Mercredi, un sommet réunissant France, Allemagne, Ukraine et Russie doit avoir lieu à Minsk, en Biélorussie, avec pour objectif d'esquisser une solution pour l'Ukraine, a annoncé dimanche 8 février la chancellerie allemande, à l'issue d'une conférénce téléphonique à quatre. François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko et Vladimir Poutine ont conduit « une longue conférence téléphonique » dans la matinée, selon le communiqué.
Les quatre représentants continuent « à travailler à un paquet de mesures dans le cadre de leurs efforts pour un règlement global du conflit dans l'est de l'Ukraine », rapportent les communiqués allemand et français.
« Les signataires des accords de Minsk », issus d'une première tentative en Biélorussie en septembre dernier d'un règlement au conflit, « vont également se retrouver à Minsk d'ici à mercredi », selon Berlin. Il s'agit de représentants de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), de la Russie et de l'Ukraine, ainsi que des leaders prorusses de l'Est de l'Ukraine. Les travaux se poursuivront lundi à Berlin, « avec pour objectif de tenir mercredi à Minsk un sommet dans le format "Normandie" » réunissant les quatre puissances.
Le format « Normandie » fait référence à une rencontre, en juin dernier en marge des cérémonies du 70e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944 sur les plages normandes, entre les présidents russe, Vladimir Poutine, et ukrainien, Petro Porochenko, en présence de François Hollande et d'Angela Merkel. Vladimir Poutine a affirmé de son côté qu'il projetait de rencontrer les dirigeants allemand, français et ukrainien mercredi, à condition que les parties se rapprochent d'ici là d'un accord sur la mise en œuvre du protocole de Minsk.
« PAS DE FOSSÉ » ENTRE EUROPE ET ÉTATS-UNIS
Le président français et la chancelière allemande se sont rendus ensemble jeudi à Kiev et vendredi à Moscou dans le cadre d'une initiative de paix « de la dernière chance » pour tenter de trouver une issue à l'escalade de la violence dans l'est de l'Ukraine, qui serait fondée sur les accords de Minsk, restés jusqu'ici lettre morte. Si la Russie, qui a annexé en mars la péninsule ukrainienne de Crimée, continue de nier toute implication dans le conflit dans l'est de l'Ukraine, Kiev et les Occidentaux la montrent du doigt pour son soutien militaire aux rebelles et le déploiement de troupes régulières sur le sol ukrainien.
« Ce que la France et l'Allemagne cherchent actuellement en Ukraine, ce n'est pas la paix sur le papier mais la paix sur le terrain », a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, lors de la conférence internationale sur la sécurité de Munich dimanche.
Alors que depuis plusieurs jours, des responsables américains se montraient en faveur de livraisons d'armes à l'Ukraine, Angela Merkel a opposé un refus catégorique, samedi à Munich. Pour elle, la solution diplomatique doit absolument être privilégiée. Cependant, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est employé dimanche à minimiser les points de désaccord avec l'Europe. « Il n'y a pas de division, il n'y a pas de fossé », a-t-il déclaré à la Conférence de Munich, précisant que « nous sommes tous d'accord pour dire que ce défi ne sera pas surmonté grâce à la force ».
INTENSES COMBATS AUTOUR DE DEBALTSEVO
Le même jour, un porte-parole militaire ukrainien a déclaré que d'intenses combats se poursuivaient dans le secteur de Debaltsevo, petite ville et nœud ferroviaire stratégique où les séparatistes ont tenté à plusieurs reprises de briser les lignes de l'armée régulière. L'armée a annoncé que douze soldats ukrainiens ont encore été tués en 24 heures. On compte en outre douze morts parmi les civils, d'après des bilans réalisés séparément par Kiev et les rebelles.
La porte-parole du département d'Etat américain, Jen Paski, a appelé dimanche les belligérants à la retenue, estimant que « les combats intenses » à Debaltsevo et près de Marioupol « pourraient saper les efforts diplomatiques en cours ». Vladimir Poutine « se comporte au XXIe siècle comme un tyran du XXe siècle », en envoyant des troupes « franchir une frontière internationale pour occuper le territoire d'un autre pays », a pour sa part accusé le ministre britannique des affaires étrangères. Philip Hammond a déclaré que la Grande-Bretagne ne projetait pas de livraisons d'armes à l'Ukraine, mais il s'est dit favorable à un nouveau durcissement des sanctions européennes à l'encontre de la Russie.
Voir nos explications en plateau, avec Alain Frachon : Ukraine : l'initiative franco-allemande peut-elle réussir ?
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