Design : à quoi rêvent les objets ?
Par Claire Richard
Publié le
Exposition Oracle du design - Patrick Jouin/CNAP Les réserves secrètes du Centre national des arts plastiques (CNAP) sont situées quelque part en grande banlieue parisienne, entre un Saint-Maclou et une grande surface. Les bâtiments sont...
Exposition Oracle du design
Exposition Oracle du design - Patrick Jouin/CNAP
Les réserves secrètes du Centre national des arts plastiques (CNAP) sont situées quelque part en grande banlieue parisienne, entre un Saint-Maclou et une grande surface. Les bâtiments sont aussi riants qu’un siège d’entreprise de sécurité et il est impossible, en les voyant depuis la route, d’imaginer qu’ils abritent une des plus importantes collections de design de France.
Ces réserves ne sont pas ouvertes au public. Fin janvier, elles ont exceptionnellement accueilli un groupe de journalistes, dont votre servante, pour une présentation de l’exposition Oracles du design, organisée par la Gaîté lyrique et le CNAP.
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N’ayant jamais été dans une réserve de musée, j’imaginais quelque chose à mi-chemin entre le cabinet de curiosités et la grande galerie du Louvre. En fait, les réserves ressemblent surtout aux entrepôts Ikea où on passe chercher ses cartons d’étagère Billy avant de passer à la caisse.
C’est cette banalité qui les rend fascinantes : l’idée que dans ces cartons lambda sommeillent des œuvres majeures, qui attendent patiemment en zone périurbaine de reprendre vie dans un musée ou une exposition temporaire.
L’inconscient des choses
Ce jour-là, certaines des œuvres étaient de sortie, posées en petits groupes sur le béton. La commissaire de l’exposition Lidewij Edelkoort a fait la visite. C’est elle qui a choisi dans les collections du CNAP des objets qu’elle a regroupés en « thèmes ». Elle est « chasseuse de tendances » et c’est son boulot d’identifier l’air du temps :
« C’est un peu comme faire de l’archéologie. On recueille des fragments, et un jour on tombe sur un fragment clé, qui permet soudain de comprendre. Mais on n’invente rien. »
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« Simple », « humble », « curieux », « gonflé », « abstrait », « naïf », « nomade », « mutant », « archaïque » et « organique » : voilà ce qui obsède le monde des choses.
On entre dans un monde de plus en plus complexe et virtuel, mais ces objets tendent vers la simplicité et la matière. Ils indiquent aussi la tentation du repli, sur des formes rondes, des images d’enfance, rien qui menace.
Vu à leur prisme, la société de consommation veut de la simplicité, de la douceur, du brut, du pas trop enraciné. Certes, c’est agréable et sans arêtes – mais ça ne dessine pas une époque trépidante.