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Billet de blog 22 janvier 2015

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Un livre de Mediapart: «Qu'ont-ils fait de nos espoirs?»

Mediapart publie ce 22 janvier, aux Editions Don Quichotte, un livre sur les trente premiers mois de la présidence Hollande. Titré Qu'ont-ils fait de nos espoirs? Faits et gestes de la présidence Hollande, ce livre collectif dissèque en 430 pages les politiques publiques menées, la façon dont s’est exercé le pouvoir, les liens défaits avec la société. Il n'est pas seulement un regard dans le rétroviseur. Comprendre ce qui s'est passé depuis 2012 permet de cerner les nouveaux défis posés à la présidence Hollande depuis les attentats de Paris.

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Mediapart publie ce 22 janvier, aux Editions Don Quichotte, un livre sur les trente premiers mois de la présidence Hollande. Titré Qu'ont-ils fait de nos espoirs? Faits et gestes de la présidence Hollande, ce livre collectif dissèque en 430 pages les politiques publiques menées, la façon dont s’est exercé le pouvoir, les liens défaits avec la société. Il n'est pas seulement un regard dans le rétroviseur. Comprendre ce qui s'est passé depuis 2012 permet de cerner les nouveaux défis posés à la présidence Hollande depuis les attentats de Paris.

Construit à l'image de nos deux livres précédents sur le quinquennat Sarkozy (N'oubliez pas! et Finissons-en!), cet ouvrage s'appuie d'abord sur une chronologie détaillée de plus de 300 dates. Il vous propose ensuite plus de cinquante articles qui retracent cette présidence. Ci-dessous, nous vous proposons la préface du livre et son sommaire détaillé. Le débat se poursuivra par vos contributions et commentaires sur Mediapart.

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Un basculement historique

Par François Bonnet et Sophie Dufau

La France est à la merci d’un accident historique : l’élection à la présidence de la République, en 2017, de la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen. Cet impensable est aujourd’hui sérieusement redouté par de nombreux observateurs et responsables politiques. Il ne s’agit là ni de pronostic, ni de prévision, encore moins de pari. Simplement d’une analyse froide de l’ampleur sans précédent de la crise de représentation politique, de la dévitalisation de notre démocratie, de l’épuisement des projets tant au sein de la droite républicaine que des gauches de gouvernement ou radicale. Oui, ce dérèglement politique majeur rend possible l'accident électoral.

Cette seule éventualité – une France présidée par Marine Le Pen – suffit à justifier ce livre construit comme un retour méticuleux sur les trente premiers mois de la présidence de François Hollande. Comprendre. Comprendre ce qui a été engagé, les politiques publiques menées, la façon dont s’est exercé le pouvoir, les liens tissés ou défaits avec la société. Comprendre pourquoi, à mi-mandat, ce pouvoir a sombré dans une impopularité inégalée et s’est coupé de l’essentiel de ses bases politiques, de cet électorat pluriel qui avait souhaité tourner la page Sarkozy en 2012 et réinstaller la gauche au pouvoir pour la troisième fois depuis 1958. 

On pensait que la gauche, et tout particulièrement les socialistes, avaient appris du pouvoir, qu'ils avaient exercé leur « droit d'inventaire » sur les deux septennats du président François Mitterrand (1981-1995) et sur le quinquennat du premier ministre Lionel Jospin (1997-2002). Renvoyée dix années durant dans l'opposition, les socialistes ont multiplié livres, déclarations, études et analyses sur les échecs passés. Tous ont convergé sur deux constats devenus deux principes de reconquête du pouvoir :

1. respecter les engagements pris, c'est-à-dire redonner sens et crédit à une parole politique largement dévaluée.

2. construire avec la société, la mobiliser, inventer de nouveaux modes d'association et de délibération des citoyens.

Ces deux évidences, ces deux principes actifs indispensables au succès d'une gauche retrouvant le pouvoir ont été balayés en quelques semaines. Ce ne fut pas une surprise, ce fut une sidération ! C'est ce que disent aussi, avec leurs mots et leur tempérament, la demi-douzaine d'anciens ministres ayant expérimenté au plus près la présidence Hollande. Cécile Duflot, Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Arnaud Montebourg, Delphine Batho, Frédéric Cuvillier, quelques autres encore... Tous, ayant vécu de l'intérieur le retour aux affaires, ont dit par la suite non seulement leurs désaccords mais surtout leur stupéfaction de voir un François Hollande passer par-dessus bord tout ou presque de ce qui l'avait fait président : programme de campagne ; alliés politiques ; soutiens dans la société ; parti socialiste.

« La politique de François Hollande menace la République », est allé jusqu'à dire Benoît Hamon en septembre 2014. La violence du propos fut vite mise au compte de l'aigreur jalouse d'un dirigeant de la gauche du PS furieux d'avoir été limogé du gouvernement quelques semaines plus tôt. Mais oublions l'auteur pour ne considérer que le propos : ne traduit-il pas l'inquiétude qui traverse en profondeur l'ensemble de la gauche, PS compris ? Et n'est-il pas repris, avec d'autres mots, par de nombreux responsables ? Par tous ceux qui estiment que les institutions mortifères de la Ve République doivent d'urgence être changées plus d'un demi-siècle après leur création ? Par tous ceux qui estiment que l'échec en cours de cette gauche de retour au pouvoir signera la fin du Parti socialiste, tel qu'il fut créé il y a plus de quarante ans lors du congrès d'Epinay en 1971 ?

Car c'est bien d'un basculement d'époque qu'il s'agit. Depuis 2008 et une crise sans équivalent depuis celle de 1929, la société française le vit douloureusement, dans un chômage de masse, dans une précarisation accélérée et dans une confusion idéologique inédite. Le défi de François Hollande parvenu à la présidence était d'accompagner et d'anticiper cette mutation en mettant en mouvement les différentes familles d'une gauche plurielle qui, toutes, avaient participé à son élection. Trente mois plus tard, il ne demeure rien de cette ambition. Et le président isolé et défait ne peut s'en remettre qu'à la force aveugle des institutions (la forteresse Elysée) et au soutien d'une partie seulement des socialistes...

Il est une comparaison qui agace au plus haut point l'exécutif aujourd'hui. Celle qui est faite avec Guy Mollet, l'un des derniers présidents du conseil (février 1956-mai 1957) de la IVe République agonisante. En quinze mois, Guy Mollet ne fit pas qu'engloutir la France dans la guerre d'Algérie. Il signa l'arrêt de mort de la SFIO. « Peu importe les motions socialistes, j'ai sauvé l'Algérie », déclara-t-il en réponse aux critiques des siens. Peu importe la gauche, je vais sauver la France, semble dire aujourd'hui François Hollande, sourd aux appels venus de son camp.

En 1968, le journaliste politique et futur directeur du Monde Jacques Fauvet publia un livre, La IVe République qui devint aussitôt l'ouvrage de référence pour comprendre comment la débâcle politique et l'effondrement de la gauche allaient ouvrir la voie au retour de De Gaulle. En quelques lignes, il dressait un bilan acide de la présidence de Guy Mollet, et ce bilan s'avère d'une actualité glaçante si on le relit aujourd'hui. Le voici :

« S'il avait appliqué ses qualités et notamment celles de chef de parti à une politique correspondant mieux à son temps, M. Guy Mollet eût été un grand homme d'Etat. Son physique est trompeur, impersonnel et presque banal, mais il enveloppe une volonté calculatrice et une ambition souvent vindicative qui ont fait de lui une des fortes personnalités de la vie politique française (…) M. Guy Mollet a fait patiemment ses classes à la direction de la SFIO. Il y a acquis l'art de manier les hommes, de manœuvrer les hommes ; d'y conduire un débat à la conclusion qu'il lui a d'avance assignée (…) Il n'a manqué au leader socialiste, avant d'être président du conseil, qu'une expérience consommée des affaires publiques. Tacticien éprouvé, il ne s'est pas suffisamment donné au pouvoir une stratégie, une perspective à long terme. »

Pourquoi, la lecture de ce portrait de Guy Mollet semble faire apparaître en surimpression celui de François Hollande président ? Que s'est-il passé ?

Le 15 mai 2012, Mediapart titrait ainsi le récit de la journée d’investiture du nouveau président : « Un ennui revigorant ». « Un président trop normal. Un décorum républicain a minima. Pas de sac Prada, encore moins d’images people. Quelques petits bains de foule mais pas trop. De l’émotion, par intermittence seulement. De la pluie mais un peu de soleil. Ce mardi 15 mai fut d’une affreuse banalité. Et cela fait du bien », écrivions-nous. Pour avoir largement documenté et dénoncé les dangers comme les scandales de la présidence Sarkozy, Mediapart avait alors plaidé pour une alternance qui puisse être une vraie alternative.

Journal numérique totalement indépendant et sans publicité, contrôlé par ses fondateurs et ses journalistes, journal participatif accordant une très large place aux contributions et commentaires de ses lecteurs, Mediapart n’a jamais soutenu tel ou tel candidat, et pas plus François Hollande qu’un autre. En revanche, la défaite de Nicolas Sarkozy nous semblait ouvrir une ère pleine de possibles : mener la bataille de l’égalité ; rehausser le débat public et revitaliser notre démocratie ; renouveler les priorités de politiques sociales ; être pleinement européen donc se battre à ce niveau contre les politiques néolibérales ayant depuis 2008 mis à genoux pays et peuples.

Très vite, les portes entrouvertes durant la campagne électorale furent fermées à double tour. Et jamais sous cette République de l’hyper-présidence, les engagements ne furent aussi vite oubliés, déchirés, négligés. En 1981, François Mitterrand mettait en œuvre ses « 110 propositions ». En 1993, Edouard Balladur conduisait à marche forcée les privatisations qui étaient au cœur du programme de la droite. En 1995, Alain Juppé fit de même. En 1997, Lionel Jospin déroula le programme de la gauche plurielle.

Elu président, François Hollande oublia aussitôt le candidat : c’est la stupéfaction racontée plus tard par plusieurs de ses ministres limogés ou démissionnaires. Ce fut aussi la nôtre, en tant que journalistes, donc chargés au jour le jour d’examiner, de décrypter, de révéler les choix effectués par l’exécutif. Dès le mois de juin, les alertes se multipliaient : l’abandon revendiqué par Manuel Valls des récépissés de contrôle d’identité ; le limogeage d’une ministre de l’écologie qui avait cru pouvoir résister aux lobbies ; le renoncement à renégocier le traité européen ; les premiers choix budgétaires et l’abandon de la réforme fiscale tant attendue.

Dans leur diversité, les trente-cinq journalistes de Mediapart ont suivi pas à pas les actes de ce pouvoir. Ce livre est le prolongement d’un travail d’abord effectué sur le numérique. Il vient illustrer combien Internet et la révolution numérique autorisent aujourd’hui un journalisme de qualité et de profondeur : liens hypertextes ; documents ; éléments de preuves ; vidéos, photos et sons ; archives toujours accessibles. Cette mise en contexte de l’information, cet enrichissement d’un matériau brut, cette démultiplication qui permet de donner du sens ne peuvent être que limités et contraints sur un support papier ; l’univers numérique autorise de tels prolongements.

En 2014, Mediapart, journal participatif comptant plus de cent mille abonnés, aura publié près d’un million de commentaires et environ trente mille billets de blogs dans « Le Club de Mediapart ». Cette participation massive des lecteurs constitue le meilleur des garde-fous. En interpellant en direct les journalistes de Mediapart, en disant leur soutien ou leur désaccord, en usant de leur droit d’alerte et de leur expertise, en prolongeant par des analyses et des points de vue nos informations, nos lecteurs installent et développent ce débat public auquel participe tout journal d’information générale.

Ce livre s’inscrit ainsi comme un point d’arrêt. S’arrêter pour comprendre et réfléchir sur les presque trois années écoulées. Comme nous l’avions fait sous la présidence de Nicolas Sarkozy en deux ouvrages publiés en 2010 et 2012, année après année, nous vous proposons un décryptage des politiques engagées : s’appuyant sur une chronologie complète des principaux événements survenus depuis mai 2012, plusieurs articles d’analyse complètent ce récit, ainsi que des points de vue et contributions de nos lecteurs. Bonne lecture et n’hésitez pas à nous rejoindre sur Mediapart pour poursuivre le débat.

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Le sommaire complet

Préface.

2012

6 mai. Le moment Hollande

13 juin. Les cabinets sans curiosités du nouveau pouvoir

Extrait du Club. François Hollande à Athènes, ou l'irrationalité des gens raisonnables

22 juin. Stupeur après le départ de Nicole Bricq de l’Écologie

26 juin. Pour l’Europe, le petit pacte de croissance ne suffira pas

17 juillet. Mais où est passée la révolution fiscale ?

24 juillet. PSA-Aulnay, « la bombe à retardement » de la cité des 3 000

Transversale. Le zélé serviteur du monde de la finance

25 août. Premières impatiences à l’université d’été du PS

7 septembre. L’énigme Ayrault

20 septembre. Contrôles au faciès : Valls enterre le récépissé

20 septembre. Ce reniement dont Valls est le nom

28 septembre. Un budget de rigueur à tous les étages

6 octobre. Ces mesures fiscales « injustes » que la gauche ne supprimera pas

4 et 5 décembre. Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac cachait un compte en Suisse

Extrait du Club. Il faut être scandaleux pour lutter contre les scandales : Montebourg a eu raison.

14 décembre. Florange rivé au Luxembourg pour tenter d’oublier l’acier

2013

Extrait du Club. Les terribles aveux de Jérôme Cahuzac

31 janvier. Une réforme bancaire minuscule

4 février. Christiane Taubira, la seule grande réforme, c’est elle !

6 février. Expulsions : Valls fait du chiffre grâce aux Roms

Extrait du Club. Idée recette : les lasagnes au bœuf de cheval

11 mars. Vincent Peillon rêve d’union sacrée autour de sa réforme de l’école

28 mars. Les adieux à la gauche

Extrait du Club. Pâques, Blaise Cendrars et les Roms

25 avril. L’amnistie sociale fait voler la gauche en éclats

1er mai. La gestion Hollande ou le « syndrome de Dijon »

3 mai. Pour l’égalité des droits, les étrangers attendront

4 mai. Un présidentialisme archaïque

Transversale. Sur la scène internationale : profil bas en Europe, guerrier au-delà

20 juillet. « Nous sommes les cobayes d’une loi inventée par la gauche qui profite aux patrons voyous. »

Extrait du Club. Syrie : qui ne dit mot consent

22 septembre. La conférence environnementale, victime de la Ve République

26 septembre. L’asphyxie budgétaire menace les universités

10 octobre. Conseil constitutionnel rabote encore la transparence

22 octobre. Expulsions d’enfants scolarisés : Leonarda qui cache la forêt

31 octobre. Le contrat insensé de l’écotaxe

Transversale. Changer la société, ça attendra

14 novembre. Le problème, c’est aussi François Hollande

19 novembre. Licenciés de Gad, David et Stéphanie voteront FN « pour se faire entendre »

24 novembre. L’affaire Taubira ou la rencontre de l’impensé colonial et du néolibéralisme

15 décembre. Christian Troadec, bretonnant entre « Marx et la Bible »

18 décembre. « Intégration » : ce rapport déjà enterré et que personne n’a lu

2014

27 janvier. « J’ai cinquante-cinq ans. Je cherche du travail. »

26 février. Élus en 2012, de jeunes députés veulent un autre Parlement

5 mars. À Grenoble, écologistes et PG rêvent de « réinventer » la gauche

10 mars. Dans les ZEP de Clermont-Ferrand : « Si la maîtresse te parle de zizi, tu rentres à la maison. »

Transversale. À la recherche de la pensée du Président

1er avril. Comment Hollande a choisi Valls

2 avril. Vincent Peillon ou l’histoire d’un formidable gâchis

Extrait du Club. Pourquoi je quitte le Parti socialiste

Extrait du Club. Moi, parlementaire socialiste, je manifesterai samedi contre le pacte d’austérité

17 avril. Les folies d’Aquilino Morelle, conseiller du Président

29 avril. La vente d’Alstom met à mal la crédibilité industrielle du gouvernement

6 mai. La « taxe Tobin » européenne est mise en lambeaux

7 mai. Paroles d’anciens des cabinets : « Hollande a menti une fois, c’était au Bourget. »

20 mai. Limoges, aux racines de la défaite de François Hollande

3 juin. Le pari hasardeux de la réforme territoriale

12 juin. Jacques Toubon, défenseur des droits : une nomination que rien ne peut justifier

Transversale. Face au FN, des répliques sans stratégie commune

3 juillet. Le pacte de responsabilité provoque une fracture au PS

8 juillet. Cazeneuve durcit l’arsenal antiterroriste

17 juillet. Une réforme pénale très loin des ambitions de départ

23 juillet. Palestine : « Monsieur le Président, vous égarez la France. »

20 août. Fusionner le RSA et la prime pour l'emploi, explications

4 septembre. Le secrétaire d’État au Commerce extérieur ne déclarait pas ses impôts

9 septembre. Supprimer les seuils sociaux n’aura « aucun effet sur l’emploi »

14 novembre. Comment le pouvoir a réécrit la mort de Rémi Fraisse

16 octobre. La baisse des allocations familiales pour les plus riches actée pour 2015

Transversale. Le « président normal » face aux institutions de la VRépublique

21 octobre. Les « Licenci’elles » emportent une petite victoire contre les licenciements boursiers

30 octobre. Le réquisitoire de l’OFCE contre la politique économique du gouvernement

31 octobre. Barrage de Sivens : les dérives d’un socialisme de notables

20 novembre. L’annonce d’un congrès sort le PS d’un coma profond

Postface. Notre responsabilité

Illustration 2

 «Qu'ont-ils fait de nos espoirs? Faits et gestes de la présidence Hollande»
Editions Don Quichotte
430 pages, 19,90 euros