Depuis deux jours, les hommages des internautes français aux attentats survenus le 14 février au Danemark sont pollués, à la marge, par un discours à connotation raciste. « Le tueur terroriste de #Copenhague s'appelle Omar (...) mais n'oubliez pas dès demain votre biberon médiatique #Padamalgam », ironise par exemple un membre de Twitter. « L'Etat islamique affirme dans une vidéo avoir décapité des Egyptiens, car ils étaient chrétiens. Mais chut... #PADAMALGAM », commente un autre. « Pour ceux qui avaient un doute sur l'identité du voleur de voiture dans la #Drome Mais #PADAMALGAM », peut-on encore lire.
Islamophobie assumée
Les auteurs de ces messages sont assez transparents sur leur idéologie politique : on y retrouve pêle-mêle des « Français de souche », des militants frontistes, des zemmouriens, des catholiques proches de la Manif pour tous ou encore des anarchistes de droite. Leurs messages, à connotation raciste et islamophobe, étaient aisément visibles par quiconque cherchait à suivre l'actualité danoise sur le mot-clé #Copenhague, le plus utilisé sur Twitter.
Plusieurs pages Facebook l'utilisant ont également été créées ces dernières quarante-huit heures. On pouvait, par exemple, y voir une boîte de « Padamalgam 500 », qui serait un médicament à ingérer pour détourner les regards d'un supposé lien de cause à effet entre violence et religion musulmane. Sous couvert de parodie, il permet surtout aux communautés islamophobes de s'exprimer publiquement.
En tout, selon le site d'analyse de données en ligne Topsy, le mot d'ordre « Padamalgam » a été employé près de 5 000 fois sur Twitter sur les trente derniers jours, et un peu plus de 600 fois ces 24 dernières heures. Un volume qui reste faible, mais en nette progression sur le début d'année 2015. Ils étaient ainsi plusieurs dizaines de comptes extrêmistes à exulter ce week-end aux sons de l'actualité.
De l'amalgame à l'appel à la haine
Né dans les cercles identitaires et civilisationnistes lors de l'affaire Merah, ce mot dièse a pour objectif de moquer la volonté des politiques et des médias de ne pas confondre délinquance, radicalisation et fanatisme avec l'appartenance à une religion. Bref, de ne pas sombrer dans les amalgames.
Pourtant, le mot d'ordre « Padamalgam » est lui-même un appel à l'amalgame, à l'image d'un gribouillage bicolore circulant sur Twitter, dans lequel l'auteur se vante d'avoir représenté, enchevêtré, l'islam d'une ligne et l'islamisme radical de l'autre, comme s'il était impossible de les démêler.
« #JeSuisDanois #JegErDansk Mais attention, #padamalgam L'islam est une religion de paix. Enfin, il paraît », glisse ainsi un autre internaute d'extrême droite, visiblement oublieux du fait que le terrorisme islamiste date des années 1970, plus d'un millénaire après l'apparition de l'islam.
D'une manière générale, ce point de ralliement de l'islamophobie en ligne ne se distingue guère par la demi-mesure. Dans un message tombant dans l'incitation à la haine envers un groupe en raison de son appartenance ethnique ou religieuse, un internaute sur Facebook se félicite ainsi d'être « allergique au Padamalgam 500 » mais que « le Napalmpoureux 1000, ça va ».
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