Aéroports de Paris qui «veut devenir une marque mondiale » pourrait changer de nom...

 Aéroports de Paris qui «veut devenir une marque mondiale » pourrait changer de nom...

    Ã? la tête d'Aéroports de Paris (ADP) depuis plus de deux ans, Augustin de Romanet vient d'engager une réflexion sur l'identité de son groupe qui pourrait changer de nom. Le CDG Express pour relier Roissy à Paris est un autre de ses dossiers prioritaires.

    Comment va ADP ?

    Bien, car nous évoluons dans un secteur très dynamique : le trafic aérien croît en moyenne deux fois plus vite que le PIB français. Le tourisme, comme les échanges commerciaux, est en constant développement et notre activité à Paris a progressé de 2,6 % entre janvier et novembre 2014. Plus de 92 millions de passagers l'an dernier sont passés dans nos aéroports, dont 62 millions à Paris-Charles de Gaulle et 28 millions à Orly. Nous gérons déjà 38 aéroports dans le monde.

    Et financièrement ?

    En 2013, notre chiffre d'affaires s'est élevé à 2,7 milliards d'euros et il devrait être de nouveau en hausse en 2014. Notre capitalisation boursière dépasse les 10 milliards d'euros, ce qui nous place à la première place dans le monde devant notre principal concurrent Fraport, gestionnaire de l'aéroport de Francfort, qui pèse 6 milliards d'euros.

    Vous envisagez toujours de vous installer ailleurs en France ?

    Oui. Même si nous n'avons pas remporté l'appel d'offres de Toulouse (Haute-Garonne), nous sommes persuadés que notre savoir-faire en matière d'ingénierie, de design et d'exploitation d'aéroports peut être utile au développement d'autres aéroports que Paris. Nous réfléchissons donc à nous porter acheteurs des parts des aéroports de Nice (Alpes-Maritimes) et de Lyon (Rhône).

    Quelle est votre stratégie à l'international ?

    Notre savoir-faire de constructeur et d'exploitant est reconnu à l'étranger. Mon souhait est de faire d'ADP, à moyen terme, le numéro un mondial des gestionnaires d'aéroports.

    Comment atteindre cet objectif ?

    Nous souhaitons procéder à des acquisitions ou des prises de participation en restant vigilants sur le montant de nos investissements. Les aéroports sont en effet des actifs recherchés et les prix ont tendance à s'envoler... Pour ADP, un bon dossier, c'est un aéroport situé en Asie, en Amérique Latine ou en Afrique, avec une croissance de plus de 3-4 %, et une rentabilité supérieure à 6 %.

    Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

    Nous avons répondu avec Vinci à l'appel d'offres de l'aéroport de Santiago du Chili et nous nous sommes associés à Tav Airports et Goldman Sachs pour la rénovation du terminal central de l'aéroport de La Guardia à New York. Le résultat de ces deux appels d'offres est attendu au début de cette année.

    S'appeler ADP ne vous pénalise-t-il pas dans votre stratégie hors de France ?

    Dès lors que nous voulons devenir une marque mondiale, lancer une réflexion sur notre identité est légitime. Nous allons sélectionner une agence de communication pour nous accompagner dans notre stratégie et définir quels doivent être notre promesse de services et notre territoire de marque. 2015, est l'année de ce chantier.

    Une stratégie qui passe par un changement de nom ?

    Il est encore trop tôt pour le dire. Mais une chose est certaine, la référence à Paris sera conservée car c'est un véritable atout pour notre signature.

    Quels sont les enjeux pour cette nouvelle année ?

    Nous devons poursuivre nos efforts pour que notre qualité de services soit à la hauteur de celle que nous avons acquise en matière d'ingénierie et d'exploitation. Venir à l'aéroport doit être une expérience agréable. Notre objectif est d'accueillir nos clients comme dans un grand hôtel. Nous voulons réduire les facteurs d'anxiété associés à l'aéroport : les différents contrôles de sûreté, de police, l'embarquement ou encore le trajet pour accéder ou quitter l'aéroport.

    Comment allez-vous mener ce projet à bien ?

    Je compte avant tout sur la présence humaine, grâce à l'embauche de 120 agents commerciaux sur trois ans qui viendront au-devant de nos clients. D'autre part, les passagers qui atterriront à Roissy seront désormais accueillis de manière personnalisée grâce au nouveau design de nos passerelles qui mettront en valeur les ponts parisiens et seront munies d'écrans souhaitant « Bienvenue en France » dans toutes les langues.

    La réputation d'ADP n'est pas bonne concernant la livraison des bagages. Allez-vous améliorer ce secteur ?

    C'est un axe à mener avec les compagnies. En effet, peu de gens le savent, mais les personnes en charge des bagages sont les salariés des compagnies aériennes ou de leurs sous-traitants. Nous allons investir plus de 200 millions d'euros dans un système de tri à bagages automatique pour le hub de Paris-Charles de Gaulle. Les voyageurs seront informés du temps d'attente pour récupérer leurs bagages par nos nouveaux écrans d'accueil.

    Matignon vient de donner un coup d'accélérateur au projet CDG Express en faisant adopter un amendement qui va permettre de tenir les délais.

    C'est une excellente nouvelle car cela va favoriser le transit par Paris qui est au coeur de notre développement. La concurrence est de plus en plus acharnée avec Amsterdam, Londres ou Francfort dont les centres-villes sont facilement accessibles entre deux avions. Or, notre taux de correspondance, qui est de 30 %, a baissé régulièrement ces dernières années. Il est urgent de créer cette liaison directe qui permettra de gagner la Gare de l'Est en 20 minutes. Aujourd'hui, notre aéroport est un peu comme le Mont-Saint-Michel. Pour y accéder, il n'y a que deux digues étroites, le RER B ou l'autoroute A1/A3 : deux chemins fragiles et surchargés Améliorer la desserte entre Paris et Roissy est crucial.

    Ce train verra bien le jour en 2023 ?

    L'ouverture est prévue fin 2023. L'investissement de 1,7 milliard d'euros sera assuré par une filiale 50 % ADP et 50 % SNCF Réseaux. Il reste à finir toutes les études puis construire la ligne la nuit et sans interrompre le trafic.

    Quelles retombées économiques en attendez-vous ?

    Ce projet est soutenu par tous, du Président de la République au Premier ministre en passant par le ministre des affaires étrangères à la maire de Paris, car c'est un enjeu de compétitivité énorme, pour la France, Paris et sa région. Et ce d'autant plus qu'million de passagers supplémentaires est créateur 4 000 emplois en Ile-de-France.

    L'Ã?tat pourrait-il se désengager un jour d'ADP ?

    Il s'agit d'une décision d'actionnaire que je n'ai pas à commenter. J'ai visité de nombreux aéroports à l'étranger et j'estime que le modèle associant contrôle public et capitaux privés est le bon. Cela suppose que l'Etat garde une minorité de blocage.

    Quel est l'aéroport de vos rêves ?

    Pour l'ambiance, ce serait l'aéroport de Singapour. Pour la livraison des bagages ce serait Zurich, mais pour moi le plus beau terminal au monde et notamment pour le shopping, est le Hall M du terminal 2E de Paris-Charles de Gaulle. Chez Aéroports de Paris, nous refusons le « French bashing » ( NDLR : dénigrement de la France) et nous misons sur la « French touch »

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