Sénat : le palais des avantages acquis

Le Sénat doit changer. Mais son président, Gérard Larcher, s'accroche à l'omerta comme aux privilèges. Et considère que la réforme, c'est pour les autres.

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Gérard Larcher, le président du Sénat, est scandalisé que Claude Bartolone ait plaidé pour la suppression de la Chambre haute dans sa forme actuelle.
Gérard Larcher, le président du Sénat, est scandalisé que Claude Bartolone ait plaidé pour la suppression de la Chambre haute dans sa forme actuelle. © AFP

Temps de lecture : 2 min

21 % des Français veulent le voir disparaître. Et 57 % qu'il soit réformé en profondeur. Selon un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, il n'y a qu'un électeur sur cinq à souhaiter que le Sénat soit maintenu en l'état. Ce verdict populaire des plus cruels intervient au lendemain d'une grosse colère de Gérard Larcher, le président UMP de la Chambre haute, outré que son homologue à l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, ait osé se prononcer pour la suppression du Sénat dans sa forme actuelle.

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Au lieu de s'accrocher ainsi à ses avantages et prérogatives, Gérard Larcher devrait peut-être penser à s'appliquer à lui-même ce qu'il préconise pour l'ensemble des Français : la réforme.

Emplois fictifs

Alors que l'Assemblée nationale retient une partie de leurs émoluments aux députés trop absents, Gérard Larcher s'est assis confortablement sur un projet équivalent pour le Sénat. Pourtant, la très faible participation de certains élus s'apparente à un "emploi fictif". C'est la sénatrice PS Catherine Tasca elle-même qui le dit. Mais avec Gérard Larcher - comme avec ses prédécesseurs -, la réforme, c'est toujours pour demain.

Le budget de cette institution demeure, au nom de la séparation des pouvoirs, aussi secret dans son détail que le code de la bombe atomique. Dans l'émission Pièces à conviction sur France 3, le 28 janvier, le premier questeur Bernard Saugey tient à ce sujet des propos inadmissibles, que Gérard Larcher n'a pas désapprouvés publiquement : "J'estime que ce n'est pas la peine que tous les gens regardent des choses qu'ils vont être incapables de commenter... Ils auront peut-être, certainement, des réflexions idiotes." Le contribuable, donc, est trop bête pour comprendre... Pour comprendre quoi ? Qu'il subventionne grassement les retraites des sénateurs, tout comme le restaurant ou le salon de coiffure du Palais du Luxembourg, sans parler de l'argent liquide qui coule à flots, sans aucun contrôle.

100 sénateurs aux États-Unis, 348 en France !

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Comme le ferait le représentant d'une corporation agrippée à ses avantages anachroniques, Gérard Larcher ne veut pas entendre parler de la moindre réforme en profondeur du Sénat. Une telle démarche, en effet, aboutirait forcément à diminuer le nombre de sièges. Ils sont 348 sénateurs en France... contre 100 aux États-Unis. Cherchez l'erreur.

Leurs homologues italiens, eux, ont été contraints de rassembler leur courage. Ils ont voté l'été dernier, à une très large majorité, un changement drastique de leur institution. Les effectifs passent en effet de 315 à 100 personnes, qui ne seront plus rémunérées, mais seulement défrayées. Ce genre de précédent fragilise évidemment la position de Gérard Larcher. À l'heure où beaucoup de Français doivent consentir à des sacrifices, celui-ci ne peut pas ignorer que l'exemple vient d'en haut.

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Commentaires (36)

  • françois rené

    L’art. 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 reprise dans notre Constitution du 4 octobre 195...8 (qu’un sénateur moyennement informé devrait tout de même connaître) énonce que “Tous les Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi... ”. Vu le recel opéré sous nos yeux par le Sénat et le mépris de son questeur il est à penser que les citoyens français vont s’informer bientôt “par eux-mêmes” de l’emploi de leur argent. Justement il y a deux semaines des millions de gens sont descendus dans la rue, ils avaient des choses à dire et ils se sont comptés.

  • gg6713

    L'exemple, par définition, doit venir d'en haut. Tout le monde le sait : hélas, nos hommes politiques ne veulent pas en ...entendre parler. Il ne faut donc pas s'étonner que les Français les honnissent de plus en plus. Comment peuvent-ils encore oser voter des réformes s'ils refusent obstinément de commencer par eux-mêmes ? Un seul exemple suffira : les retraites. Touchons à tout, sauf aux nôtres. Voilà la position de nos chers, très chers parlementaires. Cette position est triste, lamentable et indigne. Les mêmes qui veulent contrôler les dépenses de l'Etat refusent que l'on puisse examiner les leurs, et, après, s'offusquent même que les citoyens souhaitent avoir un droit de regard. Qui osera s'attaquer à cette gabegie ?

  • aw35

    Une réforme profonde, très profonde du systéme (sénateurs, députés, ministres, grands conseillers, petits conseillers, s...ecrétaires, sous secrétaires, sous, sous secrétaires et la liste longue. Tout ce beau qui gravite au frais de la princesse et dont les contribuables pourraient contester leur légitimité. Et si il n'y avait qu'au niveau de l'état mais c'est ainsi dans les régions où pullulent un nombre effarant de personnes payées au frais du contribuables et... Et... Dans les départements, communes ect... Ect... Mais oui le pays a besoin d'une réforme extrêmement profonde mais qui osera à s'attaquer à ce mastodonte, les enjeux politiques polluant les décisions politiques. Oui comme à l'accoutumée on constate et tout restera en l'état et c'est le contribuable qui trinquera pour que tout ce beau monde vive dans la joie, l'allégresse, l'abondance.