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Politique

Pourquoi Nicolas Sarkozy sème la panique à droite

Ses propres thuriféraires l’annonçaient plus requinqué et dynamique que jamais. Or ils cherchent toujours les idées neuves et le contemplent en train de tenter des synthèses molles !
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Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy, le 29 janvier à Tourcoing.
PHILIPPE HUGUEN/AFP

"On a perdu Nicolas…". Les sarkozystes sont désorientés, défaits, hagards. Quasi orphelins. Et que la presse ait repéré Sarkozy en vol d’affaires à Abu-Dhabi… alors qu’il aurait dû, au lendemain d’une législative partielle perdue, s’imposer en initiative à Paris les a plus détruits encore. Comment être aussi absent dans un moment si crucial, puis se faire battre dans un vote interne par celui qu’il persiste à toiser d’un "mon petit Xavier" (Bertrand) ?!... L’UMP a mal à la tête et à l’âme, elle qui croyait avoir retrouvé son patron dont il était prévu de célébrer l’avènement ce samedi en conseil national parisien. Un bureau politique exceptionnel en urgence a été rajouté. Ca ne suffira pas. Car un parti bonapartiste sans Bonaparte, c’est la Grande armée sans son petit Caporal, ni plan de bataille. De surcroît, si le chef au lieu de "cheffer" et de bouchonner les troupes est toujours occupé à faire du fric, c’est plus qu’un abandon ! C’est une désertion, alors même que le combat politique pour la droite se révèle plus mal engagé que jamais.

L’histoire, qui a son ironie, retiendra peut-être que le thème de sa conférence aux Emirats Arabes Unis était "le leadership"… Car justement, ses plus proches ne comprennent que "Super-Sarko" puisse en manquer à ce point de… leadership. Même l’or qu’il touche se transforme en plomb. En privé, les députés UMP ne décoléraient pas  contre "ce déplacement déplacé", car "aller chercher des chèques dans les pays arabes, ce n’est vraiment pas le moment". Surtout quand Bruno le Maire et Alain Juppé ont entrepris d’attaquer le monarque déchu sur ses penchants pour l’argent en général, et pour certaines monarchies pétrolières, le Qatar en particulier. "On tombe toujours là où l’on penche", souligne ainsi un  juppéiste, qui n’en revient quand même pas d’un tel manque de flair et de vista. Alors que c’est précisément ce qui caractérisait Sarkozy le jeune, le nez, l’anticipation. "Le Vieux" paraît enrhumé et dépassé.

Un transfert d'autorité

Car le revenant avait promis de "tout casser". Or tout lui résiste et se rebelle, les événements, les adversaires, et même les compagnons et amis. Son élection à la tête de l’UMP devait se faire en majesté pour mieux l’opposer à la demie portion présidentielle qui avait usurpé son siège à l’Elysée. Or c’est Hollande qui a gagné en souveraineté à la faveur des événements tragiques. Le chef de l’Etat a conquis l’Autorité que Sarkozy n’a pas su imposer. Les quadras de son parti n’en font qu’à leurs fantaisies en cultivant leurs singularités pendant que le sexa (François Fillon) et le septa (Alain Juppé) tentent de se distinguer par la radicalité ou par la raison mais en l’enfonçant toujours davantage. On ne le craint plus guère. Il n’impressionne qu’à peine.

Ses propres thuriféraires l’annonçaient pourtant plus requinqué et dynamique que jamais.  Régénéré. Inventif. Or ils cherchent toujours les idées neuves et le contemplent ahuri en train de tenter des synthèses molles à la Hollande d’autrefois, en plaidant "il faut garder les centristes et Alain avec nous". Priorité aux "caramels mous" ? Impossible ! "Sarko devrait taper sur la table, dit un de ses plus proches. Or il nous tape sur le système avec ses atermoiements publics, tout en se montrant toujours aussi odieux et cassant en privé !". Un fantôme inconsistant alors qu’ils espéraient le retour du conquérant tranche montagne.

Hollande lévite... ça grince à droite

Pendant ce temps là, le président par intérim est devenu le Président de la République. Le chef de l’Etat, chef des Armées. Rassembleur. Protecteur. Garant de l’Union Nationale . Nicolas Sarkozy et les siens l’ont une nouvelle fois tant sous estimé. Ils ne l’avaient pas imaginé ainsi "non seulement prenant de la hauteur, mais lévitant", comme le dit drôlement le patron de l’UDI Jean-Christophe Lagarde. Mais l’expression situe bien la difficulté pour l’opposition de trouver la bonne distance pour le critiquer. Voilà un président républicain de consensus qui de surcroît prend des initiatives que la droite souhaitait, et dont elle le disait incapable. Comme ce voyage de la paix avec Merkel en Ukraine et en Russie ! Qu’objecter ? Rien, sinon s’incliner, mais ça grince. Sans doute les résultats économiques sont-ils encore trop chiches et le chômage trop élevé.  Mais Hollande joue son rôle présidentiel, quand Sarkozy n’a pas trouvé le sien. Le peut-il ?

Valéry Giscard d’Estaing y avait échoué, on s’en souvient. Lui aussi avait été battu en tentant de se faire réélire à l’Elysée. Il en était sorti dévasté de l’intérieur. Explosé. Rien de plus terrible, de plus ravageur que ce suffrage universel qui vous désavoue, alors que précédemment vous avez été sacré. Impossible de renvoyer le poids de la défaite sur d’autres, même si comme Nicolas Sarkozy on prétend qu’on n’a pas vraiment été vaincu, que c’est "le mensonge qui a gagné"… Le président sortant en est sorti lui aussi laminé de l’intérieur. Alors même que sur sa droite le terrain a été plus occupé que jamais par Marine Le Pen. Voilà "Sarko" pris en étau…

Le ressort de la revanche

On comprend donc l’affolement, la panique qui gagne tous ceux qui serrent la main de Sarkozy, comme si lui prenaient le pouls afin vérifier jusqu'à quel point il est malade. Certes les éléments de langage ont été distribués : "Nicolas joue le rôle difficile de rassembleur. Au bout du compte, il aura gagné car il aura réuni le parti et coincé Juppé et Cie dans une primaire dont il va triompher".  Mais ils ont du mal eux-mêmes à se convaincre. Le ressort sarkozyste, celui de la seule revanche, leur semble insuffisant. Grippé. Ils s’inquiètent. "Peut-il se remettre ?". "Est-il condamné ?". Pour que des sarkozystes se posent, vous posent la question, c’est que ça va mal. Très mal... Il faudra plus qu’un beau discours troussé ou plutôt retroussé par Henri Guaino pour les rassurer, plus qu’une bonne émission de télé qu’ils attendent, car ils n’ont toujours pas compris pourquoi ce médiateur hors pair a fui les plateaux ces derniers jours comme s’il se cachait. Non, il faudra qu’il retrouve la main, sa main de prestidigitateur, ce qui est ardu quand on a perdu le… pouvoir.

 

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