-Sophie Lechevallier

A 53 ans, Philippe Martinez, l'actuel dirigeant de la Fédération de la métallurgie succède aujourd'hui à Thierry Lepaon à la tête de la CGT. Le 21 janvier dernier, Paris Match publiait un portrait de ce candidat alors contesté.

A la CGT Métallurgie , en avril 2009, les ­négociations sur la grille de salaires avaient mal tourné. Son personnel avait mené une grève de quinze jours, « la ­discussion étant impossible avec [la] ­direction », tempêtait alors un tract. Si cet épisode rare à la centrale de Montreuil refait surface, c’est que le secrétaire ­général de cette fédération, élu pour son premier mandat en 2008, n’est autre que Philippe Martinez, aujourd’hui pressenti pour la succession de Thierry Lepaon à la tête de la CGT . Et qui serait, selon ses détracteurs, « rigide et autoritaire » au point de déclencher une grève dans sa propre organisation.

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A nouveau, la CGT se trouve face à une vacance du pouvoir. En 2013, la ­succession de Bernard Thibault avait ­entraîné des luttes intestines, résolues en apparence par l’élection de Thierry ­Lepaon. Mais l’ancien de Moulinex, ­rattrapé par son train de vie, vient de ­démissionner. Pour le remplacer, cette fois encore, personne ne fait l’unanimité. L’équipe dirigeante proposée a été rejetée le 13 janvier par le Comité confédéral national (CCN) – « parlement » du ­syndicat – qui a jugé inacceptable que Thierry Lepaon ait composé cette liste. Seul ­rescapé, Philippe Martinez est chargé d’en proposer une nouvelle au CCN des 3 et 4 février. « Une équipe équilibrée avec des membres à même d’apporter la contradiction », précise un cadre de la CGT.

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"Son élection serait un bienfait pour la CGT. Il lui faudrait seulement raser sa moustache !"

A 53 ans, le candidat a fait sa carrière chez Renault. Embauché à 21 ans comme technicien à Billancourt, ce joueur de football est devenu délégué central CGT. Tous le disent encarté au PC, mais cet ­habitué des descentes en canoë dans les gorges de l’Ardèche reste discret sur ses convictions, ayant même demandé un jour à un syndicaliste arborant un autocollant Front de gauche de le décoller. « Un peu bourru, avec un côté ours », décrit un « camarade », ce n’est pas un boute-en-train. A Florange, Yves Fabbri, longtemps secrétaire général de la CGT ArcelorMittal, l’a beaucoup croisé : ­« Travailleur, accessible, il prend son rôle au sérieux. Ce n’est pas un rentre-dedans, mais il ne se démonte pas face aux métallos. » « Il a du charisme. A l’écoute de la base, il sait rallier les autres à ses positions, ajoute Fabrice Le Berre, ancien élu CGT à Renault-Sandouville, qui l’a côtoyé quinze ans. Quand les gars exposaient leurs conditions de travail, il apportait toujours un éclairage politique. Son élection serait un bienfait pour la CGT. Il lui faudrait seulement raser sa moustache ! » A Montreuil, les propos sont plus nuancés. Le vote du 13 janvier a semé le trouble. Bien qu’elle ait été, semble-t-il, mandatée pour rejeter l’équipe, la Fédération de la santé l’a approuvée. Or cette dernière est dirigée par Nathalie Gamiochipi, la compagne de Philippe Martinez.

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Des militants déplorent que les discussions portent sur les personnes, jamais sur le fond, alors que la CGT s’enlise dans la crise, que des adhérents dépités rendent leur carte, que le gouvernement constate que le premier syndicat est aux abonnés absents, que des unions départementales menacent de faire scission et que son ­influence se réduit aux élections. « Choisir sans débat préalable revient à signer un chèque en blanc. Mais, faute d’alternative, nous sommes coincés », résume un cadre. Et François Chérèque, l’ex-patron de la CFDT, de prévenir : « S’il n’est pas élu, la CGT risque de vivre une crise ­difficilement dépassable. C’est leur ­dernière chance d’obtenir un consensus sur un nom. »

(Portrait publié le 21 janvier dernier)

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