PS : Gérard Collomb prend la tête des frondeurs anti-frondeurs
Ralliant parlementaires et barons autour d'une ligne "sociale-réformiste", le sénateur et maire de Lyon compte peser lors du prochain congrès.
Par Jérôme CordelierTemps de lecture : 2 min
L'affaire a commencé comme un pari, elle est en train de prendre. Gérard Collomb, le sénateur et maire de Lyon, constitue en septembre un pôle de réformateurs du PS à partir du Palais du Luxembourg. Le groupe est rejoint par celui formé par les Parisiens Christophe Caresche et Jean-Marie Le Guen. Ensemble, ils signent une contribution d'une trentaine de pages - que Le Point a publiée en exclusivité - en vue du prochain congrès de leur parti, début juin à Poitiers.
En une poignée de jours, ils fédèrent autour d'eux une quarantaine de parlementaires de tous les horizons - à l'exception de la Bretagne - et plusieurs barons locaux, notamment Daniel Percheron, le président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais (une pierre dans le jardin de Martine Aubry), ou encore Jean-David Ciot, premier secrétaire fédéral des Bouches-du-Rhône (lire la liste des signataires). "Nous avons les grandes fédés avec nous !" se réjouit Gérard Collomb, qui compte bien prouver que les réformateurs sont légion au PS. En tout cas bien plus nombreux que les frondeurs, "cette trentaine de personnes autoproclamées à Paris qui prétendent incarner le PS, alors qu'ils ne représentent qu'eux-mêmes et sont hostiles au gouvernement." En clair, voici les frondeurs anti-frondeurs.
"C'est quoi, la ligne ?"
"Il ne faut pas laisser le monopole de la parole aux frondeurs, lâche ainsi Philippe Doucet, député du Val-d'Oise. Nous avons déjà bien plus de parlementaires avec nous qu'eux. Une révolution silencieuse est en cours à la base du parti pour assumer une ligne réformatrice." Ils ne sont ni sociaux-démocrates ni sociaux-libéraux. Mais sociaux-réformistes. "Moi, je le suis même depuis 1968", sourit Gérard Collomb. Pour l'économie de marché et ceux qui la font, mais dans la régulation et la co-construction.
"Les congrès avant l'élection de François Hollande avaient pour enjeux les personnes, et non les lignes politiques, souligne le maire de Lyon. Les aspects tactiques l'ont emporté sur les visions stratégiques, et le courant réformiste s'est divisé. Maintenant, il faut savoir : c'est quoi, la ligne ?" Remettre de la pensée et de "la fierté idéologique" au centre de la famille socialiste, arrêter "la prime à la dissidence dans le jeu médiatique"... Voici les enjeux que ces élus, souvent de terrain, fixent au congrès. "Il existe quand même un risque que ce congrès soit stérile, prévient Christophe Caresche. Il faut sortir du molletisme. Nous voulons peser sur le texte final."
Dans cette nouvelle bataille de Poitiers qui s'annonce, un grand duel entre deux féodaux : Gérard Collomb et Martine Aubry. Les Parisiens n'ont qu'à bien se tenir...
Lire aussi Congrès du PS : qui pour défier Cambadélis ?