La France doit-elle revoir ses relations diplomatiques avec le Qatar à la suite des attentats en région parisienne, du 7 au 9 janvier ? Des voix s’élèvent dans ce sens dans les rangs de l’opposition, en affirmant – sans apporter de preuves – que ce grand allié de Paris est soupçonné de financer des groupes terroristes.
Dernier en date : François Fillon. L’ancien premier ministre juge nécessaire de « mettre devant leurs responsabilités » le richissime émirat gazier et la Turquie, dont il juge « le rôle ambigu » dans la lutte contre les djihadistes. Pour le député UMP de Paris, Doha doit donner des gages. « Son engagement contre le terrorisme doit être clair », déclare-t-il dans un entretien au Monde, publié mercredi 21 janvier. Dans son esprit, Paris ne peut pas se permettre de coopérer étroitement avec un partenaire dont la fiabilité ne serait pas totalement garantie. « On ne peut pas rester dans le doute, met-il en garde. Ou bien la France est impliquée dans une guerre totale, avec des alliances sûres, ou elle reste prisonnière d’un jeu oriental complexe et dangereux pour elle. »
Disant ne « pas accepter le moindre double jeu », le député UMP de l’Eure, Bruno Le Maire, a également demandé un réexamen des liens avec le Qatar – ainsi qu’avec l’Arabie saoudite et le Yémen – afin de « ne plus avoir pour alliés » des Etats qui soutiendraient « des filières ou des discours terroristes ». A l’extrême droite, la présidente du Front national, Marine Le Pen, va jusqu’à appeler à l’arrêt des relations diplomatiques avec le Qatar, en jugeant acquis qu’il « finance le terrorisme ».
Relations privilégiées avec Doha
Des affirmations fermement démenties par le gouvernement français. Mettre en cause Doha est « infondé » a affirmé le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, mercredi sur RTL, précisant que les services de renseignement français ont « opéré les vérifications nécessaires ». La veille, la richissime micromonarchie du Golfe avait réfuté les attaques dont elle est l’objet. « Il faut être clair, le Qatar ne finance ni ne soutient aucune organisation terroriste », a assuré son ambassadeur à Paris, Meshal Hamad Al Thani, dans un communiqué. Il a précisé que son Etat a « pris des mesures drastiques pour qu’aucun citoyen qatari ne puisse financer ces groupes à titre privé ».
« Toutes ces accusations émanent de gens qui ne connaissent strictement rien au Qatar, mis à part ses investissements en France, notamment dans le PSG. La polémique se nourrit de la peur de l’islam », se désole l’entourage de l’ambassadeur qatari en France, estimant que Doha ne serait en réalité qu’une victime collatérale de rivalités internes à l’UMP : « Le Qatar se retrouve au beau milieu d’un règlement de comptes politique. La cible, ce n’est pas le Qatar, mais Sarkozy, bien sûr. »
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