Départementales 2015 - Alpes-Maritimes : Éric Ciotti face à la menace FN

Le président du conseil général des Alpes-Maritimes entame sa campagne sur les thèmes identitaires pour contrer la poussée du FN. Reportage.

De notre envoyé spécial,

Éric Ciotti, président du conseil général des Alpes-Maritimes, a lancé la campagne pour les départementales dans sa région ce week-end.
Éric Ciotti, président du conseil général des Alpes-Maritimes, a lancé la campagne pour les départementales dans sa région ce week-end. © CITIZENSIDE / AFP

Temps de lecture : 4 min

Le contexte des attentats de Paris et de Copenhague colore fortement la campagne des élections départementales dans les Alpes-Maritimes. C'est à Nice que Moussa Coulibaly a agressé à l'arme blanche trois militaires en faction aux abords d'une synagogue. C'est encore à Nice que le "petit Ahmed" (8 ans) a défrayé la chronique en déclarant '"il faut tuer tous les Français", conduisant la justice à entamer des poursuites contre son père. Ici, Éric Ciotti, le président du conseil général sortant, se heurte moins à un PS faible qu'à la poussée du Front national, dopé par ce climat politique terrible.

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Aux européennes, la liste conduite par Jean-Marie Le Pen dépassait déjà les 30 % dans maints endroits, les cantons ruraux étant les plus conquis par la vague FN. Pour les départementales, le FN aligne de parfaits inconnus, généralement pas impliqués dans la vie associative et qui, sur la seule étiquette FN, devraient approcher des scores similaires, sinon supérieurs, au premier tour...

Ciotti : "Le gouvernement joue l'abstention"

Eric Ciotti, Bernard Brochand et David Lisnard (maire de Cannes), ici à Cannes devant la permanence de David Lisnard, samedi matin ©  Emmanuel Berretta pour Le Point
Eric Ciotti, Bernard Brochand et David Lisnard (maire de Cannes), ici à Cannes devant la permanence de David Lisnard, samedi matin © Emmanuel Berretta pour Le Point
L'abstention sera le poison absolu de cette élection. Or la "petit Ahmed" (8 ans) a défrayé la chronique n'est pas finie et n'aboutira qu'en juin. Si bien que les Français sont appelés aux urnes sans que les nouvelles compétences des départements soient définies. "C'est du jamais-vu dans l'histoire de notre République ! Le gouvernement joue clairement l'abstention", s'inquiète Éric Ciotti, qui tenait, ce week-end, plusieurs réunions publiques afin de présenter et soutenir les 54 candidats de l'UMP, dont David Lisnard, le nouveau maire de Cannes.

Les militants et sympathisants UMP se sont tout de même déplacés, en dépit de la pluie. Ils n'applaudissent spontanément qu'un seul moment du discours d'Éric Ciotti, quand celui-ci défend le "mode de vie" des Français qui "refusent que la République soit voilée" et exigent des étrangers qu'ils s'adaptent aux moeurs françaises. "Ce n'est pas la France qui s'adaptera à eux", prévient-il en haussant le ton. Le député UMP, qui préside la commission d'enquête parlementaire sur les filières djihadistes, revendique le terme d'"assimilation" s'agissant des Français d'origine étrangère, par opposition au terme d'"intégration" (qui ne gomme pas les différences originelles).

Christiane Taubira, la tête de Turc favorite

Le thème de la lutte contre la délinquance, la restauration de l'autorité de l'État par l'application de sanctions fermes et rapides font également vibrer l'auditoire. "La meilleure des préventions, scande Ciotti, c'est la certitude d'une sanction ferme." L'assistance s'anime encore lorsque Ciotti fustige le laxisme de Christiane Taubira qui a interrompu le programme de construction de 23 000 places de prison, voté sous la précédente majorité. Ciotti ne s'est pas privé de citer le sondage du Parisien, paru samedi matin, selon lequel 73 % des sondés considèrent que la garde des Seaux n'est pas assez sévère.

Ciotti fait feu de tout bois sur le thème sécuritaire. Il vient de déposer une proposition de loi visant à interdire le voile dans les espaces d'enseignement de l'université. "C'est quand même un peu fort que le voile soit interdit dans les universités algériennes et autorisé en France", commente-t-il. Le texte sera débattu en avril à l'Assemblée nationale dans la fenêtre réservée à l'opposition. Il songe également à rédiger une proposition de loi visant à faire payer aux détenus qui en ont les moyens (les grands bandits, par exemple) leur pension lors de leur séjour en prison.

"Le FN, ce holding familial de l'élection"

Sur le port de Nice, devant la permanence d'Eric Ciotti, avec Christian Estrosi, le député-maire de la ville (à gauche). ©  Emmanuel Berretta pour "Le Point"
Sur le port de Nice, devant la permanence d'Eric Ciotti, avec Christian Estrosi, le député-maire de la ville (à gauche). © Emmanuel Berretta pour "Le Point"
Bref, le député des Alpes-Maritimes tente, comme il peut, de rassurer une population qui a peur et qui est tentée par les sirènes du Front national. C'est sur ce thème que Ciotti frappe avec le plus de force la dynastie Le Pen, "ce holding familial de l'élection", cette "PME familiale" dont "le programme est celui de Mélenchon" et conduirait à la ruine de l'État "en quelques jours seulement". "Qu'est-ce qu'on dirait de moi si ma fille était députée européenne, mon gendre député européen, mon père conseiller régional et ma femme, que sais-je encore, sénatrice ? Je serais la cible permanente des médias, mais quand c'est Le Pen, on ne dit rien. On trouve ça normal."

Homme de la montagne, Ciotti a vu, à la faveur du redécoupage de Manuel Valls, son canton (celui de son village natal) passer de 2 à 28 villages. Si bien que les élus ruraux ne seront plus que la partie congrue du prochain conseil départemental. Éric Ciotti achève son mandat de président du conseil général sur un bilan salué, y compris par l'opposition (PS-PC) qui a voté plus de 90 % de ses décisions au cours des six dernières années. Plus de 5 000 projets ont été portés et aidés par le conseil général, qui a pris soin de n'ignorer aucun petit village, quelle que soit sa couleur politique.

En dépit de la forte décrue des droits de mutation qui a grevé les finances des Alpes-Maritimes en 2009, l'investissement a été néanmoins soutenu par d'importants efforts de gestion. Ce sont ainsi 100 millions d'euros d'économies qui ont été trouvés sur le budget de fonctionnement entre 2008 et 2013, notamment grâce à la réduction du nombre de fonctionnaires (500). "Mais je sais qu'on n'est jamais élu sur un bilan, mais sur une espérance," conclut-il en s'engageant dans la campagne avec, à ses côtés, Caroline Migliore, sa co-candidate.

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Commentaires (15)

  • Le père La Grinche

    Je vous ai entendu défendre la motion de censure sur la loi Macron. Vous avez fait preuve de la plus évidente malhonnêteté intellectuelle. De plus, que l'on soit de droite ou de gauche, il est tout a fait stupide de voter contre une loi qui améliore de nombreuses situations. Vous êtes une honte pour notre démocratie.

  • Tousofns

    Le spectacle d'un Ciotti battu, cela vaudrait quelques caméras

  • Thierry443

    Merci d'avance.