
JUSTICE - François Pérol, le patron de la BPCE, va être renvoyé en correctionnelle pour prise illégale d'intérêt, a-t-on appris ce jeudi 5 février de sources proches du dossier et de source judiciaire.
Il est reproché à ce proche de Nicolas Sarkozy d'avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du groupe issu du mariage entre la Banque populaire et la Caisse d'épargne (BPCE), alors qu'il avait suivi le dossier à l'Elysée en tant que secrétaire général adjoint en charge des dossiers économiques.
Un procédé interdit par la loi
Or, la loi interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu'il a surveillée, avec laquelle il a conclu un contrat ou sur laquelle il a fait des propositions à l'autorité compétente dans les trois ans précédant son passage du public au privé. Ce délit est passible de deux ans de prison et de 30.000 euros d'amende.
D'après des témoignages, c'est l'ex-chef de l'Etat qui avait réuni à l'Elysée les patrons des deux banques, le 21 février 2009, en présence de François Pérol et de son secrétaire général, Claude Guéant, pour leur souffler un nom.
Une décision "sans appel" de l'Elysée
"Le président de la République nous indiquait (...), en rappelant que l'Etat prêtait 5 milliards (aux deux banques), qu'il entendait que François Pérol (...) soit proposé comme futur directeur général exécutif du nouvel ensemble", a témoigné Bernard Comolet, alors patron de la Caisse d'Epargne. Une annonce "sans appel", "présentée comme une décision", a-t-il assuré, selon une source proche du dossier.
"Le principal objet de cette réunion était de nous signifier la nécessité d'agréer la proposition de nommer François Pérol", a abondé Philippe Dupont, alors patron de Banque populaire.
Cette réunion survenait dans un contexte de crise financière. Quelques jours plus tard, cette candidature était validée par les deux banques. L'opposition avait immédiatement dénoncé un conflit d'intérêts.