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Terres rares : quand l'Occident rêve de bousculer le monopole de la Chine

•Une cinquantaine de projets existent, notamment en Australie, aux Etats-Unis et au Groenland.•La baisse des prix et les coûts de développement mettent toutefois à mal l'industrie occidentale.

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Par Muryel Jacque

Publié le 4 févr. 2015 à 01:01

Aujourd'hui, qui dit terres rares dit Chine. Le pays domine le marché : il a produit l'an dernier 98 à 99 % de ces métaux devenus essentiels à de nombreuses industries, de l'automobile aux télécoms en passant par le nucléaire. Mais la donne mondiale pourrait changer d'ici à la fin de la décennie.

Aujourd'hui, seuls deux gisements sont exploités en dehors de Chine, l'un à l'ouest de l'Australie, Mount Weld, l'autre, Mountain Pass, en Californie. Mais une cinquantaine d'autres projets sont en cours de développement, dont la moitié sont bien avancés, détaille Ryan Castilloux, spécialiste des métaux stratégiques et fondateur de Adamas Intelligence, un cabinet de conseil qui a publié récemment un rapport sur l'évolution du secteur entre 2008 et 2020.

Face aux restrictions imposées par la Chine pendant une dizaine d'années (le pays vient tout juste de supprimer ses quotas à l'exportation), plusieurs pays ont de nouveau investi dans ce secteur qu'ils avaient abandonné à la fin des années 1990. D'ici à 2020, une vingtaine de sociétés seront a priori capables de produire des terres rares en dehors de Chine, dont les coûts de développement avoisinent au total 12 milliards de dollars, selon Bloomberg, qui a compilé des chiffres d'Euro Pacific. Un montant important lorsqu'on sait que le marché des oxydes de terres rares dans sa globalité est évalué à 3,8 milliards de dollars en 2014.

Le projet de Norra Kärr en Suède, l'un des rares en Europe, est très attendu par le marché européen, raconte Ryan Castilloux, car il peut produire beaucoup de dysprosium. Cette terre rare est devenue de plus en plus difficile à obtenir pour les industriels, qui tentent de réduire son utilisation. Elle sert à la fabrication d'aimants permanents utilisés par exemple dans les éoliennes. On la trouve aussi dans les réacteurs nucléaires.

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Ces projets en développement à travers le monde sont observés de près par la Chine. China Minmetals, l'un des trois géants chinois des terres rares, indiquait en octobre dernier au « South China Morning Post » que la part de marché du pays dans le secteur pourrait baisser à 65 %, contre le quasi-monopole d'aujourd'hui. Car, outre l'exploitation minière renaissante dans le monde, le combat des autorités chinoises entamé en 2010 pour réduire l'extraction illégale de terres rares commence à porter ses fruits. Cette production sauvage a atteint son apogée en 2012, selon Adamas Intelligence. Depuis, les terres rares illégales, qui proviennent avant tout du sud du pays, reculent chaque année un peu plus. Elles seraient ainsi passées de 40.000 tonnes il y a trois ans à 15.000 à 20.000 tonnes l'an passé, et seront probablement inférieures à 10.000 tonnes en 2020.

La baisse continue des prix des terres rares depuis deux ans rend cependant la tâche plus difficile à l'industrie occidentale. Elle ne se porte pas au mieux : en Bourse, les actions de Lynas, qui exploite Mount Weld, et de Molycorp, qui exploite Mountain Pass, sont au plus bas de leur histoire. Le consensus veut croire que ces prix, pour la plupart, ont désormais atteint leur plus bas, mais ils ne remonteront pas aussi haut qu'en 2011. Ryan Castilloux en est certain : « l'âge d'or des terres rares appartient au passé ».

Des micromarchés

Il peut s'avérer difficile de faire des projections sur les marchés des terres rares. « Ce sont des marchés de niche pilotés par l'innovation », avise Patrice Christmann, responsable de la division stratégie des ressources minérales au BRGM. Sur les quinze terres rares produites à l'échelle industrielle, sept ou huit ont une application à grande échelle. Mais il y a aussi de nombreuses applications plus confidentielles de très haute technologie et qui évoluent donc très rapidement, poursuit le géologue. Par exemple, l'éclairage a entamé une transition accélérée vers les LED, nettement moins consommatrices de terres rares.

Muryel Jacque

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