En Allemagne, la traque des anciens nazis continue

© Plus de 1,1 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts à Auschwitz (AFP).
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Arthur Helmbacher avec , modifié à
REPORTAGE - Dans la banlieue de Stuttgart, l'Office central pour l'élucidation des crimes du national-socialisme recherche les anciens nazis, avant de remettre des noms à la justice.

70 ans après la libération d'Auschwitz, l'Allemagne poursuit sa traque contre les gardiens des camps et les criminels nazis. Il en resterait plus d'une centaine un peu partout dans le monde. A Ludwigsbourg, dans la banlieue de Stuttgart, en Allemagne, l'Office central pour l'élucidation des crimes du national-socialisme recherche les anciens nazis, avant de remettre des noms à la justice.

>> Europe 1 a pu rencontrer Kurt Schrimm, le magistrat qui dirige les investigations dans cette institution allemande.

"Ils se cachent toujours, ils vivent sous de faux noms". Souriant mais déterminé, Kurt Schrimm, costume sombre, nous reçoit dans une pièce sécurisée. Tout autour de lui : des rangées de tiroirs, qui contiennent chacune des milliers de fiches bristol tapées à la machine. L'institution recense scrupuleusement tous les noms des criminels nazis, sauf que la plupart d'entre-eux sont morts. Et les autres ne baissent pas la garde.

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"Ils se cachent toujours, ils vivent sous de faux noms, pour qu'on ne les retrouve pas. Ils savent ce qu'ils ont fait. Par exemple, cet homme responsable de la mort de 6.000 personnes dans un ghetto. Il était devenu citoyen argentin. J'ai réussi à le faire arrêter et juger en Allemagne. Il a été condamné à perpétuité et il est mort en prison", se souvient Kurt Schrimm.

"Chacun des gardiens est coupable". Il y a quatre ans, depuis une décision de la cour de Munich, le simple fait d'avoir été gardien à Auschwitz vaut culpabilité. "Chacun des gardiens est coupable, qu'il ait participé à des tueries, ou pas. Aujourd'hui, ce n'est plus la peine de prouver qu'un homme a lui-même mis des gens dans les chambres à gaz", détaille le magistrat allemand.

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"La question de la sénilité, c'est au tribunal d'en décider". Et ce dernier n'a aucun état d'âme à trainer devant les tribunaux d'anciens nazis dont l'âge est aujourd'hui bien avancé. "Notre rôle, c'est juste de mettre en lumière ce qu'il s'est vraiment passé, et ce qui est condamnable. Il n'y a pas de prescription pour les crimes contre l'humanité. Alors, la question de l'âge, de la maladie, de la sénilité, ce sera au tribunal d'en décider", estime Kurt Schrimm.

Il y a deux ans, Kurt Schrimm a remis à la justice allemande une liste de 30 criminels nazis encore vivants. Aujourd'hui, ses équipes examinent surtout les archives russes et les actes d'immigration sud américains. Cette année, il ira enquêter au Brésil, au Pérou et en Equateur.

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