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Près de la moitié de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles

Le rapport annuel « Global Risks » du Forum économique mondial de Davos alerte sur les dangers liés à une « urbanisation rapide et incontrôlée ».

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Publié le 22 janvier 2015 à 14h21, modifié le 19 août 2019 à 13h42

Temps de Lecture 4 min.

« 40 % de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles », souligne le Forum économique mondial de Davos.

Le mouvement d’urbanisation galopante que connaît le monde n’est pas prêt de ralentir. Depuis 2008, plus de la moitié de l’humanité vit en ville, selon les Nations unies. Et, en 2050, la planète comptera 6,4 milliards d’urbains, soit plus des deux tiers de la population mondiale qui atteindra alors 9 milliards. Or « 40 % de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles », souligne le Forum économique mondial de Davos, dans son rapport annuel « Global Risks » publié en préambule du sommet qui s’est ouvert jeudi 21 janvier pour quatre jours. Ce rapport, qui dresse chaque année la liste des risques qui menacent la planète, consacre pour la première fois un chapitre entier à « l’urbanisation rapide et incontrôlée ».

Sous la pression de la croissance démographique et de l’exode rural, l’urbanisation dans les pays émergents entraîne un étalement urbain peu contrôlé, caractérisé par le développement de quartiers composés d’habitats sommaires, surpeuplés et non reliés aux réseaux d’eau potable et d’assainissement. Selon l’ONU-Habitat, plus d’un milliard de personnes, soit un tiers de la population urbaine, vit dans des bidonvilles. En Afrique subsaharienne et en Asie du Centre et du Sud, ce sont respectivement 62 % et 43 % des urbains qui habitent dans des quartiers précaires.

Ce phénomène de « bidonvillisation » concentre à lui seul plusieurs des risques considérés comme ayant un fort impact pour la planète dans les années à venir : instabilité sociale, épidémies, crise de l’eau, adaptation insuffisante au changement climatique, selon l’étude du Forum économique mondial réalisée avec des partenaires privés (Marsh & McLennan Companies, Zurich Insurance Group) et universitaires (université de Singapour, Oxford Martin School, et Wharton Risk Management Center de l’université de Pennsylvanie).

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Epidémies internationales

Le risque sanitaire est sans doute l’un des plus préoccupants. L’insalubrité et la densité de certains grands centres urbains favorisent la diffusion rapide de maladies infectieuses, difficiles à contenir et créant un risque d’épidémies internationales. Comme l’a montré l’épidémie du virus H1N1 qui a émergé en 2009 au Mexique ou celle du SRAS née en Chine fin 2002. Ou encore, plus récemment, celle d’Ebola, qui s’est propagé en 2014 à une vitesse fulgurante en Afrique de l’Ouest, tout particulièrement au Liberia, en Guinée, en Sierra Leone, où les bidonvilles ont été fortement touchés.

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Les épidémies ne constituent pas le seul risque sanitaire, observent les auteurs du rapport Global Risks qui pointent aussi les risques de maladies non contagieuses, de diabète, de maladies respiratoires chroniques, de maladies cardio-vasculaires ou de cancers qu’engendrent la malnutrition, l’inactivité physique, la consommation d’alcool, de tabac, la pollution affectant les grands centres urbains. Ce phénomène touche les pays développés comme en développement.

L’insalubrité et la densité de certains grands centres urbains favorisent la diffusion rapide de maladies infectieuses.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 38 millions de personnes meurent chaque année de maladies non transmissibles ; et sur les 14 millions qui décèdent prématurément avant l’âge de 70 ans, 85 % vivent dans les pays à faible ou à moyen revenu. Dans ces mêmes pays, le nombre de diabétiques, souligne encore le rapport, ne cesse de croître et devrait doubler d’ici à 2035 pour passer de 181 millions à 347 millions de personnes. En Chine, cette maladie est désormais aussi développée qu’aux Etats-Unis : en 2013, elle touchait respectivement 9 % et 9,2 % des populations chinoise et américaine.

Forte empreinte carbone

Les grandes métropoles sont aussi particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Selon le rapport, quinze des vingt mégapoles (comptant plus de 10 millions d’habitants) au monde sont situées en zones côtières, menacées par la hausse du niveau de la mer et les cyclones. La surpopulation et la faiblesse des infrastructures ne font souvent qu’accentuer les risques de catastrophes naturelles à l’origine d’importants dommages. « Sécheresses, inondations, pénuries d’eau, de nourriture mettront de plus en plus à l’épreuve la résilience des infrastructures des villes en général », observent les auteurs du rapport Global Risks.

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« Les villes doivent non seulement s’adapter au changement climatique, elles ont aussi un rôle majeur à jouer pour en limiter les effets », insistent-ils. Le développement urbain tend à produire d’importantes émissions de gaz à effet de serre (GES), le béton et les matériaux servant à la construction des habitations et des infrastructures ayant une forte empreinte carbone. La croissance économique et l’urbanisation des pays en développement sont déjà aujourd’hui à l’origine chaque année des deux tiers des émissions de GES.

En coordination avec le secteur privé, et en développant une planification de l’affectation des sols adéquate, les villes peuvent développer des infrastructures plus durables, à faible teneur en carbone, soutiennent les experts du Forum économique mondial. Pour répondre à ces besoins d’infrastructures, ils appellent les villes à s’appuyer sur des partenariats publics-privés. Car la plupart des gouvernements sont aujourd’hui soumis à de fortes contraintes budgétaires. Or la tâche paraît immense. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les besoins en infrastructures d’électricité, de transports, de télécommunication, de traitement de l’eau représenteraient 3,5 % du PIB mondial d’ici 2030, soit près de 71 000 milliards de dollars (61 000 milliards d’euros).

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