Devant Piketty, Macron admet «l'échec» du modèle français face aux inégalités

Dans son discours ouvrant un colloque organisé à Bercy, le ministre de l'Economie a reconnu que la France était «en échec» face aux inégalités économiques et sociales. Un aveu effectué devant l'économiste Thomas Piketty, très critique à l'Ã

Devant Piketty, Macron admet «l'échec» du modèle français face aux inégalités

    Face aux inégalités économiques et sociales, le modèle français est «en échec». Ce constat est signé du ministre de l'Economie lui-même, en ouverture d'un colloque organisé ce vendredi à Bercy et intitulé «Quelles politiques publiques pour quelles inégalités au XXIe siècle ?» Emmanuel Macron a effectué cette déclaration en présence d'une personnalité très critique à l'égard du gouvernement et spécialiste de l'étude des inégalités, l'économiste Thomas Piketty.

    «Nous sommes en échec, c'est la cruauté des constats de long terme que Thomas Piketty a établi, il faut bien le constater», a déclaré le ministre. Devant l'économiste, dont le livre «Le Capital au XXe siècle» connait un succès planétaire depuis sa sortie et qu'Emmanuel Macron a lu, le ministre a reconnu que ces inégalités contribuent à «ralentir la croissance en augmentant toujours plus l'accumulation d'un capital dans les mains d'un petit nombre mais aussi en sapant le dynamisme, l'innovation, les ressorts de l'investissement». Pour réduire ces inégalités, Emmanuel Macron s'est dit favorable à l'utilisation de la fiscalité comme «instrument», notamment au niveau européen.

    Parlant des inégalités comme d'un «couvercle sur la réussite», le ministre de l'Economie s'est interrogé sur la manière de «convertir» cette préoccupation en «politique concrète». Reconnaissant à nouveau les «erreurs du passé», il a appelé à «une réflexion, sans doute plus profonde que celle que nous avons conduite, sur la fiscalité, la mobilité du capital et la concurrence fiscale».

    Un conseiller de Hollande devenu critique à l'égard de sa politique

    «La vérité m'oblige à dire que la manière dont l'Europe a traité la crise de 2008-2011 n'a pas aidé à régler le problème», a-t-il expliqué, regrettant l'absence d'une politique consistant «à traiter avec brutalité les intérêts acquis» et estimant que «les intérêts capitalistiques acquis par le passé ont plutôt été protégés par le crise dans la manière que nous avons eu de la traiter.»

    Ces déclarations n'ont pas dû tomber dans l'oreille d'un sourd pour Thomas Piketty, qui prône une taxation des revenus du capital au niveau international. En 2012, il était l'artisan de la grande réforme fiscale que le candidat François Hollande avait promis de réaliser à son arrivée à l'Elysée. Depuis, cette fameuse réforme est tombée aux oubliettes et Thomas Piketty ne mâche pas ses mots pour critiquer la politique économique menée.

    Début janvier, l'économiste a ainsi refusé la Légion d'honneur que le gouvernement souhaitait lui remettre. «L'action (du gouvernement) ces deux dernières années a été catastrophique, et je n'ai pas besoin d'une Légion d'honneur pour le dire ou pour l'écrire», a-t-il déclaré au Monde le 2 janvier.