La Chine est prête à jouer les intermédiaires entre les talibans et Kaboul, a annoncé jeudi 12 février le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi. Pékin est un acteur économique majeur en Afghanistan, notamment dans les mines. Il y est cependant resté jusqu'ici politiquement effacé. L'annonce a été faite non à Kaboul, mais au Pakistan, qui abrite les bases arrière et les principaux dirigeants des talibans afghans.
« Nous soutiendrons le gouvernement afghan dans sa recherche de réconciliation avec plusieurs factions politiques, y compris les talibans », a dit M. Wang, qui s'exprimait à Islamabad au côté du conseiller à la sécurité pakistanais Sartaj Aziz. M. Wang a également annoncé que le président chinois, Xi Jinping, effectuerait sa première visite au Pakistan « bientôt cette année ».
Les propos de M. Wang interviennent quelques semaines après l'annonce par les talibans qu'ils avaient envoyé une délégation en Chine, dont l'objectif n'était pas, disaient-ils, d'entrer en négociations. Selon le site pakistanais The News, la visite a été menée en novembre par deux chefs talibans afghans en exil au Qatar. A en croire Aimal Faizi, porte-parole de l'ex-président afghan Hamid Karzaï, cité par l'agence de presse afghane Pajhwok, cette visite aurait été « arrangée par les services secrets pakistanais ».
Après le retrait de l'essentiel des troupes de l'OTAN du pays, et le désengagement américain, les observateurs s'interrogent sur l'émergence de la Chine comme nouveau parrain d'un pays encore incapable de survivre sans apport financier extérieur. La Chine est par ailleurs un allié de longue date du Pakistan voisin, et dispose d'une certaine influence sur ce pays. Elle a notamment joué un rôle, selon le chercheur Andrew Small, auteur d'un livre récent sur les relations entre les deux pays, dans l'intervention de l'armée pakistanaise contre les fiefs talibans du Waziristan du Nord, lancée en 2013.
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