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Quand Sarkozy demandait aux commandos de lever le pied contre les djihadistes afghans

Le témoignage d’un ex-membre des forces spéciales engagé en Afghanistan décrit la frustration face à la décision du président d’arrêter les combats pour éviter les pertes humaines

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Publié le 28 janvier 2015 à 14h57, modifié le 19 août 2019 à 13h38

Temps de Lecture 2 min.

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Des chars de l'armée française, dans la province de Kapisa, en novembre 2012.

Ce funeste été 2011, en Afghanistan, l’armée française est résolument à l’offensive contre les talibans dans la petite région de Kapisa. Elle subit de lourdes pertes, 17 soldats tombent entre juin et septembre. Cinq périssent le 13 juillet dans une attaque suicide, un autre le 14 au matin, à quelques heures à peine du défilé parisien. Il est le mort de trop pour le président Nicolas Sarkozy, qui prend son téléphone pour exploser de colère aux oreilles du chef d’état-major. Début septembre, nouvel accrochage mortel. Le chef de l’Etat ordonne alors un arrêt des combats.

On découvre aujourd’hui, au fil d’un récit de guerre comme il s’en écrit beaucoup, que cette « pause », jamais admise officiellement, a même affecté les forces spéciales. Lui s’appelle Calvin Gautier, c’est un ancien « stick actions spéciales » (SAS) du 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) et, en ce début 2015, alors que tous les militaires français ont quitté Kaboul pour combattre les djihadistes au Sahel ou en Irak, il témoigne. « Trop offensifs » : c’est par ces mots que son unité fut accueillie en octobre 2011 en Kapisa. Les élections françaises étaient en vue. Les Français ne voulaient plus de cette guerre dès lors qu’elle tuait leurs enfants. Le départ anticipé d’Afghanistan, encore officieux, fut acté.

« Finir le boulot proprement »

« Pour nous, c’est inacceptable, nous avons perdu des camarades dans ce conflit, alors il faut finir le boulot proprement et ne pas quitter l’Afghanistan comme des voleurs », écrit le SAS. Ne sont-ils pas « payés pour lutter contre le terrorisme international » ? Calvin, 40 ans aujourd’hui, était venu porter des coups « aux salopards contre lesquels nous nous battions depuis dix ans ». Après l’incompréhension viendront pour ce soldat de l’ombre les « désillusions ».

Le récit de sa mission entre septembre 2011 et février 2012 – Task Force 32 – est publié à compte d’auteur. Calvin n’est « ni un écrivain ni un poète », souligne un de ses proches. Mais entre les classiques photos-souvenirs de popote et les remarques viriles du genre, son témoignage résonne.

Sur le terrain, la guerre « zéro mort » confine à l’absurde. Le soldat évoque le « manque de délégation des ordres de tir au plus bas niveau » – ce qui revient à laisser filer des ennemis identifiés comme tels. Les talibans, eux, ne font pas de pause. Regagnant du terrain, ils harcèlent les bases françaises transformées en cibles « puisque nous sortons de moins en moins ». Puis les infiltrent, jusqu’au drame : le 20 janvier 2012 quatre soldats sont tués durant leur jogging, en pleine base, par des Afghans. Trop d’opérations prévues sont annulées. « Nous savons où sont les insurgés, mais on nous envoie faire des embuscades en rase campagne », se souvient Calvin. Lors d’une ces dernières sorties inutiles, « personne ne s’est plaint, mais j’ai senti que le cœur n’y était plus ».

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