
VIE DE FAMILLE - A travers le monde, on adopte de moins en moins. En l'espace de dix ans, il y a eu trois fois moins d'adoptions internationales, c'est-à-dire d'un pays à un autre. Une évolution qui pourrait entraîner les futurs parents à envisager d'autres options pour avoir un enfant.
Dans un rapport rendu public ce mercredi 11 février, l'Ined examine ce déclin ainsi que ses causes, parmi lesquelles la baisse du nombre de mineurs orphelins, des mesures politiques de contrôle de plus en plus strictes, un essor des adoptions nationales...
Presque 3000 adoptions de moins en 2013
En France, le nombre d'adoptions à l'international a fortement augmenté dès la fin des années 70. Entre 1976 et 2000, on est passé de 971 à 4136 adoptions. En 2013, on est retombé à 1343, soit presque 3000 de moins. Les enfants adoptés, par ailleurs, sont pour 70% d'entre eux des "enfants à besoins spécifiques". Un tiers d'entre eux a plus de 5 ans, et un quart est affecté par une pathologie.
A l'international, ce chiffre a chuté de 64%: de 42.194 adoptions en 2004 à 15.188 en 2013 dans les dix pays adoptant le plus. Parmi ceux-ci, on compte en 2003, par ordre décroissant, les Etats-Unis, la France, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne.
Les pays d'où viennent le plus d'enfants sont à l'époque surtout la Chine, la Russie, le Guatemala, l'Ukraine et la Corée du Sud. De façon logique, ceux-ci ont émis bien moins de mineurs pour des adoptions à l'international. En Chine, on est passé de 13.415 à 3.400 enfants, en Russie, de 7.737 à 1.767.
Baisse de la mortalité, diffusion de la contraception...
Comment expliquer ces chiffres? L'auteur de l'étude, Jean-François Mignot, fournit quelques pistes. Ce qui est certain, c'est que "ce n'est pas la 'demande' des couples ou des individus candidats à l'adoption qui a baissé, mais bien 'l'offre' de mineurs adoptables", peut-on lire ans le rapport. Viennent d'abord les raisons "structurelles, démographiques ou économiques":
- baisse de la mortalité/hausse du niveau de vie dans les pays émetteursdiffusion de la contraception et de l'IVGde plus en plus de politiques sociales d'aide aux enfants orphelins ou abandonnés
Parmi les autres explications possibles, le fait que certains pays veulent entrer en conformité avec la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale. Cet accord stipule notamment que les enfants doivent être en priorité élevés par leur famille, ou, à défaut, dans leur pays natal. Pour "éradiquer le trafic d'enfants" la Bulgarie et la Roumanie auraient notamment mis en place un "moratoire sur les adoptions internationales". Certains pays, comme la Chine, sont eux devenus de plus en plus stricts: pour adopter il faut être un couple hétérosexuel, en bonne santé, éduqué...
Qui dit moins d'adoptions dit certainement moins d'enfants abandonnés, une excellente chose en soi. Reste à savoir, comme l'interroge le rapport, si cette chute est compensée par une "hausse du nombre d'enfants mineurs élevés en institution".
Vers la PMA et la GPA
Pour les parents souhaitant adopter, il faut être de plus en plus patient. "Il y a dix ans, on les accompagnait vers la réalisation de leurs projets; aujourd’hui, on les accompagne vers le renoncement. Jusqu’en 2005-2006, on pouvait adopter des enfants encore petits. Aujourd’hui, la plupart des pays font adopter les bébés en bonne santé chez eux et proposent à l’adoption internationale des enfants plus grands et/à besoins spécifiques, c’est-à-dire des fratries, des enfants malades ou handicapés", expliquait en 2012 au journal La Croix Nathalie Parent, présidente d’EFA (Enfance et Famille d’adoption).
Pour l'auteur de l'étude de l'Ined, une conséquence est certaine: "on peut s'attendre à une augmentation des demandes de procréation médicale assistée ainsi que de gestation pour autrui".