INTERVIEWSoudan du Sud: «Cette démobilisation massive est un espoir pour la libération de tous les enfants-soldats»

Soudan du Sud: «Cette démobilisation massive est un espoir pour la libération de tous les enfants-soldats»

INTERVIEWCe jeudi est la journée internationale de mobilisation contre l'utilisation d'enfants-soldats...
Simon (dont le nom a été changé), 9 ans, tient son fusil d'assaut, le 25 janvier 2015, deux jours avant sa démobilisation de la Faction Cobra, de l’Armée démocratique du Soudan du Sud (SSDA).
Simon (dont le nom a été changé), 9 ans, tient son fusil d'assaut, le 25 janvier 2015, deux jours avant sa démobilisation de la Faction Cobra, de l’Armée démocratique du Soudan du Sud (SSDA). - UNICEF/Peru
Bérénice Dubuc

Propos recueillis par Bérénice Dubuc

250.000. C’est le nombre d’enfants-soldats qui se battent chaque jour dans divers groupes armés à travers le monde. Ce jeudi, comme chaque 12 février, est la journée internationale de mobilisation contre l'utilisation d'enfants-soldats. L’occasion de revenir sur le processus de démobilisation en cours au Soudan du Sud, qu’une guerre civile émaillée de massacres interethniques ravage depuis décembre 2013, et où plus de 580 enfants ont été libérés ces dernières semaines, comme l’explique Tsedeye Girma, spécialiste des urgences de l’Unicef dans ce pays.

Comment est-on parvenu à démobiliser des groupes d’enfants-soldats au Soudan du Sud?

Cette démobilisation est en cours dans l’état du Jonglei, affecté par la crise actuelle. Elle fait suite à un accord de paix entre groupes rebelles et le gouvernement. Il y a 2 semaines, le 27 janvier, 250 enfants ont été démobilisés dans le village de Gumuruk, et mardi, 300 de plus l’ont été. Et cela va continuer tout au long du mois de février pour arriver à démobiliser environ 3.000 enfants.

Pour l’Unicef, célébrer ce 12 février avec ce processus en cours est un signe extrêmement positif et encourageant. Au Soudan du Sud, il y a aujourd’hui plus de 12.000 enfants-soldats, au sein des forces gouvernementales ou des rebelles. Cette démobilisation massive est une étape très positive, un espoir pour la libération de tous ces enfants.

Comment vont ceux qui ont été démobilisés?

Un peu moins de la moitié du premier groupe et une majorité du second est rentré dans sa famille d’origine. Pour les autres, nos équipes travaillent avec les partenaires locaux pour identifier et retrouver leurs familles. En attendant, ils sont placés dans un centre d’accueil provisoire.

Ces enfants, essentiellement des garçons, âgés de 11 à 17 ans, présentent bien sûr des signes de stress du fait des épreuves qu’ils ont endurées. C’est pour cela que nos experts en protection de l’enfance, en plus de leur apporter des soins de base (eau, nourriture, vêtements, soins de santé), mettent l’accent sur l’appui psychosocial et les activités récréatives, avec pour objectif d’essayer de prévenir tout accès de violence. Ils ont aussi accès à l’école et à des programmes de formation pour tenter de leur apporter un sentiment de normalité.

Quelles sont les clés pour que ces enfants retrouvent une vie normale?

Notre priorité est de replacer ces enfants dans un environnement protecteur et sûr où ils pourront avoir les meilleures chances de retrouver une vie normale. Notre approche est donc très communautaire, en impliquant les parents notamment, pour s’assurer que la réinsertion de ces enfants se fait de la façon la plus optimale. Dans ce cas, les enfants faisaient majoritairement partie de groupes de défense, pour protéger leur communauté, ce qui facilite leur accueil dans leurs familles. Mais dans d’autres circonstances, quand les enfants partent pour lutter contre leur communauté, leur réintégration s’avère plus difficile.

Et, comme la zone en question est extrêmement sous-développée -il y manque tous les services de base (accès à l’eau, à la nourriture, pas de structures de santé ni d’éducation…), nous avons une approche globale, à la fois pour les enfants démobilisés, mais aussi pour quelque 3.000 enfants supplémentaires de la communauté, considérés comme très vulnérables, à qui nous apportons le même soutien adapté à leurs besoins immédiats et à plus long terme.


Sujets liés