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Grèce : l'escalade avant le sommet

Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a brandi la menace d'une sortie de l'euro de son pays. Petros Giannakouris/AP

Pendant que les joutes verbales se poursuivent entre le gouvernement grec et leurs partenaires européens, les discussions s'activent en coulisses pour préparer le sommet de jeudi.

À l'ouverture de la séance lundi matin, les actions des banques grecques ont de nouveau dévissé, entre 10% et 15%, tandis que le taux des emprunts d'État grecs à dix ans se propulsait de 9,7% à 10,5%. Les investisseurs n'avaient pas digéré la déclaration de politique générale du premier ministre Alexis Tsipras, prononcée la veille.

À deux jours de la réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro (l'Eurogroupe), censée déminer le sommet européen de jeudi, tout au long de la journée de lundi, le ton était de nouveau à la confrontation et à l'exhibition des muscles.

Côté grec, le très médiatique ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a brandi la menace d'une sortie de son pays de l'euro qui conduirait, selon lui, l'ensemble de la zone euro à s'écrouler «comme un château de cartes». Le premier ministre Alexis Tsipras, un peu moins véhément, lors d'une rencontre, lundi à Vienne, avec le chancelier autrichien Werner Faymann, s'est dit «optimiste» quant aux chances de parvenir à un compromis avec ses créanciers. La veille, devant les députés grecs, il avait répété qu'il ne voulait pas de prolongation de l'aide financière internationale et des réformes imposées en échange par la troïka. La Grèce souhaite appliquer les remèdes qu'elle souhaite pour sortir le pays de sa «crise humanitaire» et obtenir «une forte réduction des objectifs d'excédent budgétaire primaire» qui ont été imposés par ses créanciers. Ces deux exigences sont autant de «lignes rouges» dans les négociations à venir, a expliqué à l'AFP l'entourage de Yanis Varoufakis. Si elle refuse un nouveau plan d'aide, la Grèce en revanche réclame un financement relais d'urgence.

«S'ils veulent notre aide, il faut un programme», a lancé, intraitable, le grand argentier allemand Wolfgang Schäuble, qui retrouvait ses homologues des pays les plus riches de la planète à la réunion du G20 à Istanbul. Et d'enfoncer le clou: «Je n'ai toujours pas compris comment le gouvernement grec veut s'y prendre.» La Grèce «est sous programme jusqu'à fin février. Je ne sais pas ce que les marchés feraient sans programme mais peut-être que (le premier ministre grec) sait mieux que moi», a encore cinglé Schäuble. En réponse, Yanis Varoufakis a déclaré que son pays encouragerait «des réformes profondes» en échange d'un répit budgétaire de six mois, en coopération avec les experts de l'OCDE dont le secrétaire général, Angel Gurria, est attendu à Athènes ce mardi.

Derrière les effets de manche, des discussions se nouent en coulisse. Deux hauts fonctionnaires de la troïka, pourtant honnie par le nouveau pouvoir grec, étaient discrètement reçus lundi à Athènes. Leur mission: déblayer le terrain pour l'Eurogroupe de mercredi. «Si c'est pour avoir un Eurogroupe de tensions, ce n'est même pas la peine», a observé Michel Sapin depuis Istanbul.

La Bourse d'Athènes a terminé en recul de 4,75% et les valeurs bancaires, de 9,81%. Depuis la victoire électorale de Syriza, le 25 janvier, Alpha Bank a perdu plus d'un quart de sa valeur en Bourse, et la Banque du Pirée, plus d'un tiers.

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