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Partielle dans le Doubs : un «effet 11 janvier limité et incomplet»

Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop

INTERVIEW- Le directeur général de l'Ifop, Frédéric Dabi, analyse les enjeux des résultats du premier tour de la législative partielle du Doubs, où le FN est arrivé en tête devant le PS et où l'UMP a été éliminée dimanche.

LE FIGARO - Frédéric Barbier, le candidat PS, s'est qualifié à l'arraché pour le second tour dimanche dans le Doubs. Le duel PS/FN est une première dans une législative partielle depuis le début du quinquennat de François Hollande. La roue est-elle en train de tourner pour le pouvoir socialiste? Faut-il y voir un «effet 11 janvier»?

Frédéric DABI - Pour la première fois depuis 2012, le PS se trouve en situation de remporter une élection. Il s'agit en effet d'une rupture inédite depuis le début du quinquennat, où les législatives partielles se sont toutes traduites par une sur-abstention des électeurs socialistes et une gauche dispersée. Toutes les partielles ayant eu lieu depuis 2012, sauf celle de Saint-Pierre-et-Miquelon, ont été remportées par l'UMP. Mais ce dimanche, il y a eu une moindre démobilisation des électeurs socialistes, sans doute due au renouveau d'une «fierté socialiste» après la bonne gestion de crise de l'exécutif à la suite des attentats de début janvier. La venue de Manuel Valls a aussi certainement joué un rôle. On peut donc parler d'un «effet 11 janvier», mais plutôt limité, incomplet et partiel. En effet, n'oublions pas que la gauche perd tout de même 12 points par rapport à 2012, où Pierre Moscovici avait fait 40 ,8%. Le grand gagnant de cette élection est le FN, qui a été plutôt en marge du grand mouvement républicain du 11 janvier, mais qui arrive largement en tête avec plus de 9 points d'écart avec le candidat PS, alors qu'en 2012 il était à 16 points de Moscovici.

Si il y a eu un «effet 11 janvier» pour le PS, il n'y a en revanche pas eu d'«effet Syriza» pour la gauche radicale et les Verts qui plafonnent à 3% chacun, incapables de devenir le réceptacle des voix de gauche vers la gauche radicale.

L'abstention a été très forte (+ de 60%). Est-ce à dire que désormais l'électorat frontiste est plus mobilisé que le reste de l'électorat?

Certes, l'abstention est élevée, mais pas exceptionnelle pour une élection de ce type. L'enjeu principal des élections partielles est le différentiel de mobilisation dans les différents camps. Le parti qui arrive à faire sortir ses sympathisants pour aller voter est celui qui gagne. C'est particulièrement vrai pour le PS et l'UMP. Tandis que le FN a moins de difficultés à mobiliser sa base, l'UMP a souffert d'une plus faible mobilisation de ses électeurs. Cet enjeu sera décisif dans la compétition entre le FN et l'UMP pour s'affirmer comme alternative au pouvoir socialiste.

L'élimination de l'UMP signifie-t-elle que le grand parti de droite peine désormais à incarner l'opposition?

Contrairement à ce qu'affirment certains commentateurs, la quatrième circonscription du Doubs n'est pas historiquement à gauche, mais est plusieurs fois passée à droite (en 1993 et en 2002). L'UMP n'a pris que trois points par rapport à 2012, un score très faible pour le parti censé incarner l'opposition. La remontée de l'exécutif, le climat d' «union nationale» qui prévaut depuis quelques semaines, ne favorisent pas l'envie d'en découdre avec l'exécutif. Dans ces circonstances où le clivage droite-gauche s'affaiblit, c'est le FN qui tire son épingle du jeu en prêchant un discours antisystème.

Dans ces circonstances, la ligne du «ni ni» peut-elle être la plus efficace pour l'UMP d'un point de vue stratégique?

On voit que deux lignes s'affrontent encore une fois à l'UMP. Certains, à l'instar de Dominique Bussereau, député des Charentes- Maritimes, ont appelé à voter pour le candidat socialiste au nom d'un front républicain contre le FN. D'autres, comme Thierry Mariani ou Guillaume Peltier appellent l'UMP à rester fidèle à la ligne du «ni ni» théorisé jadis par François Fillon et approuvée par Nicolas Sarkozy qui consiste à appeler aux électeurs à ne voter ni pour le FN ni pour le «front républicain». Si ce dernier choisit cette stratégie, cela signerait la fin du climat étrange d'union nationale qui perdure depuis les attentats.

Faut-il lire dans ces résultats le scénario de la présidentielle de 2017?

Il faut bien sûr rester prudent. Mais la récente enquête IFOP pour Marianne montre bien que le FN arrive en tête dans tous les cas de figure au premier tour de la présidentielle. Le scénario qui se dessine est celui d'une élection où le premier tour sera une primaire entre le PS et l'UMP pour déterminer le candidat qui ira affronter Marine Le Pen au second tour.

Partielle dans le Doubs : un «effet 11 janvier limité et incomplet»

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137 commentaires
  • tintinaucongo

    le

    Le Front National promet de ne pas faire demain tout ce que Nicolas Sarkozy n'a pas fait hier !

  • RUFF

    le

    Visiblement les militants FN n'ont rien d'autre à faire un samedi aprèm qu'à aller poster sur le Figaro.fr... Le Monde et Libération ayant supprimé ce défouloir. Mais ça ne fera pas plus de votes dans l'isoloir.

  • Michel Harmand

    le

    Electeurs du Doubs, faites-vous entendre et donnez une bonne leçon à ce pouvoir et aux médias inféodés ! Un député FN de plus ne changera rien mais votre vote sera lourd de signification alors, aucun risque, sanctionnez hollande et le PS, merci !

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