"Je suis policier", la lune de miel entre les Français et leur police s'estompe

Un mois après les attentats de Paris, que reste-t-il de l'élan de sympathie des Français exprimé lors de la marche du 11 janvier pour leurs policiers ?

Source AFP

Dans les quartiers sensibles, certaines références à Amedy Coulibaly ou les frères Kouachi devant les forces de l'ordre.
Dans les quartiers sensibles, certaines références à Amedy Coulibaly ou les frères Kouachi devant les forces de l'ordre. © Sipa

Temps de lecture : 3 min

"Je suis [toujours] policier" ? La lune de miel entre les Français et les forces de l'ordre, plébiscitées après les attentats de début janvier, semble avoir été de courte durée ou demeure difficilement perceptible sur le terrain.

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C'était le 11 janvier, jour de la grande marche républicaine contre le terrorisme. De mémoire de tout ce qui porte un uniforme, c'était inédit : des manifestants embrassaient ou applaudissaient CRS et gendarmes, en arborant des pancartes "Je suis policier" ou "Je suis Ahmed", du nom d'Ahmed Merabet, le brigadier tué par les frères Kouachi après la tuerie de Charlie Hebdo. Ce jour-là, les Français saluaient le "courage" dont avaient fait preuve les forces de l'ordre lors des assauts contre les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, le preneur d'otages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. "On a vu des manifestations de soutien spontanées devant les commissariats, c'était du jamais-vu, incroyable !" témoigne Céline Berthon, la patronne du syndicat majoritaire des commissaires. "Nos collègues n'en sont pas encore revenus", renchérit Frédéric Lagache, d'Alliance (premier syndicat de gardiens de la paix).

"Il n'y a pas vraiment d'élan de sympathie" (Alliance)

Un mois après, qu'en reste-t-il ? Pas grand-chose, disent les uns dans les casernes et les commissariats. "Difficile à mesurer sur le court terme", nuancent les autres. "Je crois que les choses ont repris leur cours normal", souffle une importante source policière du Val-de-Marne, près de Paris. "Les policiers qui se font embrasser par les manifestants, malheureusement, ça ne dure qu'une journée", ironise-t-elle. "Il n'y a pas vraiment d'élan de sympathie", abonde Yvan Assioma, secrétaire zonal d'Alliance. "On a notre lot quasi quotidien d'outrages, de rébellions et de violences", assure-t-il.

Une autre source policière haut placée dans les Hauts-de-Seine, non loin de là, précise qu'il n'y a pas plus d'"outrages et agressions", fréquents dans les zones urbaines difficiles, depuis les attentats. Mais, note-t-elle, "quand il y en a, ils s'accompagnent souvent de référence à Kouachi et Coulibaly".

"C'est bon, chef"

Interrogées par l'Agence France-Presse, de nombreuses sources policières font état "d'incidents" résumés par une phrase souvent entendue par les policiers en tournée dans les quartiers à forte délinquance : "C'est bon, chef." Une référence explicite au dialogue entre le brigadier Merabet et le frère Kouachi qui l'a abattu peu après l'attentat contre Charlie Hebdo.

- "Tu voulais me tuer ? demande le tueur

- "Non, c'est bon, chef", répond le policier, avant d'être exécuté à bout portant sur le trottoir.

Pascal Lalle, le directeur central de la sécurité publique (DCSP), patron de près de 70 0000 policiers en France, ne le nie pas. "Mais c'est marginal", dit-il, et "circonscrit" à des quartiers sensibles. Selon lui, il y a eu des "réponses" à ces "provocations", une "tolérance zéro" qui s'est notamment traduite par quelque 25 procédures engagées contre leurs auteurs présumés.

De la lune de miel post-attentat, M. Lalle veut retenir que les Français sont désormais "plus attentifs" et "signalent davantage" de choses qu'avant. "Ils appellent, ils attendent de nous une réponse", insiste le DCSP, pour qui les relations police-population sont une "priorité" depuis longtemps. Sous-entendu, sans avoir attendu les tueries puis les déclarations d'amour aux policiers, bien loin des "CRS-SS" de Mai 68. "Il y a eu des signes envers les policiers, c'est incontestable", pense-t-il, "mais il faudra voir sur le long terme ce qu'il en reste". Un sondage pour L'Express publié mardi montre que 84 % des Français ont une bonne opinion de leur police. En décembre 2014, ils n'étaient que 65 %.

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Commentaires (6)

  • huma

    Oui, encore. Et Charlie, et Juif.
    mais pas hollande.

  • bobnaro3737

    Car cet élan de sympathie était surtout dirigé vers les familles des victimes assassinées lâchement. Les français leur ont démontré qu'ils étaient de tout coeur avec eux, mais le peuple français pour des raisons multiples n'apprécie pas tous les policiers car il y en a certains qui jouent les zorros, d'autres qui se croient tout permis, d'autres qui volent donnant de très mauvais exemples etc. IL est vrai qu'ils sont plus attirés par la gendarmerie que par le police mais qu'ils soient tranquilles car nous avons toujours besoin d'eux et parfois pour de très bonnes raisons pour lesquelles ils savent qu'ils pourront compter sur eux...

  • vingas

    Même avant j'ai toujours apprécié et respecté notre police