Législative dans le Doubs : état d’alerte

Législative dans le Doubs : état d’alerte
La candidate FN Sophie Montel, au soir du second de l'élection législative partielle dans le Doubs, le 8 février 2015. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Le socialiste Frédéric Barbier a gagné face à la candidate FN Sophie Montel. Mais la mobilisation a profité au FN plus qu’à la gauche. Et les électeurs UMP s’habituent à se rallier à l’extrême droite.

Par Le Nouvel Obs
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Le danger se précise. La marée monte. Et plutôt qu’un "lâche soulagement", la victoire de Frédéric Barbier dans la quatrième circonscription du Doubs doit désormais provoquer un salutaire sursaut. Malgré ses quatre points de retard au premier tour, et l’absence de consigne de l’UMP en sa faveur, le candidat socialiste a donc réussi à l’emporter. C’est heureux. Pour autant, son succès étriqué est lourd d’enseignements inquiétants. Il achève de dissiper quelques idées reçues qui sont autant d’idées fausses.

Le FN engrange

D’abord, le fait que l’abstention servirait le Front national. C’est faux. Et ce n’est pas nouveau. D’un tour à l’autre, la participation a progressé de dix points lors de cette élection législative partielle. Ce sursaut de mobilisation a profité largement autant, et même plus, à la candidate d’extrême droite qu’à son adversaire de gauche. Rien d’étonnant. Rappelons que depuis 40 ans, le Front national a recueilli ses meilleurs scores nationaux lors du scrutin où l’abstention est la plus faible, en l’occurrence la présidentielle, avec 17,9% pour Marine Le Pen en 2012, et 16,9% pour son père dix ans plus tôt (17,8% au second tour).

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Par ailleurs, force est de constater que les électeurs de droite ont de moins en moins de réticence à se reporter sur le candidat FN au deuxième tour. On le constatait depuis déjà plusieurs années dans les terres conservatrices du sud-est de la France, en Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur). C’est désormais le cas aussi dans des coins du pays plus populaires, plus ancrés à gauche, cette France du Nord-est frappée par la désindustrialisation, où l’ancrage du FN est plus récent.

Les rapports de force du premier tour pouvaient laisser augurer d’une victoire du candidat socialiste dans une fourchette allant de 53 à 55 % des suffrages exprimés. En atteignant le seuil de 48,5%, la candidate lepéniste Sophie Montel a démontré que la dynamique de l’entre-deux-tours était bel et bien de son côté.

PS et UMP : le sursaut est urgent 

De ce constat découlent deux conclusions majeures. La première, c’est que c’est la décrédibilisation du pouvoir en place, en l’occurrence socialiste, qui est le principal moteur du vote FN. La crise économique, la montée du chômage et l’impuissance des gouvernants alimentent l’extrême droite.

Le deuxième enseignement, c’est que, si l’UMP veut assurer sa survie, le réflexe dit de "Front républicain" lui est plus indispensable que jamais. Le nombre d’électeurs passant du vote UMP au choix du FN s’accroît dangereusement au gré des circonstances. Passer d’une attitude à l’autre est devenu pour eux un comportement ordinaire. Comment s’en étonner dès lors que la plupart des dirigeants UMP passent leur temps à les déculpabiliser et à leur expliquer qu’une telle attitude est innocente et sans conséquence.

De "ni-ni" en démission collective, l’UMP est en train de se faire siphonner par l’extrême droite. S’il veut sauver sa peau, et ménager l’avenir de son camp, Nicolas Sarkozy doit s’en souvenir urgemment. Le pire n’est pas encore sûr. Mais il se rapproche.

Renaud Dély 

 

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