Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser. Le produit intérieur brut (PIB) français a à peine progressé au quatrième trimestre (+ 0,1 %). Et sur l’ensemble de l’année 2014, la croissance de l’économie nationale a été limitée à un modeste + 0,4 %. Ni plus ni moins qu’en 2012 et qu’en 2013.
L’économie française tourne donc au ralenti depuis trois ans. Le ministre des finances, Michel Sapin, parle, lui de trois années de « petite croissance », qui ont eu « des effets extrêmement négatifs sur l’emploi ».
« L’économie française est une économie qui n’avance pas très vite. Le chiffre de + 0,4 %, c’est celui que nous observons en tendance annualisée depuis le premier trimestre 2011. C’est quelque chose de très réduit et de pas dynamique », analyse Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management.
l’économie française confirme qu’elle est bien moins dynamique que celle de l’Allemagne, du Royaume-Uni ou encore de l’Espagne.
En 2014, les moteurs traditionnels de l’économie, au premier rang desquels figure la double composante de la demande intérieure (la consommation des ménages et l’investissement), sont restés quasiment à l’arrêt.
Les enquêtes de climat des affaires, plutôt bien orientées en octobre et novembre, se sont stabilisées en décembre, ce qui n’est pas bon signe.
- La demande intérieure reste atone
Le ralentissement de la croissance trimestrielle en fin d’année 2014 (+ 0,1 % après + 0,3 %) s’explique par l’atonie de la demande intérieure.
La consommation des ménages a ralenti : + 0,2 % après + 0,3 % au troisième trimestre. Cette progression faible doit beaucoup au repli de la consommation en énergie (- 2,3 %) du fait de températures supérieures aux normales saisonnières.
Hors énergie, observe Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l’Insee, la progression de la consommation a été de 0,4 %. L’investissement total a continué de baisser : - 0,5 % après - 0,6 %.
In fine, la contribution de la demande intérieure finale (hors stocks) à la croissance a été limitée à un petit + 0,1 %.
- Les signaux divergent en matière d’investissements
Le mauvais chiffre de l’investissement reflète des situations assez différentes : une stabilisation hors construction, qui traduit, selon l’Insee, encore « pas mal d’attentisme » des entreprises et la poursuite de la contraction de l’investissement dans la construction (- 1,1 %), lequel est tombé à son plus bas niveau depuis la fin de l’année 1998.
« L’investissement dans la construction a chuté, ce qui prouve bien que le problème de l’économie française c’est le bâtiment. En revanche, l’investissement industriel se redresse et c’est de lui que viendra le déclic », veut croire le ministre des finances, Michel Sapin.
- Le commerce extérieur n’est pas d’un grand secours
Le commerce extérieur a par ailleurs contribué positivement à la croissance (+ 0,1 %) du dernier trimestre 2014. Les exportations ont rebondi (+ 2,3 % après + 0,7 %) du fait de livraisons de matériel de transport bien plus importantes (+ 10,7 % après - 5 %), et les importations sont restées dynamiques (+ 1,7 % après + 1,3 %).
Sur l’ensemble de l’année, toutefois, la contribution du commerce extérieur à la croissance a été négative (- 0,4 %) annulant le modeste + 0,4 % de la demande intérieure. L’économie française est quasiment à l’arrêt.
- Les incertitudes sont nombreuses pour l’année 2015
Si amélioration il y a, elle ne peut venir que de l’effet sur la croissance de la baisse du prix de l’or noir et du taux de change euro-dollar. Dans sa note de conjoncture de décembre, l’Insee l’avait évalué à + 0,4 point sur la base d’un cours du pétrole à 70 dollars le baril.
Il pourrait être supérieur, analyse Vladimir Passeron, car le prix de l’or noir a continué de baisser.
En décembre, l’Insee prévoyait que l’acquis de croissance serait de + 0,7 % à la mi-2015 et de 1 % en glissement annuel.
Ces prévisions pourraient toutefois être revisées en mars, lors d’un prochain point de conjoncture.
« Nous avons eu quelques surprises négatives, indique M. Passeron. L’investissement des ménages en logement a continué, par exemple, de baisser au rythme de - 1,5 % par trimestre (- 6 % sur l’année), alors que nous pensions qu’il allait se redresser. En revanche, il y a aussi des aléas haussiers. Le prix du pétrole a continué de chuter. Il est bien inférieur aux 70 dollars le baril que nous avions prévus en décembre. L’impact de la baisse du cours de l’or noir sur la croissance pourrait être supérieur à ce que nous avions prévu ».
« Il nous reste à espérer que 2015 soit l’année de la rupture. Que les ménages aient un peu plus de pouvoir d’achat, que la dynamique économique soit un peu plus du côté de la demande et que la croissance s’en ressente », relève Philippe Waechter.
Dans l’immédiat, la France n’en est pas là. Et le caractère médiocre des enquêtes de climat des affaires en fin d’année, après le rebond des mois d’octobre et novembre, n’incite pas vraiment à l’optimisme. La confiance semble toujours faire défaut aux chefs d’entreprise.
Michel Sapin, lui, reste néanmoins confiant dans la possibilité de l’économie française d’atteindre en 2015 une croissance de 1 %.
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