Deux jours après le naufrage dans le canal de Sicile, la tableau continue de s’assombrir. Neuf migrants secourus par un navire marchand et amenés à Lampedusa ce mercredi matin par les garde-côtes ont apporté un témoignage inquiétant à des travailleurs de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, tant au sujet du nombre de victimes que du contexte dans lequel les migrants ont pris la mer au départ de la Libye.

“Au fil des heures, le bilan de la dernière tragédie s’alourdit de manière dramatique […] et pourrait dépasser les 300 victimes”, écrit le Corriere del Mezzogiorno. Trois embarcations ont été retrouvées pour l’instant. Mais, selon les témoignages des survivants, une quatrième avait pris la mer avec à son bord 100 migrants supplémentaires. Deux d’entre eux racontent : “Depuis plusieurs semaines, nous étions 460 entassés dans un camp près
de Tripoli, attendant de partir. Samedi dernier, les miliciens nous ont
dit de nous préparer et ils nous ont transférés à Garbouli, une plage
non loin de la capitale libyenne. Nous étions environ 430, répartis sur 4 canots.” Tous deux originaires du Mali, ils racontent avoir payé 1 000 dinars (envion 650 euros) pour la traversée.
Mais ce qui retient l’attention des médias italiens, comme le relève le quotidien du midi, c’est qu’”ils révèlent un fait déconcertant” : les miliciens, racontent les rescapés, “nous ont assuré que les conditions de navigation étaient bonnes, mais de toute façon, personne n’aurait pu refuser ou faire demi-tour : nous avons été forcés d’embarquer sous la menace des armes”. Or les bateaux, peu de temps après avoir pris le large, ont été confrontés à une tempête et à des vagues gigantesques.