Le Parti socialiste n'est plus la première force de gauche, en Espagne. La formation de gauche radicale Podemos vient de prendre sa place, d'après le dernier baromètre du Centro de Investigaciones Sociológicas (CIS) publié ce mercredi. Un an à peine après sa naissance, ce parti qui découle du mouvement anti-austérité des Indignés rêve déjà d'un destin à la Syriza, son cousin grec, à quelques semaines de ses premiers rendez-vous électoraux.

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Podemos reste devancé par le parti conservateur au pouvoir, le PP (Partido popular) crédité de 27,23% des intentions de vote. Mais avec 23,9% des intentions de vote, il coiffe le PSOE (Partido socialista obrero español) qui récolterait 22,2% des suffrages, d'après cette enquête menée début janvier. Le dernier baromètre électoral donnait à peu près les mêmes scores, mais le PSOE devançait encore Podemos, il y a trois mois.

Vague d'élections en 2015

"La formation de Pablo Iglesias a tout de suite accaparé l'intérêt des déçus du bipartisme, surtout sur le flanc gauche", analyse El Mundo (centre droite). D'où "la perte de terrain du PSOE", note El Pais (centre gauche). "Mais il n'y aura pas d'occasion de confirmer l'ampleur du phénomène Podemos avant les élections générales" prévues en novembre 2015, ajoute le quotidien. D'ici là, le parti de Pablo Iglesias a tout le temps de peaufiner sa transformation en "machine de guerre électorale", d'après l'expression des Inrocks qui lui consacraient récemment une enquête.

Le mouvement anti-austérité qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Madrid samedi dernier pour une grande "marche pour le changement" ne présente en effet aucun candidat aux élections municipales de mars 2015. Et ne présente pas de candidat dans les 13 "autonomies" où l'on renouvelle aussi les élus régionaux cette année, rappelle El Pais. Le tableau sera donc incomplet d'ici novembre 2015.

Une version espagnole de Syriza?

Le grand meeting de samedi ressemblait pourtant à s'y méprendre à un lancement de campagne électorale. En 2015, "nous gagnerons les élections face au PP", a assuré le chef du parti Pablo Iglesias, âgé de 36 ans, suscitant l'enthousiasme parmi la foule. Les orateurs se succédant à la tribune avaient décrit une Espagne où seuls deux camps existent: ceux "d'en haut" et ceux "d'en bas". Et de défendre un peuple qui a subi "l'humiliation et l'appauvrissement".

Le parti de Pablo Iglesias a beau refuser, encore, d'être officiellement classé à gauche, on y retrouve volontiers des accents d'Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale grecque devenu Premier ministre à Athènes. Parmi les rares propositions concrètes avancées par Podemos, d'ailleurs, on retrouve la lutte contre la Troïka (BCE, UE, FMI) qui dirige les finances européennes, la corruption, les inégalités, et en faveur de l'amélioration de la santé publique et d'une restructuration de la dette publique espagnole (96,8% du PIB). Entre Athènes et Madrid, il y a de l'écho.




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