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Fleur Pellerin entre dans le vif du sujet de la réforme audiovisuelle

•Le décret sur la production sera bientôt publié.•Un autre est en préparation, pour mieux structurer la filière de production d'oeuvres patrimoniales.

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Par Grégoire Poussielgue

Publié le 26 janv. 2015 à 01:01

Cinq mois après son arrivée au ministère de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin s'attaque véritablement aux dossiers audiovisuels. A l'occasion de son intervention au Fipa, le marché international des programmes qui s'est tenu la semaine dernière à Biarritz, la ministre a levé le voile sur sa feuille de route. Avec un objectif : faire de la France « la championne de la création et de l'innovation audiovisuelle ». Or, pour faire une France championne, il faut des champions, et c'est là que se trouvent les faiblesses actuelles. L'accumulation de textes réglementaires depuis trois décennies a empêché l'émergence de grands groupes nationaux (voir graphe) que Fleur Pellerin souhaite voir naître, en plus de créer un corpus de règles de moins en moins compréhensibles et de plus en plus difficilement applicables.

En clair, Fleur Pellerin estime que l'organisation de l'audiovisuel, telle qu'elle a été pensée au milieu des années 1980, est caduque. « L'architecture actuelle de notre filière audiovisuelle est particulièrement complexe, avec un enchevêtrement de textes très détaillés, un modèle de production peu clair, fondé sur l'indépendance mais dans lequel les diffuseurs assurent une part de financement parfois très majoritaire, notamment pour ce qui est des fictions. Je crois que nous pouvons partager le constat selon lequel ce modèle est devenu trop complexe pour être véritablement à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés et doit être actualisé », a dit Fleur Pellerin à Biarritz.

Pour atteindre son objectif, la ministre entend procéder par étapes. Dans un premier temps, le décret sur la production sera bientôt publié après son passage au Conseil d'Etat, même s'il aura fallu un an et demi après le vote de la loi le prévoyant. Avec ce décret, les chaînes de télévision vont récupérer des parts de coproduction sur les fictions et autres documentaires qu'elles financent, ce qu'elles réclamaient depuis longtemps. Mais les producteurs ont réussi à faire valoir leurs vues sur la question de la commercialisation de ces programmes, puisqu'ils conserveront les mandats de distribution.

La deuxième étape de cette réforme a déjà été enclenchée puisque le gouvernement travaille sur la question de la production indépendante. Aujourd'hui, les chaînes doivent faire appel à des producteurs indépendants (strictement définis par la loi) pour la production de leurs programmes patrimoniaux, comme la fiction, l'animation ou les documentaires. Ce taux varie de 60 % à 85 % en fonction de la nature des oeuvres et du type de chaîne. Il atteint même 95 % pour France Télévisions.

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Des investissements lourds

Ces investissements dans la production indépendante sont lourds puisque, selon un rapport du Sénat, ils atteignaient 718 millions d'euros en 2011. S'inscrivant dans une logique d'intégration verticale pour mieux faire face à la concurrence internationale, les chaînes veulent avoir la possibilité de faire davantage appel à leur production interne. Le décret, dont les modalités précises doivent encore être arrêtées, prévoit deux dispositions principales : le relèvement du taux de production interne des chaînes, et de celui de détention d'une société de production, actuellement fixé à 15 %, pour qu'elle puisse être considérée comme indépendante.

Par ce biais, le gouvernement espère mieux structurer la filière de production, trop émiettée. Sans toutefois donner tous les pouvoirs aux chaînes. Fleur Pellerin souhaite le maintien d'un système de production indépendant, mais qui soit « fort, garant de diversité, de prise de risque et d'innovation ». « Je ne souhaite pas un secteur concentré autour de quelques grands producteurs. Je suis attachée à un secteur diversifié capable d'innover, de s'adapter rapidement à un monde très changeant », a dit à Biarritz la ministre, qui veut aller vite.

Grégoire Poussielgue

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