
RAFALE - François Hollande a confirmé jeudi 12 février l'achat par l'Egypte de 24 avions Rafale ainsi que d'une "frégate multi-missions", dans un communiqué diffusé par l'Elysée.
"L'avion de combat Rafale remporte son premier contrat à l'export", a salué le chef de l'Etat. "La signature interviendra le 16 février au Caire. J'ai demandé au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de signer au nom de la France", précise-t-il. "L'Etat s'est pleinement engagé dans cette négociation et par son implication a permis les conclusions de ce contrat", estime François Hollande.
Premier contrat à l'export
La vente porte sur 24 appareils ainsi qu'une frégate multimissions FREMM, fabriqué par le groupe DCNS, pour un montant de 5,2 milliards d'euros. Cette première vente à l'exportation du Rafale a été menée en un temps record.
Tout commence, selon le ministère, en septembre dernier lorsque Jean-Yves Le Drian rencontre le président égyptien au Caire, qui évoque pour la première fois l'acquisition de Rafale et de frégate multi missions. Au retour, Le Drian mandate une équipe de négociation autour des industriels impliqués, Dassault Aviation, MBDA pour les missiles et DCNS, ainsi que son cabinet.
En novembre, lors d'une visite à Paris, Abdel Fattah al-Sissi précise ses intentions : 24 Rafale et une frégate. Puis il indique en janvier dernier sa volonté d'aller vite et invite Le Drian à inaugurer avec la frégate le deuxième canal de Suez, le 2 août prochain. L'affaire est finalement bouclée cette semaine. Vendredi dernier, les Egyptiens donnent leur accord et acceptent de soumettre le projet d'accord au président al-Sissi, qui donne son feu vert définitif ce jeudi.
La filière aéronautique ravie
Ce premier succès est crucial pour le constructeur Dassault Aviation, qui doit pérenniser la chaîne de production de l'appareil, mais aussi pour l'Etat français, qui appuyait le budget de la défense sur la vente de l'appareil à l'exportation. La Loi de Programmation Militaire prévoit ainsi explicitement que des "livraisons à l'exportation (sont) également prévues permettant d’atteindre une cadence de production satisfaisante".
Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, avait dès samedi dernier indiqué dans Le Figaro que l'avionneur était en passe de "réussir le premier contrat export du Rafale". Il avait également laissé entendre que d'autres pays de la région pourraient être preneurs, alors que l'avionneur est en négociations exclusives depuis 2012 avec l'Inde pour la vente de 126 appareils.
"Nous avons plusieurs prospects au Moyen-Orient qui sont très actifs", a-t-il indiqué. "Nous menons un travail de fond avec l'Inde dans un dossier très complexe en termes de montage industriel. Et nous avons des campagnes Rafale plus lointaines, y compris en Europe".
D'autres contrats en vue?
Dassault est en négociations exclusives avec l'Inde pour ce "contrat du siècle" qui prévoit la fabrication de 18 appareils en France puis de 108 avions sous licence en Inde. Malgré ses qualités, le Rafale n'avait jusqu'ici pas réussi à se vendre à l'exportation. Il avait subi un échec cuisant au Maroc, pourtant très lié à la France, puis a perdu coup sur coup en Suisse (2011) puis au Brésil (2013).
Sans attendre cette annonce officielle, le président du Conseil régional d'Aquitaine, Alain Rousset, où l'avion emblématique de Dassault Aviation est majoritairement assemblé, s'était réjoui de cette "très bonne nouvelle pour la filière aéronautique en Aquitaine". Construit en collaboration par Dassault, qui supervise 60% de la valeur de l’avion, l'électronicien Thales (22%) et le motoriste Snecma (groupe Safran, 18%) qui fournit le moteur M-88 de nouvelle génération, le Rafale est destiné à être l'avion de combat français jusqu’en 2040. Quelque 500 entreprises françaises participent au programme.
Outre l'Inde, la vente de 36 Rafale est actuellement en négociations avec le Qatar, et des discussions avec les Emirats Arabes Unis entamées en 2008 se sont transformées en feuilleton mais pourraient encore aboutir. Dassault Aviation attend également que la Malaisie lance un appel d'offres pour l'acquisition de 16 avions de combat. Enfin, l'avionneur a ouvert récemment un bureau à Bruxelles pour se positionner en vue du remplacement des F-16 belges vieillissants.