Nicolas Sarkozy, on se réveille ?

Le nouveau président de l'UMP a voulu le pouvoir. Il serait temps qu'il l'exerce sur son camp. Quelques leçons de la partielle du Doubs.

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Nicolas Sarkozy doit trancher sur l'attitude à adopter pour le second tour de la législative partielle de dimanche dans le Doubs.
Nicolas Sarkozy doit trancher sur l'attitude à adopter pour le second tour de la législative partielle de dimanche dans le Doubs. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Allô ? Nicolas Sarkozy ? Panne d'oreiller ? L'élimination de l'UMP de la partielle du Doubs aura peut-être du bon dans la mesure où elle impose au président de l'UMP de sortir de la léthargie. Certes, Nicolas Sarkozy n'est pas responsable de la piètre qualité du candidat que l'UMP a présenté aux électeurs. Celui-ci a été désigné sous l'influence du triumvirat Raffarin-Fillon-Juppé, avec la préférence marquée du maire de Bordeaux pour Charles Demouge. Pour la petite histoire, Demouge était en concurrence pour l'investiture avec une jeune femme. Mais le triumvirat a fait le choix de la continuité plutôt que celui de l'audace. "Il faudra en tirer la leçon. Voilà ce qui se passe quand on fait un choix mou", analyse Laurent Wauquiez, le secrétaire général de l'UMP.

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Deuxième enseignement : l'ambiance "unité nationale" dans laquelle Nicolas Sarkozy s'est laissé enfermer. Sous le coup de l'émotion des attentats, le président de l'UMP a choisi d'être le partenaire de François Hollande, allant jusqu'à jouer des coudes pour être "sur la photo". Très bien. Mais comment en sortir ? Sarkozy n'a pas trouvé la voie. Il fut inaudible. Comme s'il ne parvenait pas à trouver un angle d'attaque qui fasse écho dans les profondeurs du pays.

De ce point de vue, le piège que lui tend Hollande est assez redoutable. En se déportant sur sa droite, avec la loi Macron (timide tentative de libéralisation de certains secteurs) ou encore les aides aux entreprises du pacte de responsabilité et la future réforme du travail de François Rebsamen, François Hollande occupe un espace idéologique qui rend la manoeuvre difficile pour l'UMP. Surenchérir dans le libéralisme ? Défendre de plus importantes économies budgétaires ? Certes, mais ce rigorisme n'est pas forcément porteur auprès de l'ensemble de l'électorat de la droite et du centre. En 2007, Sarkozy avait habilement capté certaines valeurs de la gauche et avait ainsi pu rallier une partie de l'électorat populaire. L'ancien chef de l'État peine à retrouver cette formule.

Bonjour la migraine à l'UMP !

"Si l'on croit qu'il suffit que la gauche se plante pour passer, cette élection démontre le contraire. Il y a donc urgence à se doter d'un programme", en conclut Laurent Wauquiez, lequel estime que la formule "centriste" développée dans le Doubs montre qu'elle ne fonctionne pas face au Front national. Il est vrai que Charles Demouge est allé jusqu'à dire : "Ce sont les bons petits blonds qui m'emmerdent, et pas les gens issus de l'immigration." Sans tomber dans les excès du FN, ce discours ne peut pas mobiliser un électorat de droite. Il faut être réaliste.

Enfin, quid de la présence sur le terrain ? Où était Nicolas Sarkozy quand Manuel Valls et Marine Le Pen ont, eux, fait le voyage dans le Doubs ? Que Charles Demouge n'ait pas voulu de la présence du président du mouvement n'est pas une excuse valable. Quand on est le chef d'un parti, il y a des choix tactiques que l'on se doit d'imposer. Cette élection était un test post-Charlie qu'il ne fallait pas rater. Il fallait donc se donner les moyens de la gagner.

Résultat : l'UMP se retrouve devant le choix de soutenir ou non le PS au deuxième tour. La division est étalée sur la place publique entre les partisans du "ni-ni" et ceux du front républicain (NKM, Bussereau). Évidemment, Sarkozy ne peut pas soutenir un front républicain bien que cette position apparaisse en décalage avec l'ambiance Charlie... Aucune solution n'est la bonne : se rallier au PS reviendrait à démissionner du rôle d'opposant que l'UMP doit tenir s'il ne veut pas que le FN apparaisse comme la seule force d'alternance. Rester sur le "ni-ni", c'est prendre le risque de laisser passer le FN et de le conforter du même coup comme la force en devenir... Nicolas Sarkozy a voulu revenir : bonjour la migraine !

Lire aussi notre interview de Charles Demouge : "Les attentats n'ont rien changé"

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Commentaires (28)

  • LYCA

    L’ex-leader des Jeunes pop’, qui n’a pas de titre de séjour français, a soutenu avoir demandé la nationalité française il y a un an et demi.
    Depuis, plus rien. Aucune trace au sein de l’administration d’une nouvelle demande de sa part. Le patron des jeunes pop, camerounais, et membre de la « Droite forte » au sein de l’UMP, n’a donc plus le moindre titre de séjour depuis début 2011. "

  • Aphroditechild

    Il faut savoir ce que l'on veut ; une fois, N. Sarkozy semble un "agité" et il se fait critiquer de toutes parts, une autre fois, il paraît "endormi" et là aussi, il y a de quoi polémiquer. Est-il vraiment "fini" comme le souhaitent ses détracteurs, on ne peut rien prédire pour le moment mais il n'aurait jamais du prendre la Présidence de l'UMP pour se rabaisser de sa fonction d'ex Président et de se voir ainsi être à la botte de ses traîtres qui ont bien profité de lui dans son gouvernement et qui ne le respectent plus en tant que chef de l'UMP. Il a peut-être changé son fusil d'épaule mais personnellement, je voudrais qu'il revienne sur le "ring", qu'il redevient lui-même et qui ne roule que pour lui et ses électeurs.

  • ubu22

    Le piège tendu et par le PS et par le FN avant l'élection de 2012 déjà à cette époque se referme. Il lui faut affirmer que politiquement il n'est ni pour l'un, ni pour l'autre et laisser les électeurs libres de leur choix. Le nombre d'abstentionnistes est un signe et mérite une certaine considération. La réalité est de ce côté et non du côté des interprétations politiques