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L'interminable liste des élus parisiens en logement social

Depuis plusieurs mois, les révélations sur les élus de la capitale qui bénéficient de logements sociaux se multiplient.

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Publié le 05 décembre 2013 à 12h55, modifié le 05 décembre 2013 à 17h48

Temps de Lecture 6 min.

Le conseil de Paris en 2008.

C'est une histoire sans fin. Après deux têtes de liste de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP aux municipales à Paris, c'est au tour de cinq adjoints PS de la mairie d'être dans la tourmente après que le site d'information Mediapart a révélé qu'ils occupaient un logement social. Dans la journée, Anne Hidalgo, candidate PS à la succession de Bertrand Delanoë, a annoncé qu'elle demanderait aux conseillers de ne plus etre locataires d'un logement social.

Depuis des années, la presse révèle régulièrement que des politiques, élus parisiens ou nationaux, bénéficient d'appartements de la régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) ou de Paris Habitat malgré des revenus parfois confortables et qui leur permettraient de se loger dans le parc privé. Un abus d'autant plus mal perçu que le prix du logement explose dans la capitale, où le parc social est notoirement insuffisant.

En 2011, on comptait 387 000 demandeurs de logements sociaux en Ile-de-France. Seuls 75 000 à 80 000, soit 20  % environ du total, en ont obtenu, dont 11 000 à 12 000 à Paris. En 2013, le nombre de demandes est monté à 500 000 dans la région parisienne.

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Les logements sociaux sont attribués sur critères multiples, dont les revenus. Il existe quatre types de logements sociaux, qu'on peut obtenir avec des ressources annuelles qui vont jusqu'à 41 000 euros pour une personne seule et jusqu'à plus de 100 000 euros avec des personnes à charge. Plusieurs acteurs disposent de droits réservataires, c'est-à-dire d'une quantité de logements attribuables : l'Etat et les collectivités locales, notamment.

Les élus listés ici ne sont pas hors la loi. Il existe plusieurs cas, de l'élu qui a eu son logement social par le circuit classique avant son élection, à celui qui l'a obtenu pour des raisons justifiables de précarité, en passant par des cas plus problématiques. La pratique fait scandale régulièrement, depuis des années, sans que la mairie ni les bailleurs sociaux ne parviennent à mettre un terme à ces pratiques, ou à trancher en imposant une règle unique aux élus.

- Cinq adjoints PS ou PC de Bertrand Delanoë sont concernés par ces pratiques,  selon Mediapart : tous étaient déjà en logements sociaux avant son élection en 2001, et y sont restés. Il s'agit de :

- Jean Vuillermoz (adjoint PC chargé du sport), qui paye 300 euros (hors charges) pour 53 m² dans le 20e arrondissement. Un logement obtenu « par la ville » suite à un divorce, explique-t-il à Mediapart.

- Liliane Capelle (adjointe PS aux seniors), qui paye 1 800 euros pour un 100 m² dans le 11e arrondissement, racheté par RIVP en 2004 alors qu'elle l'occupait comme locataire.

- Pierre Mansat (adjoint groupe PC chargé de Paris métropole), qui paye 1 100 euros pour un 75 m² dans le 12e arrondissement, obtenu avant son élection.

- Claudine Bouygues (adjointe PS aux droits humains et à l'intégration), qui paye 696 euros, charges comprises, pour un 56 m² dans le 17e arrondissement, un logement qu'elle occupe depuis 1989.

- Didier Guillot (adjoint PS à la vie étudiante), qui paye 1 900 euros pour 113 m² dans le 18e arrondissement, depuis 2000, après un premier logement social obtenu en 1997, alors qu'il était salarié du conseil régional d'Ile de France

Catherine Vieu-Charier (adjointe PC à la mémoire et aux monde combattant) se trouve dans un cas différent, mais au moins aussi avantageux : ancienne directrice d'école, elle a gardé son appartement de fonction de 68 m², dans le 20e arrondissement, dont elle ne paye que les charges (300 euros).

- Un élu UMP : Quelques jours auparavant, le quotidien 20 Minutes révélait que Geoffroy Boulard, adjoint à la sécurité du 17e arrondissement et directeur de campagne de Brigitte Kuster, candidate UMP dans cet arrondissement, bénéficiait lui aussi d'un logement social, au nom de son épouse. L'appartement, de 74 m², leur coûte 1 170 euros par mois, 60 % de moins que le parc privé, selon 20 Minutes.

-  Deux têtes de liste UMP : En novembre, le Lab d'Europe 1 révélait que deux têtes de liste de Nathalie Kosciusko-Morizet occupaient des logements sociaux. Jean-Jacques Giannesini, qui bénéficie d'un 80 m² dans le 19e arrondissement, pour 1 200 euros par mois, a promis qu'il le quitterait.

Quant à Jacques-Yves Bohbot, chef de file de Mme Kosciusko-Morizet dans le 11e arrondissement, il profitait pour sa part d'un 88 m², dans le Marais (4e), pour 1 500 euros par mois, charges comprises. Il a promis que le bail irait à son épouse et à ses quatre enfants.

- Une série de figures de la campagne UMP : A la suite des révélations autour de MM. Bohbot et Giannesini, Le Figaro évoquait une série d'autres noms,  pour partie déjà révélés par Le Monde en 2011, dont celui de Gérard d'Aboville, conseiller du 15e arrondissement, qui bénéficie d'un logement social, qu'il a promis de quitter... en cas de réelection.

- Des centristes : Autre révélation du Figarodeux conseilleres centristes, l'UDI Edith Gallois et la MoDem Fadila Mehal, ont elles aussi bénéficié de logements sociaux, la première ayant résilié son bail à la rentrée, la seconde assurant avoir son logement depuis huit ans.

- Une figure du Parti de gauche : Autre cas, celui d'Alexis Corbière, premier adjoint à la mairie du 12e arrondissement et secrétaire national  du Parti de gauche, qui bénéficie également, avec sa compagne, Raquel Garrido, elle aussi cadre du parti de M. Mélenchon, d'un logement social, dont il n'a pas l'intention de partir.

- Une maire d'arrondissement sortante : Toujours dans le 12e arrondissement, la maire sortante, Michèle Blumenthal, bénéficie aussi d'un logement de 70 m² dans son arrondissement.

Mais les élus parisiens ne sont pas les seuls à profiter de logements sociaux dans la capitale. On se souvient du cas récent de l'activiste anti-mariage pour tous Frigide Barjot, finalement expulsée de son appartement de la Ville de Paris. D'autres cas sont connus d'élus qui jouissent de logements pris sur le parc social de la capitale.

- Jean-Pierre Chevènement. Le cas le plus connnu est celui de M. Chevènement, qui profite de 120 m², dans le prestigieux 5e arrondissement, pour 1 271 euros par mois, et qui refuse de le quitter.

- Delphine Batho. Autre cas connu, l'ancienne ministre, qui bénéficiait elle aussi d'un logement social lorsqu'elle était parlementaire, et qui l'a quitté en entrant au gouvernement.

Cette liste n'est évidemment pas exhaustive. Les régies chargées du logement social à Paris, qui se disent démunies légalement pour faire partir des élus récalcitrants, promettent régulièrement de « faire le ménage » dans ces logements attribués à des personnalités, mais restent discrètes sur le nombre d'élus qu'elles logent dans leur parc.

Quant aux politiques concernés, ils invoquent en général la « précarité » de leur statut et leurs difficultés à se loger dans le privé de ce fait. Si tous les élus listés ci-dessus ne gagnent pas des sommes importantes, l'argument peut laisser sceptiques les milliers de Parisiens confrontés à un marché immobilier de plus en plus cher, et qui souffrent également de difficultés pour se loger.

Les deux candidates, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, ont promis qu'en cas d'élection, elles instaureraient plus de transparence. NKM explique qu'elle interdira aux conseillers d'avoir un logement social, Anne Hidaglo parlait jusqu'ici de « commission indépendante » chargée de statuer sur les cas de bénéficiaires avant leur élection. Elle vient de durcir sa position en demandant qu'aucun conseiller de Paris ne soit locataire d'un logement social.

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