“Todos somos americanos !” La phrase prononcée en espagnol par le président des Etats-Unis, Barack Obama, le 17 décembre 2014, illustrait à merveille le réchauffement attendu entre Cuba et les Etats-Unis après plus d’un demi-siècle de guerre froide. L’ensemble de la presse mondiale a salué alors ce “moment historique”. Toutefois, la normalisation du dialogue diplomatique entre l’île et les Etats-Unis pourrait se révéler plus compliquée que prévu.

“Ce ne sera pas possible tant que le blocus qui pèse sur notre pays ne sera pas levé”, a déclaré le président cubain Raul Castro le 28 janvier durant le sommet de la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (Celac). Le dialogue diplomatique ne pourra pas avoir lieu “tant que le terrain occupé illégalement par la base militaire de Guantanamo Bay ne nous sera pas rendu, tant que n’auront pas cessé les violations du droit international et tant que notre peuple n’aura pas obtenu une juste compensation pour les dégâts humains et économiques dont il a souffert”, peut-on aussi lire dans Granma, journal officiel du pouvoir cubain, qui publie l’intégralité du discours du dirigeant.

Le quotidien se garde bien de toute interprétation, mais souligne les applaudissements reçus à l’évocation de la restitution de Guantánamo, occupée par les Américains depuis plus d’un siècle.

Aucune concession

“Si ces problèmes ne sont pas résolus, le rapprochement diplomatique entre les Etats-Unis et Cuba n’aurait aucun sens, a fermement conclu le dirigeant âgé de 83 ans”, rapporte le quotidien espagnol El País, qui rappelle que “l’embargo qui pèse sur l’île est toujours en vigueur depuis 1962”.

Le président de Cuba a reconnu les efforts de la Maison-Blanche. Toutefois, Raul Castro a prévenu que “La Havane ne ferait aucune concession politique dans le processus de normalisation des relations avec Washington”, précise le site d’information 14ymedio, dirigé par Yoani Sanchez, célèbre opposante au régime.

Ces propos fermes du leader cubain pourraient jeter un froid sur le réchauffement entre les deux pays, qui annonçaient il y a un mois la réouverture de leurs ambassades respectives. Il y a deux jours, Fidel Castro, qui a cédé le pouvoir à son frère en 2006, affirmait dans une lettre ne pas avoir confiance dans la politique des Etats-Unis sans pour autant rejeter une solution pacifique aux conflits.