Economie

Face aux taux planchers, faut-il oser investir en actions?

Depuis le début de cette année, l'indice Bel  a progressé de plus de 7 %. Les actions sont performantes mais personne ne garantit que cela va durer.

© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA

Temps de lecture
Par Michel Visart

Resituons d’abord le contexte. Les taux d’intérêt sont au plancher et la décision de la Banque Centrale Européenne d’acheter massivement des d'obligations à partir du mois de mars va encore peser sur le peu qui reste. Cela ne fait aucun doute : l’épargne va encore moins rapporter

Par contre, les actions cartonnent. 2013 et 2014 ont été deux bonnes années et depuis le premier janvier, les marchés boursiers européens ont progressé de 7 à 8 % en moyenne. De quoi attirer les investisseurs particuliers qui cherchent à gagner quelque chose avec leurs économies.

Gare à la volatilité !

Mais le rappel est toujours indispensable : une action, c’est du capital à risque. David Schmidt est responsable des investissements en banque privée de la Banque de Luxembourg : " Les actions sont à hauts risques et il faut que les investisseurs en soient conscients. Cela dit, la volatilité peut être atténuée sur la période de détention. Si vous êtes capable de faire face à cette détention sur le long terme, vous en sortirez bien mieux que sur les autres classes d’actifs mais il faut être conscient de cette volatilité. On l’a vu en 2013 et en 2014, on le verra certainement encore cette année ".

Par autre classe d’actifs, on entend notamment les obligations. Contrairement à ce que l’on dit souvent, les obligations ne sont pas sans risques. Il y en a deux : le risque d’une défaillance de l’émetteur et le risque de l’évolution des cours. L’histoire financière récente montre que les investisseurs ont souvent perdu beaucoup avec des obligations qu’ils estimaient parfaitement sécurisante. Les cours évoluent en fonction des taux d’intérêt, ces derniers sont bas aujourd’hui mais quand ils commenceront à remonter, les cours des obligations existantes vont souffrir.

Revenons aux actions. Elles sont donc rentables sur la durée et c’est bien en année qu’il faut compter. Par contre, elles sont risquées à court et moyen terme ce qui impose qu’il ne faut jamais être obligé de les vendre. Elles sont donc à réserver à ceux qui peuvent se le permettre.

Sont-elles trop chères ?

Les actions ont fortement progressé depuis plus de deux ans et encore depuis le début de l’année. D’où cette question : les actions ne sont-elles pas trop chères aujourd’hui. Le critère principal retenu par les professionnels est le rapport entre le cours et le bénéfice. Ce rapport est en moyenne à niveau élevé mais pas excessif selon les experts sauf peut-être aux Etats-Unis.

Dominique Marchese est gestionnaires actions chez Pure Capital, une société indépendante de gestion d'actif au Luxembourg : "Les actions américaines sont certainement à un niveau un peu cher. En termes de valorisation, on est au plus haut depuis 2005. Nous ne sommes pas inquiets sur la force de l’économie américaine et sur la progression des bénéfices mais il est très difficile aujourd’hui de trouver des opportunités intéressantes aux Etats-Unis. Par contre dans la zone euro, les valorisations sont encore à des niveaux raisonnables et les attentes bénéficiaires sont plutôt bonnes. Il y a donc plus d’opportunités pour l’investisseur ".

Miser sur l’Europe

Pour ce spécialiste, les actions européennes seraient intéressantes alors que l'économie de la zone euro n'est pas en grande forme. Ce n’est pas un paradoxe car il y a plusieurs critères favorables comme le pétrole très bon marché et euro nettement plus faible, soit deux solides coups de pouce pour les entreprises européennes. Les perspectives sont donc relativement bonnes.

Il reste à choisir les bonnes actions. Voilà les critères que retiennent actuellement la plupart des analystes : un bilan costaud avec peu d'endettement, une position de marché forte et des opportunités de croissance ainsi que marges bénéficiaires importantes et récurrentes. Sans oublier la cerise sur le gâteau: le dividende. David Schmidt : " Quand on regarde la rémunération du dividende offerte par les actions par rapport aux autres classes d’actifs et notamment le marché obligataire qui n’offre plus de rendement si ce n’est dans des segments beaucoup plus risqués, les actions à dividendes offrent une alternative tout à fait intéressante ".

Pour le choix final, à voir avec un spécialiste en oubliant jamais que les conseilleurs ne sont pas les payeurs et que les actions sont à la fois spéculatives et à risques. Ce qui est logique!

Michel Visart

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Tous les sujets de l'article

Articles recommandés pour vous