En Turquie, les personnes LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans) incarcérées sont soumises à de nombreuses discriminations. “Quand je suis arrivé en prison, je n’ai pas dévoilé mon orientation sexuelle. Mais l’administration pénitentiaire a vite découvert que j’étais homosexuel après avoir vu que j’avais participé à des manifestations LGBT”, raconte un détenu à une journaliste d’Al-Monitor.

“Ils ont voulu me faire passer une visite médicale. J’ai refusé, parce que cette visite comporte un examen anal. Ils m’ont alors obligé à aller voir un psychiatre, parce que pour eux l’homosexualité est une maladie, et il me fallait donc un rapport médical. Ce rapport leur aurait permis de me mettre en cellule d’isolement, mais le psychiatre a refusé de rédiger le rapport.”

Le détenu, Koyuncu, explique comment il a commencé à faire l’objet d’insultes, d’agressions et de harcèlement, même de la part des gardiens. Jusqu’à ce qu’il finisse par craquer et décide d’accepter l’isolement que la prison cherchait à lui imposer depuis le début.

“La loi turque précise que l’isolement est réservé aux détenus condamnés à une peine de prison à vie, à ceux souffrant d’une maladie contagieuse et à ceux qui font l’objet de sanctions disciplinaires. La douzaine de détenus LGBT placés à l’isolement le sont donc en toute illégalité”, pointe Al-Monitor.

Discrimination

Après qu’un détenu a porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), celle-ci a rejeté l’argument de la Turquie expliquant que les détenus LGBT pouvaient être placés à l’isolement “pour leur sécurité”. La CEDH a convenu qu’il s’agissait bien d’un cas de discrimination.

“Le résultat de cette décision de la CEDH, c’est que le ministère de la Justice turc a reconsidéré la question des détenus LGBT et a décidé de construire une prison uniquement pour eux”, raconte Al-Monitor. Pour les personnes LGBT, cette solution n’est pas satisfaisante. Deux associations ont publié un communiqué pour expliquer qu’un tel projet ne ferait qu’accroître les discriminations.

“Si je peux choisir, je préfère évidemment être incarcéré dans une prison spéciale plutôt que de me retrouver à l’isolement. Mais la vraie solution, ce serait d’améliorer les conditions de détention. (…) A mon avis, il devrait y avoir des quartiers LGBT dans toutes les prisons”, conclut Koyuncu.