Un dirigeant de la Banque centrale européenne (BCE) s'est inquiété vendredi 13 février de la forte croissance du système bancaire parallèle, susceptible de menacer la stabilité financière en zone euro.
« La taille du secteur de la finance parallèle a plus que doublé durant la dernière décennie », a ainsi fait valoir Vitor Constancio, vice-président de l'institution monétaire, lors d'un sommet économique à Warwick, en Grande-Bretagne.
Egalement connue sous le terme anglo-saxon shadow banking, la finance parallèle désigne des activités bancaires menées par des fonds d'investissement ou des assureurs. Ces derniers n'étant pas des banques, ils échappent à la réglementation bancaire et au contrôle des autorités.
DURCISSEMENT DE LA RÉGLEMENTATION BANCAIRE
Selon une étude récente de la BCE, l'ensemble des actifs gérés par ce pan de la finance en zone euro est passé de 19 000 milliards d'euros à la fin de 2013 à 23 000 milliards à la mi-2014. A cette même période, les actifs gérés par le secteur bancaire classique représentaient quelque 30 000 milliards d'euros.
« Si le shadow banking continue à croître à la même vitesse que durant la dernière décennie et que le crédit bancaire reste stable, les actifs du secteur bancaire non réglementé pourraient dépasser en taille ceux du secteur réglementé d'ici cinq ans », a estimé M. Constancio.
Cette tendance s'explique notamment par un durcissement de la réglementation bancaire, qui incite certains acteurs financiers à se tourner vers des activités moins contrôlées.
CRAINTES SIMILAIRES DU FMI ET DE LA FED
« Du point de vue de la stabilité financière, l'émergence du secteur bancaire parallèle pourrait créer un risque qui doit être mieux compris et mesuré. (…) Ce à quoi nous assistons actuellement, c'est la montée d'un secteur bancaire parallèle qui est lui aussi vulnérable » aux mouvements erratiques, a poursuivi le vice-président de la BCE.
Pour limiter ces menaces, les autorités « devraient pouvoir imposer des limites d'exposition aux institutions réglementées vis-à -vis de la finance parallèle » ou encore « transférer certaines institutions non réglementées dans le champ de contrôle des superviseurs », a ainsi plaidé M. Constancio.
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) ont récemment exprimé des craintes similaires.
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