Depuis Pékin, Manuel Valls n’a pas seulement adressé un message aux investisseurs chinois. Il a également profité du voyage pour envoyer un message très politique à la France, et plus particulièrement à la gauche française. Un message qui peut se résumer ainsi : il ne faudra pas compter sur lui pour engager un bras de fer avec François Hollande en vue de l’élection présidentielle de 2017. M. Valls l’avait déjà laissé entendre depuis de longs mois, mais il a été rarement aussi clair que ce vendredi 30 janvier.
Bien sûr, le chef du gouvernement a noté que sa visite officielle en Chine était interprétée par beaucoup comme un déplacement à la voilure quasi présidentielle, et pas seulement parce qu’il a emprunté pour l’occasion l’Airbus A330 du chef de l’Etat. Présent dans la délégation, le sénateur (UMP, Vienne) Jean-Pierre Raffarin, interlocuteur privilégié de la Chine, l’a d’ailleurs noté, en rappelant que les hauts dignitaires du régime « investissent beaucoup sur le long terme » et qu’ils « pensent à l’avenir » lorsqu’ils dialoguent avec l’ancien ministre de l’intérieur, un « homme politique jeune » à leurs yeux et promis à « une belle carrière ».
Mais le premier ministre a eu vent des deux sondages IFOP et CSA, parus coup sur coup jeudi et vendredi en France et qui le donnent en meilleure position à gauche que M. Hollande pour la présidentielle, notamment face à Marine Le Pen. Et il n’est pas question pour lui de laisser s’installer une pareille petite musique politique à vingt-huit mois de l’élection, surtout après les récents attentats, qui lui ont donné l’occasion de vanter la gestion « fusionnelle » avec le chef de l’Etat.
« Je ne peux pas être sur un autre chemin que François Hollande, a tenu à expliquer M. Valls aux journalistes français qui l’accompagnent en Chine. Je ne confonds jamais le rôle des uns et des autres : le président de la République a été élu au suffrage universel, c’est lui et lui seul qui dispose de cette légitimité, le premier ministre, lui, est nommé. » Impossible donc d’envisager le moindre destin personnel à court terme, à commencer par 2017, malgré sa popularité en hausse.
« Les Français n’attendent pas de moi que je me prépare à telle ou telle échéance,
ils attendent de moi que j’assume pleinement ma fonction », précise-t-il. Et cette fonction, c’est celle d’un premier ministre à l’image du profil type dessiné par M. Hollande : « Quand le président de la République me nomme, il veut aussi un premier ministre fort, qui existe et lui apporte quelque chose », décrypte-t-il. Son prédécesseur à Matignon, Jean-Marc Ayrault, appréciera sans doute un tel antiportrait chinois.
Exit, donc, Manuel Valls pour 2017 ? Lui jure qu’il « ne baratine pas ». A ses yeux, même s’il se refuse à parler à sa place, le candidat socialiste à la prochaine présidentielle ne peut être que M. Hollande et celui-ci, jure-t-il, « retrouvera progressivement la confiance des Français parce qu’il est le président ».
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