La chancelière allemande n’aura-t-elle bientôt plus rien à dire ? Les Grecs ne lui demandent même pas son avis. Depuis sa prise de fonctions, Alexis Tsipras se rend en visite à Bruxelles, Londres, Paris et Rome, mais évite soigneusement Berlin. L’Allemagne n’est pourtant pas absente de son monde.

Tsipras a fait sa première apparition officielle après son élection à Kaisariani, une banlieue d’Athènes où plus de 600 résistants ont été exécutés par les troupes d’occupation allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa présence en ce lieu historique était un message politique : à l’époque, la Grèce était occupée par la Wehrmacht, aujourd’hui elle souffre encore sous le joug allemand. On peut trouver la comparaison inappropriée, voire de mauvais goût, mais il n’y a pas qu’en Grèce qu’on comprend ce genre de geste symbolique.

La chancellerie observe avec suspicion ces procédés, cette façon de relier indûment des questions actuelles à de sombres chapitres de l’Histoire. “Tsipras tente de semer la division dans l’UE”, juge-t-on dans la coalition. Si l’Allemagne demeure le pays économiquement et financièrement le plus puissant de l’UE, l’influence de la chancelière ne semble plus sans limites. “On dirait que Merkel est en train de perdre le contrôle des événements”, entend-on même dans son proche entourage.

La rigueur se relâche de plus en plus en Europe. La France et l’Italie ont déjà obtenu de Bruxelles davantage de temps pour atteindre leurs objectifs budgétaires, et obtiendront probablement des délais supplémentaires en mars. Jean-Claude Junker, le président de la C