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HSBC ferme les yeux sur le trafic d'armes en Afrique

En 2003, la société guinéenne Katex Mines, cliente de la banque suisse, livrait des armes à un mouvement rebelle libérien qui utilisait des enfants soldats

Par  (ICIJ) et  (ICIJ)

Publié le 10 février 2015 à 19h21, modifié le 19 août 2019 à 13h29

Temps de Lecture 10 min.

Des jeunes combattants au Liberia, le 9 mai 1996.

Un incroyable carnage se prĂ©parait. En juillet 2003, le mouvement rebelle des LibĂ©riens unis pour la rĂ©conciliation et la dĂ©mocratie (LURD), fraĂźchement rĂ©approvisionnĂ© en armes et en munitions, a pu reprendre l’offensive qu’il avait commencĂ©e en juin sur la capitale Monrovia, dans l'objectif de prendre le contrĂŽle du pays au prĂ©sident Charles Taylor. Dans les deux camps, des enfants soldats Ă©taient au combat, dans une zone densĂ©ment peuplĂ©e par des civils.

Lors de cette bataille qu'on surnomme au Liberia la « TroisiĂšme Guerre mondiale Â», les jeunes combattants au service des rebelles Ă©taient armĂ©s, pour reprendre les termes d'un article de The Economist, de « jouets flambant neufs Â» qu'ils utilisaient sans la moindre formation. Les affrontements ont fait des centaines de morts et 2 000 blessĂ©s parmi les civils.

« Les tirs au mortier Ă©taient si mal ajustĂ©s qu’ils Ă©taient particuliĂšrement terrifiants et difficiles Ă  Ă©viter pour les civils Â», peut-on lire dans un rapport [de novembre 2003] de l'organisation Human Rights Watch. Balles, Ă©clats d'obus et obus de mortier transpercent les corps, qu'ils mutilent quand ils ne les tuent pas instantanĂ©ment, assurent Ă  l'ONG plusieurs tĂ©moins.

Les armes Ă  destination des rebelles libĂ©riens ont transitĂ© par la GuinĂ©e, oĂč elles ont Ă©tĂ© acheminĂ©es par plusieurs sociĂ©tĂ©s, dont Katex Mines GuinĂ©e, affirme un groupe d’experts des Nations unies. Cette sociĂ©tĂ© fait partie du groupe Katex, prĂ©sent en Afrique de l'Ouest et en Europe dans les secteurs du bĂątiment, des plastiques, du gaz et de la brique.

HSBC Private Bank (Suisse) est alors la banque de Katex Mines GuinĂ©e, et elle le restera mĂȘme lorsque les Nations unies auront dĂ©signĂ© la sociĂ©tĂ© comme « possible fournisseur d'armes Â» des rebelles libĂ©riens. Selon des documents obtenus par l'International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) et Le Monde, le compte bancaire, ouvert en 2001, Ă©tait crĂ©diteur de 7,14 millions d'euros Ă  sa clĂŽture en 2006.

Plusieurs clients liés à des conflits en Afrique

Les informations obtenues montrent que Katex Mines Guinée n'est pas le seul client de HSBC lié à des conflits en Afrique. La branche banque privée de HSBC, qui exerce ses activités dans un pays à la légendaire neutralité, a servi d'intermédiaire financier à des entrepreneurs et des criminels qui ont alimenté et financé en Afrique des guerres parmi les plus sanglantes et des ventes d'armes parmi les plus immorales.

Pour la banque suisse, les hommes et les femmes mĂȘlĂ©s Ă  ces conflits Ă©taient de lucratifs clients : le solde total des comptes bancaires de personnes liĂ©es au trafic d'armes ou Ă  des ventes d'armes douteuses dans au moins sept pays d'Afrique reprĂ©sentait en 2006 ou 2007 plus de 56 millions de dollars.

L'intérieur d'une maison détruite par les combats à la frontiÚre entre la CÎte d'Ivoire et le Liberia, le 17 juin 2012.

De l'aveu mĂȘme du groupe HSBC, sa banque privĂ©e en Suisse a par le passĂ© fait preuve de laxisme en matiĂšre de conformitĂ© [ce qui dans le jargon bancaire signifie « respect de la lĂ©gislation Â»] et au regard de son obligation de diligence. Mais « aujourd'hui, assure l'Ă©tablissement dans une lettre adressĂ©e Ă  l'ICIJ, l'Ă©quipe management en Suisse (...) a sensiblement changĂ© par rapport Ă  la pĂ©riode antĂ©rieure Ă  2011. Â»

Chez HSBC, des pratiques aux antipodes de la politique affichée

En 2000, aprĂšs une sĂ©rie de prĂȘts controversĂ©s, HSBC a adoptĂ© des mesures drastiques contre le financement d'opĂ©rations de vente d'armes. Selon cette nouvelle politique toujours en vigueur, « le Groupe ne fournit pas de services financiers pour les transactions d’achat d’’autres armes’ Â» tels que les « pistolets ou missiles Â».

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Des principes qui n'ont pourtant pas empĂȘchĂ© la banque de tenir les comptes de clients impliquĂ©s dans du trafic d'armes et dans des conflits. HSBC les a mĂȘme gardĂ©s alors que des articles de presse, des enquĂȘtes judiciaires ou des rapports des Nations unies avaient fait la lumiĂšre sur ces liens – parfois depuis des annĂ©es.

Des stocks d'armes achetées par le régime de Kadhafi, aujourd'hui entre les mains de milices.

Sur la liste des clients de HSBC, se trouvait ainsi le propriĂ©taire d'une fabrique de cigarettes soupçonnĂ© d'avoir acheminĂ© des armes au profit des rebelles du Burundi pendant la guerre civile au dĂ©but des annĂ©es 1990. On y voit aussi le nom d’une femme dont l’époux, un homme d'affaires parisien, utilisa le compte bancaire pour transfĂ©rer de colossaux pots-de-vin Ă  des responsables de l'armĂ©e et de l'Etat angolais afin de dĂ©crocher des contrats de vente de chars, de mines terrestres et de navires de guerre, lĂ  aussi en pleine guerre civile. La banque suisse hĂ©bergea Ă©galement les comptes d’un conseiller politique sud-africain et d’un lobbyiste tanzanien soupçonnĂ©s d'avoir reçu Ă  eux deux 24 millions de dollars pour avoir convaincu plusieurs gouvernements de signer avec BAE Systems des contrats surfacturĂ©s pour l'achat de systĂšmes de radars et d'avions de chasse.

HSBC a également fait bénéficier de ses services financiers un ingénieur libyen lié à l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi, accusé d'avoir collaboré avec des membres de la mafia italienne dÚs 2006 en vue d'importer en Libye 500 000 Kalachnikov de fabrication chinoise.

Certains des comptes liĂ©s chez HSBC Ă  des marchands d'armes prĂ©sumĂ©s ont fini par ĂȘtre bloquĂ©s, mais d'autres sont restĂ©s actifs. Aucune des personnes citĂ©es prĂ©cĂ©demment n'a acceptĂ© de rĂ©pondre aux sollicitations de l'ICIJ.

« Les marchands et intermĂ©diaires de ce type utilisent des activitĂ©s lĂ©gales comme couverture pour contourner les sanctions de l'ONU et les lĂ©gislations nationales Â», prĂ©cise Kathi Austin, spĂ©cialiste du trafic d'armes et directrice exĂ©cutive du Conflict Awareness Project.

Et dans le cas de Katex Mines Guinée, dirigée par Ahmad Fouzi Hadj, il ne fait pas de doute que HSBC a maintenu ses liens avec un trafiquant d'armes présumé ; si la banque a bloqué temporairement le compte en 2005 pour des raisons de non-conformité (sans plus de précision), les documents obtenus par l'ICIJ montrent que la relation entre HSBC et M. Hadj s'est poursuivie jusqu'en septembre 2006.

Katex dans l’Ɠil de mire de l’ONU

Au moment du soulĂšvement au Liberia, le gouvernement de la GuinĂ©e, pays voisin oĂč Katex exerçait ses activitĂ©s, Ă©tait dĂ©jĂ  soupçonnĂ© depuis longtemps de soutenir les rebelles libĂ©riens. En juillet 2002, le ministĂšre guinĂ©en en charge de l'urbanisme et de l'habitat a signĂ© avec Katex un contrat de 35 millions de dollars pour la construction de logements et d'entrepĂŽts. L'argent a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© sur le compte HSBC de la sociĂ©tĂ©, domiciliĂ© Ă  GenĂšve.

Du 8 novembre 2002 au 5 aoĂ»t 2003, des experts de l'ONU ont inspectĂ© des cargaisons rĂ©ceptionnĂ©es par Katex, dont une envoyĂ©e au ministĂšre de la DĂ©fense le 30 juin, Ă  la veille du siĂšge de Monrovia. Selon le rapport qu'ils ont adressĂ© au Conseil de sĂ©curitĂ© [en octobre 2003], ces livraisons se faisaient par la voie aĂ©rienne, au dĂ©part de l'Ukraine et par des vols assurĂ©s par une compagnie ukrainienne. LĂ -bas, les autoritĂ©s locales comme les responsables de la compagnie ont assurĂ© que ces cargaisons ne contenaient pas d'armes. Cependant, les experts onusiens ont pu l'Ă©tablir : le chargement des armes s’effectuait lors d'escales Ă  TĂ©hĂ©ran, en Iran.

« Le Groupe [d'experts] croit comprendre que la Katex a importĂ© des armes et des munitions au cours des 10 derniers mois Â» dĂ©clare alors le rapport. C’est en voyant des conteneurs en bois vert Ă©tiquetĂ©s « dĂ©tergent Â» sortir de ces avions ukrainiens pour ĂȘtre chargĂ©s sur des camions militaires que les experts ont commencĂ© Ă  soupçonner un trafic d'armes : « Falsifier les manifestes est (...) une pratique courante pour camoufler les expĂ©ditions d’armes Â», rappellent-ils dans le rapport.

Moussa Dadis Camara à Conakry en 2009, entouré de ses hommes, les bérets rouges.

Dans son rapport de novembre 2003, Human Rights Watch se fait l'Ă©cho de tĂ©moignages accusant le ministĂšre guinĂ©en de la DĂ©fense d'avoir utilisĂ© Katex Mines « comme intermĂ©diaire pour ses achats militaires Â», et fait rĂ©fĂ©rence Ă  une lettre de connaissement pour des obus de mortier au nom de la Katex. Il cite le Groupe d'experts des Nations unies, qui avait constatĂ© que le bureau de Katex dans la capitale Conakry Ă©tait gardĂ© par les « BĂ©rets rouges Â», des forces spĂ©ciales attachĂ©es Ă  la prĂ©sidence de la GuinĂ©e, et « confirmait, via des sources diplomatiques, que ‘le transport d’armes par camions avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Katex Mines GuinĂ©e vers Koyama et Macenta Â», prĂšs de la frontiĂšre libĂ©rienne.

La guerre civile au Liberia prit fin un mois Ă  peine aprĂšs la bataille de la « TroisiĂšme Guerre mondiale Â» Ă  Monrovia. En 2005, Ellen Johnson Sirleaf, Ă©conomiste diplĂŽmĂ©e de Harvard et ancienne ministre des Finances, a Ă©tĂ© Ă©lue Ă  la prĂ©sidence du Liberia : premiĂšre femme prĂ©sidente d'un pays africain, elle a Ă©tĂ© rĂ©Ă©lue en 2011.

Le parcours chaotique de M. Hadj

Ahmad Fouzi Hadj, le directeur de Katex Mines GuinĂ©e, a connu un parcours contrastĂ©, entre rĂ©ussite brillante et condamnations en justice. NĂ© dans la ville syrienne de Kameshli, Ă  la frontiĂšre turque, M. Hadj s’est installĂ© en Italie. Plusieurs articles de presse le disent diplĂŽmĂ© en chirurgie cardiaque, et autant d'autres contestent cette formation. Reste que l’homme a visiblement rĂ©ussi en Italie, oĂč il a fait fortune et avait acquis en 2006, avec son Ă©pouse, au moins sept maisons et villas, un hĂŽtel Ă  Monaco et un restaurant, selon des enquĂȘteurs italiens. Katex Mines GuinĂ©e, l'une des quatre branches de Katex Ă©tablies en GuinĂ©e mais qui ne semble pas gĂ©rer la moindre mine dans le pays, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1998 ; elle travaillait selon Human Rights Watch dans l'importation de produits agricoles et de matĂ©riel industriel.

M. Hadj a fait l'objet de nombreuses enquĂȘtes judiciaires et de plusieurs condamnations, et ce dĂšs les annĂ©es 1990. En 2004, alors qu'il Ă©tait client de HSBC, la justice de Monaco a ouvert une enquĂȘte contre lui pour blanchiment d'argent ; les conclusions de cette enquĂȘte ne nous sont pas connues. C'est Ă  travers une enquĂȘte de la police italienne autour de la faillite prĂ©sumĂ©e frauduleuse de la SARL Katex Italie, une filiale spĂ©cialisĂ©e dans la tuyauterie industrielle soupçonnĂ©e d’avoir dissimulĂ© 12,5 millions de dollars aux autoritĂ©s, qu'on a commencĂ© d'en savoir plus sur les activitĂ©s de M. Hadj en GuinĂ©e. CondamnĂ© Ă  six mois de prison en 2013 pour faillite frauduleuse, il a fait appel. Selon un article paru en juillet 2013 dans le quotidien italien La Repubblica, M. Hadj avait quittĂ© l'Italie pour s'installer en Ukraine.

Moussa Dadis Camara, Président du CNDD, la junte militaire au pouvoir aprÚs la mort de Lansana Conté, ici le 2 octobre 2009 à Conakry.

En 2014, toujours en Italie, il a Ă©galement Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  sept mois d'emprisonnement avec sursis pour le financement illĂ©gal de la campagne Ă©lectorale de 2007 d'un ancien maire. En novembre dernier, la justice l'a de nouveau reconnu coupable et condamnĂ© Ă  sept ans de prison, cette fois pour la faillite frauduleuse du Lucchese, club de football de Lucques, qu'il prĂ©sidait de 2005 Ă  2008. Au moment de son arrestation en 2010, on pouvait lire dans la presse italienne que la police avait trouvĂ© M. Hadj, « la barbe blanche nĂ©gligĂ©e Â», cachĂ© dans la chaufferie de la piscine de sa luxueuse villa et tentant de se faire passer pour le plombier. ContactĂ© par nos soins, M. Hadj a fait savoir par l'intermĂ©diaire de son avocat qu’il ne souhaitait pas s'exprimer sur de « vieilles affaires Â».

Des Ă©coutes Ă©difiantes

Dans le cadre de l'affaire portant sur la faillite de Katex Italie, la justice italienne avait fait mettre sur Ă©coute les tĂ©lĂ©phones de M. Hadj et de ses collaborateurs ; l'ICIJ a pu se procurer les transcriptions de ces conversations. Elles contiennent des rĂ©vĂ©lations sur les activitĂ©s de M. Hadj Ă  travers le monde, notamment sur ses liens Ă©troits avec le prĂ©sident guinĂ©en et des allusions explicites Ă  des faits de corruption. Ainsi lors d'un appel passĂ© le 5 mai 2005, il Ă©voquait avec un collaborateur un versement d’argent « au vieux Â», surnom respectueux dans l'Afrique de l'Ouest francophone. Pour les enquĂȘteurs italiens, il s'agissait lĂ  de l'ancien prĂ©sident de la GuinĂ©e, Lansana ContĂ©, mort en 2008.

Dans la mĂȘme conversation, M. Hadj fĂ©licitait un employĂ© de la Katex pour les 3 millions de dollars de pots-de-vin versĂ©s au gouverneur de la Banque centrale de GuinĂ©e et au prĂ©sident ContĂ© ; « Nous avons intĂ©rĂȘt Ă  ne pas faire ça tout le temps Â», ajoutait-t-il cependant.

A la mort de Lansana Conté, une junte militaire a pris le pouvoir en Guinée, multipliant les violations des droits de l'homme : en 2009, dans un stade de Conakry, des centaines d'hommes ont été massacrés et des dizaines de femmes violées. Les élections de 2010 ont marqué le retour de la démocratie en Guinée, mais le pays reste l'un des plus pauvres du continent africain et il est frappé de plein fouet par l'épidémie d'Ebola en Afrique occidentale.

La sociĂ©tĂ© Katex a poursuivi ses activitĂ©s en GuinĂ©e pendant la pĂ©riode trouble qui a suivi la disparition du prĂ©sident Lansana ContĂ©. Les mĂ©dias se sont ainsi fait l'Ă©cho en 2009 de l'inauguration par l'armĂ©e d'une poudriĂšre construite par la Katex pour 7 millions de dollars. « C'est pour moi un rĂ©el plaisir de servir [la junte] Â», dĂ©clarait un reprĂ©sentant de la sociĂ©tĂ© prĂ©sent Ă  cette ouverture.


Traduit de l'anglais par Julie Marco

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