Par maryan charruau
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En accrochant, lundi après-midi, un veau aux grilles de la préfecture, les éleveurs dénoncent le zèle de l’administration à propos de la tuberculose bovine

«Si on ne veut plus d’élevages de vaches en Pays de Serres, il faut le dire. On fera comme les néoruraux, on s’occupera de chevaux ! » Agacé, stigmatisé, tel s’affiche Philippe, éleveur quinquagénaire, qui, lundi après-midi, avec une dizaine d’autres confrères, a montré son désarroi. Ils ont accroché un veau mort aux grilles de la préfecture d’Agen. Leur objectif : « Sensibiliser les autorités sur notre métier dont l’avenir est en danger. »

Tout commence il y a un peu moins de dix ans, avec la découverte de plusieurs cas de tuberculose dans des élevages , tous abattus. Et ce, dans le secteur du Pays de Serres, soit une vingtaine de communes. « Tous les ans, dans notre canton, on refait la prophylaxie pour voir s’il n’y a pas de soucis avec la tuberculose. Les autres cantons, c’est tous les deux ans. »

Leur objectif : "sensibiliser les autorités sur notre métier dont l'avenir est en danger"

« C’est la double peine »

« L’administration pense que les blaireaux sont porteurs et transmetteurs de germes vers les vaches. Avec les sociétés de chasse, nous avons procédé au prélèvement de 260 blaireaux. Un seul a été positif au germe », relate Serge Bousquet-Cassagne. Le président de la Chambre d’agriculture, présent lundi avec les éleveurs devant la préfecture, connaît la menace. Sinon la sanction. Car les éleveurs du Pays de Serres ne vont plus pouvoir sortir leurs bêtes de leur exploitation. Les veaux ne pourront plus rejoindre l’engraisseur. Et en plus, leurs mères vont les allaiter. Conclusion, des veaux ont déjà été abattus.

« Nous ne faisons pas d’argent avec les veaux. Et si nous les gardons, nous n’avons plus de lait à vendre. C’est la double peine. » Des éleveurs sont sous la menace de fermer boutique, sinon d’envisager un autre métier agricole. « J’ai trois voisins qui ont procédé à l’abattage de leur bétail. Après, ils sont passés à autre chose… » relate un éleveur.

« Chercher la source de la maladie, nous y sommes tous favorables. Mais on ne trouve rien. Appliquer avec autant de zèle le principe de précaution, c’est abusif. Oui, dans 99,9 % des cas, les abattages sont abusifs. L’État parle d’abattage diagnostic. » « À ce rythme-là, on va tuer tous les éleveurs. Il faut savoir que s’il y a transmission de la tuberculose de l’animal vers l’homme, il n’y a aucun risque dans la consommation. C’est pas la vache folle ! Moi, j’appelle ce procédé “la tuberculose administrative” », tousse Serge Bousquet-Cassagne.

Les règlements sanitaires

La préfecture a réagi lundi en fin d’après-midi, via un communiqué rappelant : « La tuberculose bovine est une maladie infectieuse et contagieuse, soumise actuellement à une surveillance sanitaire internationale […] Ses modalités sont reprises par des réglementations communautaires et nationales. À ce titre, elle est effective dans tous les départements français et renforcée dans ceux où une recrudescence de cette maladie a été recensée. Ce qui est le cas des départements de la région Aquitaine. »

« Si un foyer est détecté, les moyens d’assainissement imposés sont accompagnés d’indemnisation de l’État. L’enjeu est capital pour l’élevage car il est à la fois de santé publique et économique pour le maintien du statut sanitaire de la France en termes d’exportation, car au-delà d’un seuil d’infection, la France ne pourrait plus exporter. »