josé bové (avatar)

josé bové

Abonné·e de Mediapart

23 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 janvier 2015

josé bové (avatar)

josé bové

Abonné·e de Mediapart

Les journalistes ne sont aux ordres des lobbys ni en France ni en Europe

La loi Macron en discussion au Parlement français pourrait avoir des répercussions négatives et dangereuses qui vont bien au-delà de son objet de réforme économique dont de nombreux points sont déjà contestables. Un amendement glissé en douce permettrait de brider la liberté de la presse et le travail indispensable des journalistes d'investigations.

josé bové (avatar)

josé bové

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La loi Macron en discussion au Parlement français pourrait avoir des répercussions négatives et dangereuses qui vont bien au-delà de son objet de réforme économique dont de nombreux points sont déjà contestables. Un amendement glissé en douce permettrait de brider la liberté de la presse et le travail indispensable des journalistes d'investigations.

Selon cette disposition, toute divulgation d'une information non publique qui fait l'objet de mesures de précaution raisonnable et qui a une valeur économique serait potentiellement protégée. Les journalistes qui publieraient une telle information pourraient être poursuivis en justice.

Les actions que j'ai menées, que ce soit en tant que syndicaliste ou en tant que député européen, n'ont eu un impact que parce qu'elles ont été relayées par une presse indépendante qui a joui encore d'un espace de liberté.

Ces cinq dernières années, sans la presse, que ce soit les journaux, les radios, les télévisions et les sites internet, les conflits d'intérêts que j'ai dénoncés avec un certain nombre de mes collègues n'auraient eu aucun impact auprès de l'opinion publique.

Nous avons ainsi pu montrer que l'Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire, l'EFSA, avait été phagocytée par l'ILSI, le plus grand lobby agro-industriel de la planète. La Présidente de l'EFSA, madame Banati, a été finalement contrainte à la démission.

De même, en octobre 2012, le Commissaire européen John Dalli, chargé d'encadrer plus strictement la commercialisation du tabac, a été limogé dans des conditions douteuses. Le travail d'investigation réalisé dans de nombreux pays, et en particulier en France, a souligné le jeu plus que trouble des grandes entreprises du tabac, et en particulier de Philip Morris. Des documents internes à cette firme, rendus publics, permettent en effet de s'interroger sérieusement sur les relations troubles entre les lobbyistes du tabac et le plus haut niveau de la Commission européenne et de l'Office de Lutte Anti-Fraude.

Ce qui se passe au niveau français est inquiétant, mais ce qui l'est encore plus, c'est qu'une directive au niveau européen est en cours d'élaboration (EU Directive on Trade Secrets). Son objectif est le même, à savoir protéger les secrets commerciaux. Les journalistes qui couvrent l'actualité européenne et les ONG qui font un travail quotidien d'investigation et de dénonciation des conflits d'intérêts comme CEO (Corporate European Observatory) ou Alter-EU pourraient également voir leur activité muselée voire criminalisée.

Ces attaques concomitantes en France et en Europe (le travail a déjà été réalisé en Hongrie par Orban) contre la liberté de la presse et le travail de transparence des associations sont ABSOLUMENT inacceptables et indignes.

Je demande à l'ensemble des députés français de rejeter cet amendement et j'engage la presse française, une fois que cette proposition aura été rejetée, de s'engager au niveau européen et faire plier ceux qui veulent les faire taire.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.